mardi 31 mars 2020

Dassault-Argenteuil : bulletin Lutte ouvrière du 30 mars 2020







LES TRAVAILLEURS N’ONT PAS À MOURIR POUR LES INDUSTRIELS !


L’épidémie continue de s’étendre. De plus en plus de services de réanimation atteignent leur point de rupture ; le 15 est submergé. Certains Ehpad sont devenus des mouroirs, faisant craindre l’hécatombe. Le personnel soignant nous supplie de respecter le confinement le plus strict. Et à quoi pensent les industriels ? À redémarrer leurs usines au plus vite.
C’est le cas de PSA, Renault, Airbus, Safran qui programment leur montée en charge…Certains se cachent derrière l’alibi de fabriquer quelques respirateurs, la réalité est que ces grands groupes s’ajouteront aux entreprises non vitales, de l’armement aux cosmétiques, qui ne se sont jamais arrêtées. Ils imposeront la remise au travail de milliers de sous-traitants. C’est irresponsable et criminel.
Le rassemblement évangélique de Mulhouse a été le point de bascule de l’épidémie en France. En rouvrant ces usines, le gouvernement et le grand patronat recréent 10, 20, 30 rassemblements du même type, au risque de relancer l’épidémie. Pourquoi ? Pour que les ouvriers continuent de suer des profits pour Dassault ou Peugeot. Et après cela, Macron nous dira que la santé passe avant la recherche des profits !
Depuis le début de l’épidémie, chaque décision gouvernementale est pesée, calculée en fonction des intérêts des capitalistes. Il y a bien un plan d’urgence sanitaire, mais celui-ci ne consiste pas à fabriquer masques, gants, tests, respirateurs et médicaments derrière lesquels courent toujours les personnels de santé après dix semaines de mobilisation. Il ne consiste pas à renforcer et à sécuriser le personnel des Ehpad, ne serait-ce qu’en leur permettant de se tester régulièrement. Il n’organise pas des hébergements pour isoler comme il le faudrait les cas positifs au Covid-19 !
Ce plan de guerre injecte 345 milliards dans l’économie pour assurer la continuité des affaires et rassurer les spéculateurs. Il autorise, au prétexte de l’état d’urgence sanitaire, des semaines de travail de 60 heures et légalise le vol de RTT et de semaines de congés payés à ceux qui sont au chômage technique. Imposer et faire accepter des sacrifices exceptionnels aux travailleurs pour les intérêts de la minorité capitaliste, voilà à quoi servent tous ces discours guerriers !
Comme dans toutes guerres, il y a les troupes, la chair à canon, constituées par les travailleurs : les hospitaliers, les ambulanciers, les auxiliaires de vie, les éboueurs, les salariés de la distribution, de l’entretien, des transports, de l’énergie ou les ouvriers de l’agroalimentaire, de la chimie ou de la pharmacie… qui montent au front au péril de leur vie. De l’autre côté, il y a les profiteurs de guerre, les industriels et les banquiers planqués à l’arrière qui cherchent à exploiter la situation.
Pendant que les uns s’échinent à sauver des vies, les actionnaires sont derrière leurs écrans à l’affût du jackpot boursier. Ils s’activent pour sauver leurs profits avec la peau des travailleurs. Eh bien, il faut résister aux pressions et à l’appel aux sacrifices ! Il faut se battre pour que nos vies et nos intérêts de travailleurs soient respectés.
Des millions d’employés et d’ouvriers, ceux-là même que l’on disait en voie de disparition, sont indispensables à la vie sociale et on leur doit la sécurité maximum. Mais les postiers n’ont pas à risquer leur santé et celle de leur famille pour distribuer des catalogues Damart ou Décathlon. Les manutentionnaires d’Amazon n’ont pas à mettre leur vie en danger pour livrer des chaussures ou des DVD. Et les ouvriers de l’automobile n’ont pas à sacrifier leur peau pour que leur entreprise prenne une longueur d’avance sur ses concurrents !
Macron nous demande du civisme, de la solidarité et des efforts pour la « nation ». Mais par « nation », il entend les actionnaires et la bourgeoisie. Car si le gouvernement a autorisé les entreprises à ne plus payer leurs loyers et leurs impôts, il ne l’a pas fait pour les travailleurs qui ne le peuvent plus. S’il veille à ce que les entreprises ne subissent pas de chute de trésorerie, il a acté la perte de 16 % du salaire net pour des millions de salariés au chômage technique.
Sous couvert d’union nationale dans la lutte contre le coronavirus, l’exploitation et la lutte de classe continuent. Et à côté de la sacro-sainte propriété privée et de la recherche de profits, la vie des travailleurs ne pèse pas lourd.
Alors, il faut que les travailleurs se souviennent des mots d’Anatole France au lendemain de la Première Guerre mondiale : « on croit mourir pour la patrie et on meurt pour des industriels ». Si nous ne voulons pas que cela se reproduise, il va falloir nous battre pour sauver notre peau en contestant tout l’ordre social bourgeois.


Pas de reprise d’activité avec l’épidémie
Contaminé avant la fermeture, un de nos camarades de la tuyauterie est toujours hospitalisé et dans une situation compliquée. Autour de lui, 2 autres travailleurs ont été diagnostiqués positifs.
Au total, la direction reconnaît environ que  150 d’entre nous seraient touchés par le virus sur l’ensemble des établissements.
Trop de risques ont déjà été pris. Le virus ne s’isolera pas tout seul, c’est l’irresponsabilité de la direction qui favorise sa propagation !

Dassault irresponsable ?
La D.G. parle d’environ 150 salariés contaminés dans les différents sites, ce qui est déjà considérable, et démontre le danger  d’être rassemblés à plusieurs dizaines ou centaines dans un même lieu.
Les autorités sanitaires demandent, sur tous les tons, de rester isolé à la maison, en expliquant qu’il s’agit de la meilleure protection.
 Dassault, de son côté, sonne déjà le rappel. Cela ressemble à un coup de poignard dans le dos des soignants.

Pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre
Dans sa volonté de minorer ce danger et son irresponsabilité, la D.G. omet volontairement de comptabiliser tous les prestataires, intérimaires et sous-traitants contaminés ou malades qui travaillent dans ses usines. Le covid 19 ne fait pourtant pas de distinction entre les différents contrats de travail, il infecte tout le monde et chacun participe ainsi de la contamination.
Dassault a besoin du travail de tous, mais ne veut être responsable de rien.

Un compte bancaire dans la tête
Les répercussions de la crise sanitaire dans l’entreprise ont clairement mis en lumière les priorités de la direction générale  aux ordres des actionnaires. C’est : « coûte que coûte assurer la production et le chiffre d’affaire».
Bref, leurs profits passent avant notre sécurité. Ne laissons pas notre destin entre leurs mains.

Plus forts et plus malins
Le 17 mars dernier,  afin d’éviter les risques de contamination, c’est nous qui avons dû imposer la fermeture de l’entreprise en arrêtant le travail.
Cette force collective, nous allons en avoir à nouveau besoin dans l’avenir proche. d’abord, pour ne pas reprendre l’activité avant que l’épidémie ne soit jugulée, et ensuite pour les futurs combats que le patronat et le gouvernement préparent avec les lois déjà votées.


Dassault se prépare, préparons-nous !
Alors que l’épidémie bat son plein, la D.G. tente d’ores et déjà d’organiser  la reprise.
Échaudée par son premier recul devant la grève qui l’a conduite à fermer l’usine elle va tenter d’ y aller prudemment. Elle va nous appeler les uns après les autres ? Afin d’éviter que notre colère ne la force à reculer une nouvelle fois ?
Sa priorité, ce sont ses profits ; la nôtre, c’est notre santé et notre vie. Ça ne se marchande pas !

Dassault bonimenteur
La D.G. met les petits plats dans les grands pour nous présenter les équipements de sécurité qui seraient, parait-il, à notre disposition en cas de reprise.
On peut entendre ou voir à longueur d’antenne des hospitaliers, des soignants des EHPAD, des pharmaciens, des caissières de supermarchés qui souffrent de la pénurie en équipements de protection et Dassault affirme en détenir en nombre pour la production de Rafale et autres jets de luxe.
Il n’a même pas honte de le proclamer.

On n’est pas seuls
Le débrayage du mardi 17 a eu beaucoup d’échos dans d’autres entreprises du coin. Par exemple, à Bezons, il a été suivi d’un débrayage les jours suivants chez PPG. Et même ailleurs, voir des travailleurs refuser collectivement de se faire exposer par des décisions irresponsables de dirigeant a été ressenti comme un encouragement par tous ceux qui ne veulent pas sacrifier leur peau aux profits.
Face aux dangers, c’est notre conscience qui nous protégera et en particulier celle d’appartenir au même camp des travailleurs.

Tous les mêmes : 
Chez Labinal, équipementier aéronautique, près de Toulouse, la direction a décidé la réouverture de l’usine en assurant aux salariés que les conditions de sécurité seraient scrupuleusement respectées … et le patron va jusqu’à consulter les salariés sur « les mesures sanitaire ».
Mais les questions qu’il ne pose pas c’est : « pourquoi maintenir le travail de câblage alors que les personnels de santé nous supplient de rester confinés ? » ; ou « pourquoi utiliser masques, gels, tenues spéciales, pour faire du câblage, alors que ce type de matériel manque dans les hôpitaux, les Ephad, les supermarchés, qui eux sont vitaux pour la société ».
Ce que le patron veut faire admettre en mettant en discussion les « conditions sanitaires », c’est le préalable qui ne souffre pas de discussion : « il faut venir travailler » en oubliant de préciser : pour la santé des profits.

                                                                  N’hésite pas à faire circuler ce bulletin

Réouverture scandaleuse des usines de l’automobile : la réaction de Jean-Pierre Mercier sur France Info

Communication d'Édouard Philippe sur l'épidémie : pas si transparente


Bas les masques !



Le 28 mars, le Premier ministre a longuement pris la parole, assisté par le ministre de la Santé et des spécialistes, affirmant vouloir être complètement transparent sur l'épidémie de covid-19. Mais il n'a pas expliqué dans quelles conditions nombre de soignants sont obligés de travailler pour l'instant, ni pourquoi l'hôpital se trouve dans cet état, pourquoi le nombre de places en réanimation est pour l'instant tout à fait insuffisant.
Le gouvernement se glorifie de commandes pour un milliard de masques. Pourtant, faisant de pauvreté vertu, pendant des semaines il a prétendu que le masque n'était pas si important...
S'il s'est enfin décidé à cet effort, c'est uniquement face aux demandes incessantes des nombreux travailleurs, y compris soignants, qui en manquent cruellement encore aujourd'hui, à cause des mesures d'austérité prises depuis des années.

Argenteuil – agents territoriaux : le bulletin Lutte ouvrière de cette semaine




Les brèves, voir l'Édito ci-dessus sur le bulletin de chez Dassautl-Argenteuil



Première priorité : nous protéger !

Nous sommes entrés dans une période bien particulière qu’aucun d’entre nous n’a jamais connue. Durant celle-ci, la priorité est la santé. La priorité est la santé et donc la protection de chacun.
Bien évidemment, certains services municipaux doivent être maintenus. Certains autres devraient même être créés ou renforcés, au volontariat. Et tout cela dans des conditions de protection maximum.
Il en va de notre santé et celle de nos proches.

Et pourtant, cela ne serait pas compliqué de les produire en quantité

L’arrivée des matériels de protection ne s’est pas fait dans la collectivité dans des conditions qu’exigeait la situation. Ils sont arrivés au compte-goutte quand ils sont arrivés. Certes, ce n’est pas du fait essentiel de la municipalité et de la direction. La responsabilité relève des manques fondamentaux de l’État et du gouvernement, de son imprévoyance, dont toute la politique de santé publique est à revoir.
Il est vrai que pour les défenseurs et serviteurs des classes dominantes, cela passe très loin après la santé des profits de ces dernières.

Un principe

Quand les conditions de sécurité et de protection ne sont pas remplies, il n’y a aucune raison de prendre des risques.
Ce n’est pas seulement notre santé et notre vie qui est en jeu, mais celle de nos proches, et des habitants lorsqu’ils sont obligés de venir à la rencontre des services municipaux.
Le principe « droit de retrait » lorsque l’absence de sécurité s’impose n’est pas un vain principe.

Pas question de prendre le moindre risque

Il est arrivé que l’on nous demande de changer de poste, et parfois loin de notre travail habituel.
Certes pourquoi pas, mais au volontariat, dans la mesure de nos capacités, et sans prendre aucun risque.

Lourde à la détente

Lourde à la détente depuis la montée en puissance de l’épidémie, nombreux sont parmi la hiérarchie, ceux qui ont souvent bien eu du mal à répondre à nos questions.
Il en va pourtant de sa responsabilité.
Cela dit heureusement qu’il y a des militants pour le faire.

Puisqu’ils ont du temps

Le cabinet du maire a bien moins d’activité depuis ces deux dernières semaines.
Ses membres pourraient être spontanément disponibles pour au moins donner un coup de main lorsque cela s’impose.
Ce n’est vraiment pas beaucoup leur demander.

Totalement sur la réserve

La municipalité sait communiquer lorsqu’elle veut nous imposer un certain nombre de choses. Un seul exemple : il y a quelques temps ses courriers sur le devoir de réserve.
Aujourd’hui, elle reste muette alors que nous sommes nombreux à attendre qu’elle nous informe sur la situation de santé du personnel, et sur bien d’autres sujets.

Un cinéma indécent
Macron est allé parader devant les télés à Mulhouse sous la tente du petit hôpital militaire de campagne. Il n'y avait pas encore de malades, mais lui avait droit à un masque.
Devant les caméras, il y a promis « un investissement massif » pour les hôpitaux.
C’est de promesses en promesses qu’on en est arrivé à la catastrophe.

Des mensonges par milliards

Soignants qu'on envoie au front de l'épidémie sans masques, éboueurs qui n'en ont pas, personnel et résidents des Ehpad qui en sont privés…
On nous a d'abord dit que tout le monde n'avait pas besoin de masques. Ensuite, on a annoncé à la télé : « Les masques ont en a », puis : « Ils arrivent ». Maintenant, c'est : « On en a commandé ». Le nombre des masques censés arriver croît de jour en jour : un million, des dizaines, des centaines de millions, un milliard promet  le ministre de la Santé !
Pendant qu’on nous étourdit par ce tourbillon de chiffres, le virus et les victimes se multiplient.

Sois un héros… mais tais-toi !
Au CHU de Nîmes, un haut cadre de la santé a donné pour consigne qu’en cas de décès dû au coronavirus, « il est formellement interdit de communiquer à ce sujet à l’extérieur ».
Même chose à Montpellier où un dirigeant a écrit : « Vous n’êtes pas autorisé à donner des informations aux journalistes ».
Pas de chance pour ceux qui veulent confiner la vérité et la glisser sous le tapis : la catastrophe est bien visible, et les responsables aussi.