dimanche 26 mars 2017

Argenteuil : droit à la santé pour tous ? Des espoirs... et la réalité


Pour un droit à la santé général et gratuit pour tous

 
La dernière « lettre d’information » du maire d’Argenteuil est consacrée à la santé. Elle s’intitule d’une manière quelque peu optimiste et péremptoire : « le 31 mars, une mutuelle pour chaque Argenteuillais ». On nous dit qu’à partir de ce jour-là, l’action entreprise par la Ville« a pour but d’accompagner tous les Argenteuillais dans leur recherche d’une mutuelle. Chacun, gracieusement, sera conseillé par l’association Actiom pour bénéficier d’une protection sociale adaptée… »
         Au vu du recul des remboursements de la Sécurité sociale et des limites de ceux-ci, l’absence d’une mutuelle est effectivement une catastrophe, en cas de graves problèmes de santé et d’hospitalisation en particulier. Ce défaut concernerait plus de 5000 personnes sur la commune.
         Alors on ne peut que se réjouir de cette opération d’information et de conseil, tout en en rappelant les limites.
         La question de l’adhésion à une mutuelle est pour l’essentiel une question de revenu, et sur ce plan, ce « conseil » ne changera rien. C’est d’abord cette question que la société devrait régler. L’information municipale le reconnaît d’une certaine façon lorsqu’elle indique que le but de ce conseil sera d’aider au « Libre choix de la formule selon vos besoins ». Ce ne serait-pas plutôt « selon nos moyens » ?
         L’obligation aux salariés embauchés de disposer d’une mutuelle a entraîné des grandes manœuvres dans le secteur de l’assurance-maladie. L’organisme avec lequel va travailler la municipalité se présente comme une « association d’assurés à but non lucratif, régie par la loi du 1er juillet 1901 ». Certes. Mais aujourd’hui, on est bien loin de la « mutualité » des origines, et dans ce secteur qui draine de gigantesques sommes, le profit des banques et du secteur des assurances n’est jamais loin. Aucune illusion à avoir et à diffuser sur ce plan.
         Il n’y a donc « aucun engagement financier pour votre commune ». On espère tout de même du personnel communal supplémentaire, pour l’action sociale du CCAS en particulier.
         Sur le fond, sur la question de la nécessité d’une vraie « sécurité sociale » qui n’aurait pas besoin de « complémentaires », nous renvoyons à l’article ci-dessous.DM 

Nos positions :

La position de Lutte ouvrière sur la Sécurité sociale 

Sécurité sociale 

Voilà maintenant plus de vingt ans que, sous le prétexte d’un trou de la Sécurité sociale, en réalité pas si important que cela au regard du budget (près de 500 milliards d’euros) et surtout totalement dû à la baisse ou au défaut des cotisations patronales, l’accès des travailleurs aux soins est de plus en plus difficile. Augmentation du forfait hospitalier, déremboursements et moindres remboursements des médicaments, franchises médicales, diminutions des dépenses hospitalières : les difficultés d’accès aux soins sont telles qu’un nombre de plus en plus grand de malades n’ont d’autre choix que d’y renoncer.
Voilà aussi plus de vingt ans que tous les gouvernements s’attaquent à la retraite de la Sécurité sociale, contraignant les salariés à cotiser, et donc à travailler plus longtemps, pour toucher finalement une pension plus réduite.
Et voilà enfin plus de vingt ans que, sous le prétexte de ce déficit de la Sécurité sociale, salariés, retraités et chômeurs paient cet impôt Sécu qu’est la CSG, la contribution sociale généralisée, inventée en 1991 par le ministre socialiste Michel Rocard. Si son taux était initialement de 1,1 %, la droite le fit passer à 2,4 % en 1993 puis à 3,4 % en 1997 et, un an plus tard, le gouvernement du socialiste Jospin le portait à 7,5 %. Faire payer plus en protégeant moins est bien le leitmotiv tant de la droite que de la gauche.
On a entendu et réentendu jusqu’à la nausée que le déficit du budget de la « Sécu » était dû à la hausse du chômage ou au vieillissement de la population. Mais derrière un prétendu bon sens, il y a en réalité un point de vue de classe, celui de la bourgeoisie. C’est elle qui alimente le chômage en supprimant des emplois pour accroître ses profits mais elle veut que ce soit la collectivité qui prenne en charge les pots cassés dont elle est responsable.
Cela ne l’empêche pas, au contraire, de considérer le budget de la Sécurité sociale comme un magot dans lequel elle peut puiser. Les industries pharmaceutiques font une part considérable de leurs bénéfices grâce au budget de la « Sécu », mais pas seulement elles. Il y a aussi les bétonneurs qui construisent les hôpitaux et font des bénéfices avec le budget de la « Sécu ». Ou même les banques qui récupèrent des sommes de plus en plus importantes à travers l’endettement croissant des hôpitaux.
Alors le problème n’est pas de savoir si le budget de la Sécurité sociale est en équilibre ou pas, mais d’imposer que la bourgeoisie paye pour les dégâts sociaux que son système engendre et de l’empêcher de nuire, en l’expropriant.
Plus fondamentalement, il serait normal que le système de Sécurité sociale soit exclusivement financé en prenant sur les revenus de la classe bourgeoise. Toutes les richesses accumulées par cette minorité de riches privilégiés sont le produit du travail et de l’exploitation des classes laborieuses. Que ces richesses servent à garantir la santé et les retraites de ceux qui en sont à l’origine, ce serait la moindre des choses !
 
Prochain article sur Argenteuil, demain : retour sur les Berges...

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