Argenteuil, quand Canopée rime avec fébrilité et ratés

 

Très loin de ce qui tient à cœur aux habitants

 

Faire et refaire
 

La municipalité a mené tambour battant l’affaire de la Canopée. Selon ses critères de réussite devant les habitants, il lui fallait un projet spectaculaire pour démontrer ses grandes compétences d’aménagement. C’est ainsi. La décision a été prise rapidement, l’année 2026 approchait. Elle considérera que la concertation a été un succès. Depuis le printemps l’affaire est en marche. Certes, ce n’était que du prévisionnel, mais la tranche 2025 devait être achevée le 14 novembre 2025. Malgré l’immense travail effectué par les ouvriers, elle ne le sera pas, et loin de là. Peut-être le sera-t-elle pour l’inauguration des décorations de noël, mais ce n’est pas sûr, alors pour la fête de la galette, on se perd dans les conjonctures…

         C’est comme pour la médiathèque Robert Desnos. La date de fin avait été fixée, et, pour la municipalité, il fallait la tenir, quitte non seulement à ce que les travaux ne soient pas terminés, mais également qu’il y ait des choses à refaire.

         Sur ce plan, une démonstration vient d’en être fait pour un commerce qui tient à cœur à la culture des habitants, celui de la librairie le Presse-papier de l'avenue. La question du stationnement étant essentielle pour des livraisons intermittentes toute la journée, le marquage de l’espace dédié est primordial afin qu’il reste vraiment libre pour sa destination. Nous avons écrit une brève sur le sujet.

         Et voilà qu’un jour, cet espace a été démonté. Il y avait eu un effondrement. Il fallait tout refaire. En attendant, pendant plusieurs jours, pas d’espace dédié. Ça dure.

         Certes, cela arrive dans tous les chantiers. Mais nous qui circulons chaque jour pour traverser l’avenue en chantier, on peut constater qu’il y des difficultés non prévues.

         Alors, pourquoi tant de hâte. Les édiles sortant croient-ils vraiment que les électeurs voteront en mars pour ou contre la Canopée ? Et pas plutôt si la ville est plus facile à vivre, si la vie y est devenue meilleure, si les rapports entre les habitants sont devenus plus fraternels ou pas, si les services publics qui leur sont utiles se sont améliorés, si les édiles répondent à leurs demandes, etc. Oui, là, sur le plan des questions essentielles. DM

Découverts bancaires : mesure anti-pauvres

Découverts bancaires : mesure anti-pauvres

En septembre 2025, le gouvernement français a pris une ordonnance qui prévoit d’ici un an une nouvelle réglementation pour le fonctionnement des découverts bancaires.

Publié le 05/11/2025

Les découverts de moins d’un mois et inférieurs à 200 euros ne seront plus automatiquement autorisés comme c’est le cas aujourd’hui.

À partir du 20 novembre 2026, les banques devront vérifier la « solvabilité » de leurs clients avant d’autoriser ces découverts qui seront considérés comme des crédits à la consommation et traités comme tels. Selon l’UFC-Que Choisir, presque la moitié de la population se retrouve à découvert au moins une fois par an, pour surmonter les fins de mois difficiles. C’est pourquoi cette annonce a fait l’effet d’une bombe. Chacun comprend bien que cette mesure va pénaliser les plus pauvres.

Mais, bien entendu, ceux qui ont cette idée l’ont recouverte d’un discours hypocrite. Ce serait pour combattre le surendettement que le Conseil européen, qui réunit les chefs d’État ou de gouvernement des États membres de l’Union européenne (UE), a décidé cette directive en 2023. À l’époque aucun responsable n’a crié au scandale. Mais aujourd’hui, les politiciens de tous bords répondent à l’inquiétude légitime de la population en incriminant l’UE comme si le mal venait d’ailleurs !

« Alerte ! Être à découvert sera bientôt interdit ! […] Cette privation a été imposée par l’Europe » écrit Jean-Luc Mélenchon. « L’Union européenne ne trouve rien de mieux à faire que d’interdire les découverts bancaires automatiques », déclare Laurent Wauquiez. Quant au RN, il dénonce « l’ingérence de l’UE ».

Seulement voilà, cette directive a été approuvée au Parlement européen avec la très grande majorité des voix des eurodéputés français. Manon Aubry de LFI, François-Xavier Bellamy des LR et Jordan Bardella pour le RN ont tous voté pour ce texte. Car, en dehors des feux des projecteurs, ils ne voyaient aucun problème à laisser les banques resserrer leurs griffes sur les plus pauvres. Et c’est bien aussi le Parlement français qui a voté l’ordonnance faisant entrer cette directive en vigueur.

Malgré cette ordonnance, il n’est pas dit que les banques iront jusqu’à refuser des découverts. Elles n’ont pas d’intérêt à le faire tant les frais qui en découlent, les agios, leur rapportent. Actuellement, les agios représenteraient pour les banques 6 milliards d’euros de recettes annuelles. C’est-à-dire qu’elles profitent de la faiblesse des salaires pour voler des sommes énormes à leurs clients les plus en difficulté. La nouvelle réglementation pourrait être l’occasion d’accroître encore leur butin.

Pendant que l’ensemble des capitalistes font pression sur les salaires du monde du travail, les requins de la finance inventent de nouveaux moyens de s’enrichir sur la pauvreté, qui gagne toujours plus de terrain.

                                                     Joséphine Sina (Lutte ouvrière n°2988)

 

Les prochaines permanences et rendez-vous prévus à Argenteuil et la région :

-Aujourd’hui samedi 8 novembre, de 10 h.15 à 10 h.55 devant Monoprix ;

-de 10 h.30 à midi, centre commercial de la cité Joliot-Curie ;

-de 11 heures à midi au marché de la Colonie ;

-de 11 h.15 à midi, devant Auchan au Val-Sud ;

-lundi 10 novembre, centre commercial, cité des Raguenets, St-Gratien. (Sous réserve)

 

Argenteuil, revenus, une ville où la fin du mois commence à son début pour de nombreux habitants

 

La lutte et l'organisation pour stopper le recul de la condition ouvrière  !

 

 

Affiche de la CGT

Cette affaire de modification du régime des « découverts » a fait réagir une de nos lectrices, Féthia, qui écrit : « Quelle violence d'être à découvert à peine à la moitié du mois. Çà et là des voix s'élèvent pour dire qu'il faut apprendre à mieux gérer son budget. Qu’ils essaient avec un salaire moyen de 1800 euros ? Et on en reparlera… »

         1800 euros, c’est certes quelques centaines d’euros au-dessus du Smic, mais c’est ce que gagnent nombre d’employés et d'ouvriers, par exemple, des services de la Ville. En tout cas, le propos de Féthia et son cri du cœur sont totalement justes.

         Cela m’a conduit à trouver le dossier sur internet d’une étude récente de l’Insee portant sur la commune d’Argenteuil paru le 2 septembre dernier et donnant un certain nombre d’éléments sur la population, son habitat, sa situation professionnelle et ses revenus. Dommage que Ma ville ne témoigne pas  des informations que l’on y trouve.

         On y apprend ainsi que le taux de pauvreté des ménages sur la ville s’établit aux alentours de 27%, soit plus du quart de la population. Que le salaire moyen des employés et des ouvriers y est au niveau de ce qui révolte à juste titre Féthia, même s’il est légèrement supérieur pour la catégorie « ouvriers ». Un élément très révélateur également est la hausse du nombre des ménages d’une seule personne qui représentait 30% des ménages locaux en 2011 et qui en représente près de 39% dix ans plus tard. Un ménage d’une seule personne, c’est une seule personne pour faire bouillir la marmite.

         Voilà des éléments qui caractérisent une ville populaire telle que la nôtre, ses difficultés, et les combats qui nous attendent pour gagner les moyens qui permettront à tous de vivre correctement, c’est-à-dire normalement. DM