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samedi 24 février 2024

Rino Della Negra, Argenteuil, la mémoire de jeunes engagés et héroïques au-delà de la politique du PCF qu’ils suivirent. Une cérémonie demain matin.


 

Ne serait que pour cette Affiche rouge, entretenir la mémoire de Rino et de ses camarades

C’est pour ces raisons que depuis des années je participe à la cérémonie qui aura lieu demain devant la stèle qui a été érigée à l’initiative des membres du Comité Châteaubriand du quartier, avec le soutien du maire de l’époque Philippe Doucet, avec ma modeste contribution, pour la rédaction du petit texte de la stèle qui ne donne que des références historiques.

         Rino Della Negra avait 21 ans lorsqu’il fut fusillé le 21 février 1944. Son engagement a dû lui paraître naturel et répondre aux sollicitations d’un milieu italien de Mazagran marqué par l’antifascisme et par la politique du PCF des années 1930. À partir de l’été 1941, l’axe de cette politique ne fut pas la préparation de la Révolution qui pouvait suivre l’effondrement de l’hitlérisme. Le PCF s’allia avec De Gaulle et aida autour de ce dernier à la perpétuation de l’État de la bourgeoisie.

         Rino était peut-être loin de tout cela, en tout cas nulle trace de nationalisme dans ses deux dernières lettres qui sont un cri de tendresse à son frère, à sa famille, à son quartier et à tout Argenteuil.

         Je me répète, mais Rino avait 20 ans. L’Affiche rouge des occupants hitlériens aidés de la police française voulait vilipender Rino et tous ses camarades en tant qu’étrangers. Pour toutes ces raisons, ils méritent que le mouvement ouvrier perpétue leur mémoire. Je serai demain samedi à 11 heures à l’angle de la rue des Plantes et de la rue Volembert. Dominique MARIETTE

 

Les prochaines permanences prévues à Argenteuil :

- Aujourd’hui samedi 24 février : de 10 h. à 10 h.30 marché des Coteaux ;

-et de 11 h à midi au marché de la Colonie ;

-10 h.30 à midi, Centre Cl de la cité Joliot-Curie ;

-Dimanche 25 février, de 9 h.30 à 10 h15 devant l’Intermarché du Centre ;

-Lundi 26 février : de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à Saint-Gratien ;

-Mercredi 28 février : de 11 h.30 à midi, marché des Champioux.

 

Toutes les semaines, l’hebdomadaire Lutte ouvrière est aussi en vente à la librairie Le Presse-papier et au Tabac-Presse du mail de la Terrasse du quartier du Val-Nord que nous remercions.

 

Réservez votre billet d’entrée pour notre banquet local qui aura lieu en journée le dimanche 24 mars prochain. Le prix du repas : 17 euros pour les adultes, 8 pour les enfants jusqu’à 14 ans.

 

vendredi 23 février 2024

Groupe Manouchian, Rino Della Negra, défense de leur engagement et de leur héroïsme, regret pour la politique du PCF d’alors qu’ils ont suivie. Un texte de février 1944 de nos ancêtres politiques, du militant trotkyste Barta

J’évoquerai demain matin la cérémonie qui comme chaque année a lieu devant la stèle à la mémoire de Rino Della Negra, enfant du quartier Mazagran, fusillé aux côtés de ses camarades du réseau MOI-FTP le 21 février 1944. J’assiste pratiquement chaque année à cette cérémonie sans en partager les discours qui sont souvent loin de mes convictions. Je le fais à la mémoire de ces hommes, engagés, déterminés et héroïques qui auraient pu aussi se battre dans le cadre d’une autre politique. À leur mémoire et pour l’éducation de la jeune génération qui, nous en sommes sûr, rejoindra le combat de la 4ème Internationale, celui des États-Unis socialiste d’Europe et de la grande République socialiste universelle, ci-dessous le texte d’un des fondateurs de l’Union Communiste Internationaliste, l’ancêtre de Lutte ouvrière. Un texte exceptionnel qui pose le problème évoqué dans le titre de cette brève : défense de leur engagement et de leur héroïsme, regret pour la politique du PCF d’alors qu’ils ont suivie. Texte qui paraît dans le numéro 2899 de notre hebdomadaire Lutte ouvrière. DM

 


Défense des terroristes

23 Février 1944

Vingt-quatre « terroristes » sélectionnés viennent d’être livrés à la publicité par la Gestapo, pour dégoûter de l’armée clandestine, qui lutte contre l’impérialisme allemand, la « bonne société » et les petits bourgeois conformistes.

Regardez-les, disent les scribes de la Gestapo, ces faces « rusées et cruelles » de Juifs, de Polonais, d’Italiens, d’Espagnols communistes : ces gens prétendent juger du destin de la France ! Certes, d’après les prostitués de la presse bourgeoise, ce sont les Doriot et les Goering, aux faces bouffies, et tous les engraissés du régime de terreur bourgeois qui doivent décider du sort de la France...

Regardons-les bien, travailleurs : ces visages que le photographe et les commentaires des affiches veulent nous empêcher de voir sont des visages d’opprimés, des visages de travailleurs : ils sont notre propre visage. Comment ces têtes d’opprimés et d’exploités de plusieurs pays, qui luttent à mort contre le régime capitaliste d’exploitation et de misère, ne feraient-elles pas écumer de rage les bourgeois gavés au marché noir et vautrés dans les bras de prostituées qu’ils entretiennent avec le sang et la sueur des ouvriers ?

Regardons-les bien, camarades, ces têtes énergiques de jeunes qui bravent à leur « procès » les canailles galonnées chargées de les faire fusiller : leur courage doit servir d’exemple à tous les jeunes, à notre époque de guerres impérialistes et de guerres civiles.

« Ils ont des dizaines de crimes sur la conscience », profèrent leurs bourreaux, experts dans l’assassinat de milliers d’hommes en un seul jour, en une seule bataille… « Ils ont suivi l’école du crime », clament les professeurs qui enseignent l’« art » de la tuerie à des milliers de jeunes de 16 ans arrachés à leurs familles contre leur gré… « Ils ne sont pas la France », affirment les tortionnaires du peuple français qui n’ont pas assez de leur Milice, de leur police, de leur Garde mobile, des bandes fascistes et des troupes d’occupation spéciales pour venir à bout des dizaines de milliers de réfractaires à la déportation et au travail pour la guerre impérialiste, et qui se gardent bien de publier les listes des jeunes gens qu’ils abattent par dizaines tous les jours.

« Ce sont des bandits », écrivent les journaux à solde, en exposant certains cas particulièrement suspects. Mais si l’activité de véritables bandits, parmi lesquels il ne faut pas oublier des bandits de la Milice, de Doriot et de Déat, se poursuit impunément, n’est-ce pas là le résultat de l’anarchie croissante dans laquelle le capitalisme et la guerre ont jeté la société ?

La classe ouvrière est résolument pour ceux qui ont pris les armes contre les bourreaux français et allemands qui martyrisent les peuples ; elle accueille avec mépris les manœuvres de diversion de la bourgeoisie. Mais la classe ouvrière est inquiète ; elle ne comprend pas pourquoi des militants qui autrefois combattaient sans compromis la bourgeoisie de tous les pays, mènent actuellement leur lutte sous le drapeau tricolore et au bénéfice des armées de Washington, de Londres et d’Alger. Les ouvriers savent qu’ils n’ont rien à attendre d’une victoire d’armées capitalistes qui ne feraient que relever les armées allemandes dans leur rôle de gardes-chiourme pour maintenir le capitalisme. Ils savent que Roosevelt en Amérique et Churchill en Angleterre prennent contre la classe ouvrière les mêmes mesures que Hitler en Allemagne.

Le prolétariat cherche des militants et un parti qui luttent directement pour ses intérêts, pour son relèvement économique et culturel, pour ses conquêtes de juin 1936, conquêtes qui sont également odieuses pour tout gouvernement capitaliste, totalitaire ou parlementaire, et qui rencontreraient la même résistance de sa part.

Servir la classe ouvrière, c’est lutter pour les États-Unis socialistes d’Europe, pour la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, pour le socialisme. Lutter pour le triomphe de soi-disant démocraties sur le fascisme, c’est renouveler la trahison de 1914, quand les partis socialistes de l’Entente se mirent du côté de leur bourgeoisie sous prétexte de vaincre le militarisme.

De même que la grande majorité des ouvriers socialistes comprirent la trahison de leurs chefs et passèrent à la IIIe Internationale de Lénine et de Trotsky pour accomplir leur devoir de classe, de même la grande majorité des ouvriers communistes doit cesser de s’accrocher aux restes pourris de ce qui fut autrefois la IIIe Internationale pour lutter avec les militants de la IVe Internationale, parti mondial de la révolution socialiste.

Les militants combattants du PC restés fidèles à leur classe doivent se convaincre que le réveil de la classe ouvrière, par l’activité croissante de ses éléments les plus avancés et l’assaut de celle-ci contre le régime capitaliste, n’ont rien de commun avec la lutte sous le commandement des officiers réactionnaires de De Gaulle.

La IVe Internationale appelle les meilleurs militants de la classe ouvrière à serrer leurs rangs autour du drapeau rouge communiste, qui triomphera envers et contre tous de la barbarie capitaliste et de la guerre !

                                                       Lutte de classe Février 1944

 

vendredi 12 mai 2023

Insurrection du ghetto de Varsovie. Avril 1943 : les insurgés du ghetto de Varsovie choisissent de mourir debout

Avril 1943 : les insurgés du ghetto de Varsovie choisissent de mourir debout

10 Mai 2023

Varsovie, 19 avril 1943 : 700 jeunes combattants font reculer les SS entrés dans le ghetto juif pour en finir avec ceux qu’ils considèrent comme des sous-hommes. Le commandant de l’opération n’ose pas l’annoncer à Hitler, tant cette première insurrection de la guerre lui paraît inattendue et incroyable.

En 1943, il ne restait à ces insurgés de Varsovie d’autre choix que de subir la barbarie nazie ou de mourir en combattant. D’autres insurrections allaient suivre la même année, dans le ghetto de Bialystok et dans les camps d’extermination de Treblinka et de Sobibor.

Les grandes puissances dites démocratiques étaient entrées en guerre contre l’Allemagne pour défendre leurs intérêts impérialistes et non pour des considérations humanitaires. La Deuxième Guerre mondiale renvoyait toute l’humanité au fond de la barbarie. Pour les Juifs et les Tziganes, c’était le retour au Moyen-Âge, avant l’extermination. Ce n’est cependant pas ce qui intéressait les alliés occidentaux qui, informés dès 1942 du génocide en cours, n’allaitent rien tenter pour l’arrêter.

Dès 1940, à Varsovie, la population juive avait été enfermée dans un ghetto. Au fil de la guerre, plus de 430 000 Juifs durent s’y entasser et les plus pauvres survivaient dans les caves, les escaliers, les cours, n’importe où. Il n’y avait pas assez à manger pour survivre. Les maladies, la misère et la violence engendrés par la situation achevaient ce que la faim avait commencé. Le ghetto devenait un mouroir où chacun pouvait voir son propre avenir en croisant dans la rue le cadavre d’un enfant ou d’un vieillard morts dans la nuit. Les exactions et le sadisme de la soldatesque faisaient le reste.

L’antisémitisme répandu par l’Église catholique polonaise, entre autres, contribuait à diviser et à empêcher la conscience d’un sort commun de part et d’autre des murs. Mais le pire fut de faire gérer le ghetto par un « conseil juif » pour assujettir la population, le Judenrat, disposant d’une police juive de quelque 2 000 hommes chargée de faire régner l’ordre, l’ordre bourgeois et l’ordre nazi. La vie du ghetto reproduisit celle de l’extérieur en plus caricatural et plus misérable. Les notables, les riches, les truands purent se convaincre qu’en payant, ils protégeaient leur vie et celle de leur famille. Ceux-là trafiquaient pour leur propre compte, espérant survivre aux dépens des autres. Les mesures les plus infâmes et jusqu’aux déportations furent ainsi assumées et appliquées par le conseil juif qui se justifiait, comme le font toujours ceux qui s’accrochent à l’ordre établi, par un : « Ce serait pire sans nous ». Des dizaines de milliers de Juifs moururent ainsi, éliminés par l’inégalité sociale, la faim et les maladies avant que n’arrive le pire.

En décembre 1941, les hauts dirigeants nazis, lors de la conférence de Wannsee, planifièrent l’extermination totale des Juifs d’Europe, la « solution finale ». La déportation des Juifs du ghetto de Varsovie vers Treblinka commença en juillet 1942. Le président du Judenrat sut alors que c’était la fin, mais n’en dit rien et se suicida. Les premières personnes envoyées à la mort furent d’abord sélectionnées par les policiers juifs parmi les plus faibles, les plus pauvres, les plus isolées. Au total, en trois mois, 310 000 juifs furent déportés à Treblinka, y compris des policiers juifs qui avaient cru avoir un passe-droit. Les neuf dixièmes de la population du ghetto disparurent.

Dès la création du ghetto, des militants des organisations juives, socialistes, sionistes, avaient tenté d’y faire exister une vie collective : des cantines pour les affamés, des écoles secrètes pour les enfants, des tracts et des journaux clandestins. Certains voulaient avertir du danger et préparer le combat, mais ils se heurtaient au refus d’admettre que la mort était certaine pour tous. À la fin de l’été 1942, ces militants formèrent ensemble l’Organisation juive de combat et s’armèrent, en évoquant pour la première fois l’idée d’une insurrection. Leur premier acte de résistance armée fut l’assassinat du chef de la police juive.

En janvier 1943, il ne restait que 40 000 personnes terrées dans les sous-sols. Le 18 janvier eut lieu le premier affrontement armé entre l’Organisation juive de combat et un groupe de SS. Attaqués à plusieurs angles de rues, ils durent se retirer du ghetto. Le bruit de l’exploit incroyable se répandit au point que la résistance polonaise augmenta ses livraisons d’armes à l’organisation juive.

Le 19 avril au matin, les régiments nazis entraient dans le ghetto pour en finir, sans imaginer qu’ils allaient devoir affronter ces jeunes Juifs, affamés, affaiblis par les privations et l’horreur du quotidien, mais prêts au combat. Armés de cocktails Molotov, de quelques grenades, de pistolets et parfois de munitions, mais surtout de la rage de vouloir faire savoir au monde ce qui se passait, ayant mis fin aux espoirs vains de compromis et rompu avec leurs peurs, ils allaient tenir en échec l’armée allemande durant trois semaines. La population restée dans la ghetto refusait de se rendre et préférait périr en se jetant des immeubles en feu. Tous avaient désormais décidé de mourir debout plutôt que de céder.

Le 1er Mai fut fêté à l’intérieur du ghetto insurgé et l’Internationale résonna une dernière fois. C’est avec des tanks, des canons, des lance-flammes que le ghetto finit par être anéanti le 10 mai. Seuls quelques rescapés purent s’enfuir par les égouts.

Les insurgés du ghetto de Varsovie qui ont choisi de mourir en combattant pour la dignité forcent notre respect. Mais on ne peut leur rendre hommage sans se souvenir que le sort des Juifs de Varsovie et de toute l’Europe ne s’est pas joué en avril 1943. Il s’est joué bien avant, quand il était encore possible de combattre le nazisme et de s’opposer à la marche à la guerre. À ce moment-là, les partis socialistes en Europe, dont le Bund en Pologne, avaient fait croire que le respect de la légalité bourgeoise pouvait protéger du fascisme. C’était désarmer les opprimés en cachant que le nazisme signifiait une politique d’anéantissement des organisations de la classe ouvrière, avec comme corollaire probable la destruction physique des Juifs. Les trahisons de l’Internationale communiste n’étaient pas moindres, car sa politique, imposée par Staline, avait abouti à la tragédie d’une défaite sans combat pour le prolétariat allemand en 1933, puis à l’échec de toutes les révolutions qui auraient pu arrêter la marche à la guerre. Le mouvement ouvrier international s’en était trouvé profondément démoralisé.

80 ans plus tard, on ne peut penser aux combattants de Varsovie sans penser à l’avenir rempli de nouvelles horreurs que réserve à l’humanité le système capitaliste en crise. Une chose est sûre : il faut avoir conscience que ce système fauteur de guerre n’offre que deux voies possibles à l’humanité, le socialisme ou la barbarie. Sans quoi on ne peut qu’être de nouveau désarmé.

                                             Marion AJAR (Lutte ouvrière n°2858)