vendredi 5 mai 2017

Le Pen à Mélenchon : le nationalisme, un terrain et un terreau pourris


Le Pen cherche des voix chez Mélenchon : le terrain pourri du nationalisme

En vue du deuxième tour, Marine Le Pen cherche très logiquement des voix partout où il s’en trouve, adaptant à chaque fois son discours à l’électorat visé. Ainsi, s’adressant spécifiquement aux électeurs de Mélenchon, Le Pen a souligné leur détestation commune du banquier Macron et fait appel à leur patriotisme.
Et d’ajouter que, dans les meetings de Mélenchon, « les drapeaux rouges ont été remplacés par des drapeaux bleu-blanc-rouge et que de belles Marseillaise ont été entonnées par les partisans de la France insoumise ».
Le premier argument est purement démagogique. Quand il s’est agi de lutter réellement contre la politique de Macron, dans les grèves et les manifestations, le FN condamnait les ouvriers semeurs de troubles. Le Pen déteste peut-être Macron, politicien concurrent, mais est du même camp social que Macron, banquier et homme du patronat. De plus, ne pas vouloir voter Macron ne signifie pas, loin de là, vouloir voter Le Pen.
Le deuxième, en revanche, peut porter. Mélenchon a fait campagne sur le patriotisme, le protectionnisme, l’intérêt national, la France dans le monde, la gloire de l’armée française et même les restes de l’Empire que sont les départements et territoires d’outremer. La France insoumise a le nationalisme en commun non seulement avec Le Pen mais avec tous les partis qui aspirent à servir la bourgeoisie française, à défendre son État, à exalter sa grandeur c’est-à-dire ses profits. Le nationalisme, qu’il soit professé par Mélenchon ou par Le Pen, est la corde pour soumettre les travailleurs aux capitalistes.
Mélenchon tricolore est le digne successeur des partis socialiste et communiste, instruments d’émancipation des travailleurs devenus au fil des décennies porte-parole de la bourgeoisie au sein de la classe ouvrière. Il avait fallu des dizaines d’années, les insurrections du 19e siècle, le travail de deux Internationales, pour séparer ce qui doit l’être, le prolétariat du patronat, le drapeau rouge du drapeau tricolore. Le PS puis le PCF ont détruit cela un siècle durant pour en arriver à fabriquer un Mélenchon qui interdit quasiment le drapeau rouge dans ses meetings. Et pour permettre à une Le Pen de se présenter en défenseur des travailleurs au nom du nationalisme !
S’il reste, et c’est heureux, bien des travailleurs qui ne confondent pas les classes sociales, qui ne marchent pas au sifflet derrière le drapeau tricolore des patrons, qui ne cèdent pas aux sirènes de l’extrême droite, ce n’est pas grâce aux Mélenchon, Laurent, Hamon et autres. C’est malgré eux !

                                                            P.G. (Lutte ouvrière n°2544)



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