lundi 27 juin 2016

Argenteuil : chronique d'avant conseil municipal


On discute certes, mais c’est comme l’iceberg, on ne voit que le haut

 
Nous reviendrons sur le conseil municipal de demain soir mardi, 19 heures.

         Ce genre de réunion devrait être l’occasion de mettre sur la table et de décider tel ou tel investissement, en particulier lorsqu’il engage de grosses sommes. On peut s’étonner ainsi qu’un projet important engageant plusieurs millions d’euros concernant le changement des ampoules actuelles de l’éclairage public contre des ampoules basse consommation dont la municipalité faisait dans la presse ses gorges chaudes ne soit ni discuté ni décidé dans ce genre d’assemblée. Est-ce une priorité ? N’y avait-il pas mieux à faire pour l’utilisation de ces millions ? On n’en saura rien puisque le sujet n’est pas à l’ordre du jour.

         Sur un plan identique, on espère que le maire d’Argenteuil donnera à l’occasion de ce conseil l’état d’avancement de son projet « Jean Vilar ». D’un côté, il nous dit que ce n’est encore que dans « sa tête » et de l’autre il indique que le projet avance. On espère mais nous n’y croyons guère. Nous comptons surtout sur la population pour aller chercher les informations sur un projet qui la concerne directement.
 

Une très lourde charge dans les budgets

 
Un point de l’ordre du jour concerne les « activités périscolaires et extrascolaires » et leurs tarifs au 1er septembre prochain. Ce ne sera pas facile de s’y retrouver, et il faudra voir quelle famille voit sa facture diminuer et laquelle la voit augmenter. Une chose est sûre gare à celles qui oublieront d’ « excuser » l’absence de leur enfant. Non seulement elles devront payer mais payer le prix fort, c’est-à-dire le tarif non subventionné par la commune. Si nous comprenons bien, le double voire bien davantage pour une prestation. Ce ne serait pas une amende déguisée cela par hasard ?

         Et pourquoi faudrait-il payer la cantine, l’étude, et le centre de loisirs ? L’école est obligatoire, la restauration qui lui est liée devrait l’être également, en premier lieu.

         Les parents paient de multiples impôts, la TVA en premier lieu, mais aussi les impôts sur le revenu, locaux, etc. Alors pourquoi les faire payer davantage ?

         Cela demande une autre organisation sociale ? Certes.

Notre-Dame-des Landes : Vinci premier gagnant


La « victoire » du « oui »

 

Selon l’Obs :  « Ce sont 967.500 électeurs de Loire-Atlantique qui devaient à dire "oui" ou "non" au projet de transfert de l'aéroport Nantes Atlantique à Notre-Dame-des-Landes. "Etes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ?" : telle était la question. Le taux de participation a atteint 51%. 

Selon des résultats définitifs transmis par la préfecture de Loire-Atlantique, le "oui" l'emporte avec 55,17% des voix. Le résultat était extrêmement serré à Nantes, où le "oui" l'a emporté avec 100 voix d'écart. 

A Notre-Dame-des-Landes, où le taux de participation a atteint 75,04%, les électeurs ont massivement voté pour le "non", avec 73,57%, contre 26,43% pour le oui. »

 

Un article d’avant ce vote extrait de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine

 

Notre-Dame-des-Landes : Vinci gagnant à tout coup

 

Le 26 juin, à l’initiative du gouvernement, les électeurs de Loire-Atlantique auront à se prononcer par référendum à propos du nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ils pourront répondre par oui ou par non à la question : « Souhaitez-vous le transfert de l’aéroport Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? »

Ce référendum n’est qu’une réponse en trompe-l’œil à tous les opposants à ce projet. De nombreuses associations ont d’ailleurs tenté, par des recours en justice, de le faire annuler en pointant toutes ses ambiguïtés liées à ses modalités et à la question posée. Alors que le projet initial prévoyait deux pistes d’atterrissage, il a été récemment reconnu comme largement surdimensionné par des experts gouvernementaux. Or, il n’est fait aucune mention du nombre de pistes dans la question. De même, pourquoi ne faire voter que les habitants de Loire-Atlantique alors qu’il s’agit d’un aéroport régional ? Enfin, la notion de transfert est une tromperie car il est prévu que le site de l’aéroport actuel soit maintenu.

Mais plus fondamentalement, ce référendum est un leurre. Bien sûr, tous ceux qui veulent s’opposer à cet aéroport inutile pour la population et qui n’a d’intérêt que pour des actionnaires de Vinci, pourront le dire en votant non. D’autant plus que beaucoup veulent aussi en profiter pour dire plus généralement à Hollande comme au Medef qu’il y en a assez des cadeaux sans fin aux plus gros capitalistes. Mais même si le non l’emporte, rien n’obligera le gouvernement à renoncer.

Pourtant, cette affaire n’a cessé de soulever un mécontentement grandissant dans la région. Tout d’abord bien sûr parmi ceux qui sont menacés d’expulsion. Mais beaucoup sont aussi conscients que ce projet était avant tout une affaire de gros sous négociée par la région et l’État au bénéfice d’industriels du bâtiment, dont le premier servi est Vinci.

En effet, si l’actuel aéroport, situé à Bouguenais, devrait être sous peu saturé, au fil des débats, il est de plus en plus évident que la croissance du trafic aérien pouvait être absorbée à moindre coût par l’amélioration des infrastructures existantes. Au point qu’un des derniers arguments utilisés par les pro-aéroports est que l’abandon du projet coûterait plus cher que sa réalisation… à cause des pénalités dues à Vinci en cas de renoncement au projet !

Autrement dit, que cet aéroport voie le jour ou pas, tout est fait pour que Vinci en sorte gagnant. Soit en faisant des bénéfices considérables en tant que constructeur, puis en tant que gestionnaire des infrastructures à venir, soit en touchant des compensations pharaoniques.

Correspondant LO

Lafarge et Daech : les affaires sont les affaires


Lafarge et Daech : les affaires sont les affaires
La presse vient de révéler que le groupe français Lafarge, numéro un mondial du ciment, avait fait fonctionner une cimenterie en plein territoire syrien contrôlé par Daech, entre 2013 et 2014.
          Pour cela, Lafarge aurait négocié avec les dirigeants djihadistes pour acheter des matières premières nécessaires au fonctionnement de son usine et permettre à ses camions de se déplacer pour vendre son ciment.
           En 2007, Lafarge avait acheté à un industriel égyptien cette cimenterie pour 600 millions d’euros, ce qui représenterait le plus gros investissement étranger en Syrie hors secteur pétrolier. On comprend pourquoi, une fois la guerre civile enclenchée, le trust français a tenu à faire tourner son usine coûte que coûte. Au fil de l’évolution des rapports de force et du front militaire, la zone où se trouve la cimenterie a été tour à tour sous contrôle de l’armée syrienne d’Assad, puis sous celui des milices kurdes, puis à partir de 2013… sous celui de Daech.
            Pour entrer en relation avec ces derniers maîtres de la région, Lafarge a eu recours à des intermédiaires mi-mercenaires, mi-hommes d’affaires. Mais si une chose caractérise de tels groupes implantés partout sur la planète, c’est qu’ils savent faire des affaires avec tout le monde. Si l’argent n’a pas d’odeur, le profit a, lui, l’odeur de l’exploitation, de la corruption et des passe-droits.
            Mais si Lafarge a su s’adapter à Daech, Daech a aussi su s’adapter à Lafarge. Ainsi les journalistes qui ont révélé l’affaire ont publié les extraits d’un laissez-passer qu’un chauffeur de Lafarge devait présenter aux check-points de Daech. Il ordonnait aux « frères combattants de laisser passer ce véhicule aux checkpoints – qui transporte – du ciment de l’usine Lafarge après un accord passé avec l’usine pour le commerce de ce matériau ».
            Aujourd’hui, après le reflux des milices islamistes, la cimenterie serait occupée par des forces spéciales françaises et américaines… toujours avec l’accord de Lafarge. Car il y a un principe sur lequel les armées impérialistes et les milices réactionnaires sont d’accord : le respect de la propriété privée capitaliste.
                                          Pierre ROYAN (Lutte ouvrière n°2499)
 

dimanche 26 juin 2016

Argenteuil : garde d'enfant, toujours un casse-tête pour de nombreux parents



« Job » ? Pas un job, mais un véritable travail

Hier matin, la municipalité d’Argenteuil organisait une opération « job dating » visant à mettre en contact des parents cherchant à faire garder leur enfant et des assistantes maternelles agréées. Selon les services municipaux, sur les 1 300 demandes annuelles de places en crèche sur la Ville, 845 seulement peuvent être pourvues actuellement, et 40 % des 626 assistantes maternelles agréées du territoire sont actuellement disponibles.
         Bien évidemment, on ne peut que regretter ces chiffres, et la nécessité de surmonter cette situation est évidente.
         Nous ne reviendrons pas ici sur la politique de la municipalité à l’encontre des crèches municipales et la manière dont elle malmène actuellement les agents municipaux de celles-ci, ni sur le débat « crèches – garde par des travailleuses agréées chez elles ».
         Nous nous sommes rendus sur place pour voir de visu la façon dont cette matinée « Bébé job » était organisée. Il était tôt, il n’y avait pas encore de parents, et cela faisait bizarre ces doubles rangs de femmes « étiquetées » attendant ces parents, aux quatre coins de notre « belle » et « utile » salle jean Vilar (!). C’était l’édition zéro, et, dans ce cas, il faut trouver ses marques, soit…
         Mais la forme du « job dating » où l’on doit « accrocher » son employeur potentiel en quelques minutes, est-elle la plus pertinente ?
         En tout cas, d’une façon ou d’une autre, il faut régler la difficulté pour les parents de faire « garder » leurs enfants dans les meilleures conditions éducatives, d’encadrement, et d’apprentissage, même pour les bébés, des premiers rudiments de la vie sociale et collective.
         Les moyens potentiels pour y parvenir existent. Ils existent, il est vrai, bien au-delà des seules ressources, elles, limitées, des communes et des collectivités locales.

Valls - Jules Moch 1948 : Valls a de qui tenir



Jules Moch 1948 : Valls a de qui tenir

Valls a menacé d’interdire les manifestations à venir contre la loi travail. Comme dirigeant soi-disant socialiste prêt à réprimer les manifestations ouvrières, il peut faire valoir des références parmi ses prédécesseurs, à commencer par le ministre de l’Intérieur « socialiste » Jules Moch.
         Dans les années de l’après Deuxième Guerre mondiale, tous les efforts imposés à la classe ouvrière au nom de la reconstruction, le maintien du rationnement et l’inflation aboutirent à une explosion du mécontentement.
         L’année 1947 fut d’abord marquée par une grève massive à l’usine Renault de Billancourt au printemps, puis par une vague de grèves spontanées durant l’été dans plusieurs villes de province. En novembre, une grève de la métallurgie toucha des dizaines de milliers de travailleurs dans la région de Marseille. Dans la foulée, la CGT, dont la direction était contrôlée par le PCF, lança un appel dans la métallurgie à l’échelle du pays. Des grèves furent aussi déclenchées dans le bassin minier du nord de la France.
         Le PCF, qui avait été forcé de quitter le gouvernement quelques mois plus tôt, espérait encore convaincre la bourgeoisie qu’il lui serait nécessaire pour contenir la contestation ouvrière. Tout en accompagnant les coups de colère, voire en étant à l’initiative de certains, le PCF et la CGT voulaient aussi empêcher que la situation leur échappe.
         Au gouvernement, Jules Moch, dirigeant du Parti socialiste SFIO, voulait montrer au patronat qu’il pouvait compter sur un socialiste pour maintenir l’ordre. Il fut un des premiers ministres de l’Intérieur à utiliser les CRS dont le corps avait été créé à la sortie de la guerre. Il en fit d’ailleurs dissoudre deux compagnies parce qu’elles avaient fraternisé avec les émeutiers de Marseille et il rappela une demi-classe de réservistes. Il envoya la troupe contre les grévistes et les manifestants et les affrontements furent très violents.
         L’année suivante, en 1948, c’est le gouvernement qui chercha le bras de fer avec les mineurs. Fin septembre, il annonça le licenciement de 10 % des travailleurs des Charbonnages de France et l’instauration de nouvelles règles disciplinaires, notamment le renvoi automatique en cas d’absentéisme. Face à la provocation, la CGT appela à la grève.
         Le gouvernement, où droite et gauche cohabitaient, mena une intense propagande anti-CGT et anticommuniste. On venait de basculer dans la guerre froide. Jules Moch fut à nouveau à la tête de la répression. 45 000 hommes furent ramenés d’Allemagne pour investir le Nord-Pas-de-Calais. La troupe affronta les grévistes en batailles rangées. La reconquête du territoire par l’armée se fit maison par maison, puits de mine par puits de mine. Il y eut au moins six morts, dans le Nord et dans la région d’Alès près de Nîmes. 3 000 mineurs furent licenciés, et du coup expulsés de leur logement, et au moins 1 000 furent emprisonnés.
                                     
                                         Pierre ROYAN (Lutte ouvrière n°2499)