mardi 1 octobre 2019

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du lundi 30 septembre 2019


Lubrizol : quand les capitalistes jouent avec nos vies



Depuis jeudi, les médias enchainent les éditions spéciales pour rendre hommage à Chirac. Leur fascination pour les hommes de pouvoir a fait passer le reste de l’actualité au second plan, y compris l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen.
Il est encore trop tôt pour connaître toutes les conséquences de cet accident chimique sur la santé publique et l’environnement. Rappelons-nous qu’il a fallu trois mois pour réaliser que l’incendie de Notre Dame de Paris avait engendré une pollution au plomb dangereuse pour les riverains, les enfants en particulier.
Mais comme toujours, les autorités minimisent les risques. Pendant l’incendie, le préfet, le maire de Rouen et pas moins de quatre ministres se sont relayés pour rassurer la population.
Tout en expliquant que les fumées n’étaient pas toxiques, ils ont fait fermer les écoles d’une douzaine de communes pendant trois jours. Ils ont demandé aux agriculteurs de suspendre leurs récoltes et à la population de rester confinée. Il y a eu des problèmes respiratoires et des maux de tête. La Seine a été polluée. La suie a recouvert jardins, maisons, champs et animaux. Alors, on comprend l’angoisse des habitants. Et cet énième accident a de quoi tous nous inquiéter.
L’usine Lubrizol, bien que située à 3 km du centre-ville et entourée d’habitations, était répertoriée Seveso « seuil haut ». Elle était donc censée faire l’objet d’une surveillance renforcée et elle s’est avérée être une véritable poudrière.
Il y a en France 705 sites industriels et chimiques classés à ce niveau de dangerosité, eh bien ce sont 705 AZF en puissance ! Car sur le fond, rien n’a changé depuis 2001 et l’explosion de l’usine AZF à Toulouse qui avait fait 31 morts et 2500 blessés.
On sait désormais qu’AZF, la filiale de Total, a explosé suite à une série de négligences. L’explosion a été provoquée par le dépôt accidentel du contenu d'une benne de déchets à un endroit qu’il ne fallait pas. Elle s’explique par le manque de contrôle, de formation et de personnel qui est censé tout faire de plus en plus vite. Toutes choses que l’on peut constater dans nombre d’entreprises aujourd'hui.
Ces usines font courir des risques insensés aux travailleurs et à la population parce que la recherche de profits finit toujours par prendre le pas sur la sécurité.
Les pouvoirs publics forcent-ils les entreprises à être plus transparentes ? Donnent-ils les possibilités légales aux travailleurs de signaler les manquements ? Lèvent-ils le secret industriel ? Pas du tout ! Lorsqu’un incident survient, les responsables politiques, voire la justice, sont toujours très compréhensifs.
L’usine Lubrizol n’en était pas à son premier accident. En 2013, cette usine, qui appartient à un groupe financier propriété du multimilliardaire Warren Buffet, a été à l’origine d’une émission d’un nuage de gaz malodorant senti jusqu’en région parisienne et au sud de l’Angleterre. Elle fut alors condamnée à 4000 euros d’amende pour négligence… Un voleur de scooter pourrait être plus lourdement condamné !
Deux ans plus tard, elle a déversé plusieurs milliers de litres d’huiles dans le réseau d’évacuation des eaux pluviales. Eh bien, cela ne l’a pas empêché de décrocher en 2019 une autorisation d’extension de ses activités !
Du scandale de l’amiante au Dieselgate, en passant par le Mediator des laboratoires Servier et la Dépakine de Sanofi, nous savons que le grand patronat n’a aucun scrupule à prendre le risque de nous empoisonner, du moment que les profits sont là. Et comme l’affaire du Mediator en témoigne, cela se fait souvent avec la complicité des autorités et de ceux censés contrôler industriels et laboratoires.
Alors oui, il y a de quoi se méfier des pouvoirs publics comme du grand patronat. Ils sont tous liés les uns aux autres. Ils sont tous ô combien respectueux des intérêts des grands trusts et de leur image, la planète dût-elle en crever !
Aujourd'hui à Rouen, des habitants et des associations s’organisent pour demander des comptes et ils ont raison. Mais là encore, c’est l’action organisée et collective des travailleurs qui sera décisive.
Notre société utilise la chimie, le gaz, le pétrole, l’énergie nucléaire. Mais ces activités dangereuses ne doivent pas être soumises au profit privé. Les salariés de ces entreprises sont capables de les contrôler et de les dénoncer en association avec la population qui s’en préoccupe et se mobilise.
Oui, en plus de lutter contre le grand patronat pour leurs salaires et leurs conditions de travail, les travailleurs ont à combattre l’irresponsabilité de tout un système qui nous menace en permanence.  

Ford : licenciements, mais des subventions publiques non récupérées


Les élus de Bordeaux Métropole à plat ventre devant Ford



Les collectivités de Bordeaux Métropole ont passé un accord avec Ford Aquitaine Industries qui vient de fermer son usine de Blanquefort. Elles ont accepté de renoncer au remboursement de 50 millions d’aides publiques empochées par Ford entre 2013 et 2018. En échange, pour solde de tout compte, Ford s’engage à verser 18 millions d’euros pour la réhabilitation du site.
Les élus versent donc à Ford une prime de licencieur de 32 millions d’argent public, alors que ce serait à lui de payer aux près de 900 travailleurs du site, plus 2000 emplois induits, les dégâts occasionnés par la fermeture.
C’est ce que le représentant de Bordeaux Métropole appelle « une sortie honorable et acceptable ».  Le mot "honneur" est à réserver à ceux qui se battent contre l’inacceptable, les travailleurs de Ford et ceux qui les soutiennent. Le contraire des larbins de Bordeaux Métropole.

Pénurie de médicaments : la santé malade du profit. Un article de notre hebdomadaire de cette semaine


Pénurie de médicaments : la santé malade du profit

25 Septembre 2019

Édouard Philippe a reçu, jeudi 19 septembre, les représentants des laboratoires pharmaceutiques, « afin de les engager à prendre des mesures contre les pénuries de médicaments ».
Ces pénuries sont en effet devenues chroniques, au point de devenir un véritable problème de santé publique. Alors que 44 pénuries avaient été signalées en 2008, il y en a eu 868 en 2018, et l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) prévoit qu’en 2019 elles pourraient concerner 1 200 médicaments aussi indispensables que des vaccins, des antibiotiques, des antiparkinsoniens, des anticancéreux…
Ces pénuries sont la conséquence des pratiques des industriels du secteur pharmaceutique. Comme n’importe quels groupes capitalistes, les laboratoires cherchent par tous les moyens à augmenter leurs profits, en diminuant le plus possible les coûts, en limitant les stocks. Par souci de rentabilité, certains médicaments sont produits par une seule usine dans le monde, avec le risque que le moindre problème de production ou de transport entraîne une pénurie. Les laboratoires peuvent aussi décider d’arrêter la production d’un médicament qui ne leur rapporte pas assez, mettant ainsi en danger la vie des malades.
À l’issue de la réunion avec les industriels, le gouvernement a annoncé qu’il voulait imposer aux entreprises de constituer entre deux et quatre mois de stocks pour les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur. Il prévoirait aussi des sanctions financières pour les laboratoires n’ayant pas prévenu suffisamment à l’avance l’ANSM d’une pénurie, ou ne proposant pas de solutions alternatives.
Ces sanctions n’ont pas encore été fixées et il faudra attendre début octobre pour en savoir davantage. Mais on peut douter de la réelle volonté du gouvernement de s’en prendre aux géants de l’industrie pharmaceutique, quand on voit qu’il a confié le soin de réfléchir à des solutions concrètes à un prétendu expert, Jacques Biot, qui a fait toute sa carrière comme dirigeant et lobbyiste de ces entreprises. Il est vrai qu’on n’est jamais aussi bien servi que par les siens.

                                          Hélène COMTE (Lutte ouvrière n°2669)

Chiens d’avalanches et de secours en montagne, leurs maîtres obligés à faire la manche


Pour une poignée d’euros



L’association des maîtres-chiens d’avalanche de l’Isère vient de lancer une souscription en ligne afin d’acheter le matériel qui leur est nécessaire pour intervenir en montagne et sauver des vies. Les subventions de l’Etat sont insuffisantes et les maîtres-chiens doivent trouver… 5 000 euros ! C’est une somme bien mince, à comparer aux bénéfices que peuvent engranger les stations de skis, alors qu’une grande partie des accidents sont en hors-piste autour de ces stations.
     Jusqu’au dernier endroit perdu de montagne, la loi du marché s’applique : les fortunes sont privées, mais ce qui ne rapporte pas d’argent est public ou… confié à la charité.

Conseil municipal d’Argenteuil et affaire Jean Vilar : Georges Mothron décide une suspension du processus


« Une mise entre parenthèses », certes provisoire, mais qui ne peut que satisfaire les opposants que nous sommes

 
A l'appel du Comité Jean Vilar



Comme tout le laissait à prévoir depuis plusieurs mois, la municipalité n’a pas envie que la question de la défense du complexe municipal jean Vilar et de la sauvegarde de L’Île Héloïse vienne perturber une campagne électorale des prochaines municipales qui s’annonce très difficile pour elle. Certes, le préfet du Val d’Oise, en infirmant dernièrement les conclusions très défavorables du commissaire enquêteur, lui a compliqué la tâche. Mais elle vient de trouver la parade. C’est bien ce que nous disions, elle va mettre entre parenthèse le sujet dans les mois qui viennent, et on peut imaginer, jusqu’aux élections municipales.
         C’est ce que le maire d’Argenteuil a annoncé hier au soir dans son intervention préliminaire au conseil municipal.
         Bien évidemment, il a fallu qu’il justifie ce qui ne peut apparaître tout de même que comme une reculade.
         D’abord, il a indiqué qu’il n’était « ni sourd  ni aveugle », ce que nous sommes contents d’apprendre à propos de son état de santé. Il décide donc « un sursis à statuer » et repousse la délivrance d’un permis de construire, ce que lui permettait pourtant la décision préfectorale. Il s’engage à organiser une consultation publique, à l’aide d’un cabinet « indépendant » (comme de bien entendu !). Il s’agira d’opérer un sondage sur la transformation de la Ville et bien sûr sur le projet Cap Héloïse… Ce que sera ce dernier, mystère et boule de gomme !
         En tout cas, tout ce qui allonge les délais est une victoire pour les opposants à ce projet sans queue ni tête. Ce dernier devait être achevé en 2019. Nous pouvons constater le résultat de notre mobilisation.
         De nouveaux obstacles certes nous attendent. Mais avec la population informée et mobilisée, tous les espoirs sont permis. D’autant plus que l’affaire Jean Vilar, très révélatrice des manières de ce types d’édiles, sera au cœur de la campagne électorale qui s’annonce. DM

(Demain, une brève sur l’étonnante attitude de l’ancien maire d’Argenteuil lors de ce conseil, sur ce sujet)