dimanche 30 juin 2024

Benalla : Pour solde de tout compte...

Quant à son patron, il court toujours

 

 

Cinq ans après la manifestation à Paris du 1er mai 2018, la condamnation d’Alexandre Benalla à trois ans de prison, dont un an ferme, a été confirmée par la Cour de cassation. Benalla avait mis en pratique, en amateur, ce que la police fait régulièrement en professionnel : tabasser des manifestants. 

         Mais l’ex-gorille de Macron ne fera pas un jour de prison car sa peine sera aménagée. Les policiers qui l’avaient accompagné dans le périple du 1er mai, eux, continuent leur sale besogne. Quant au patron de Benalla au moment des faits, il court toujours, mais de manière dissolue… 

 

Nanterre, Argenteuil, il y a un an, ces journées sombres qui brutalisèrent les villes populaires à la suite de la mort du jeune Nahel tué à bout portant

Depuis un an, à Argenteuil, vous avez vu ne serait-ce qu’un début de réflexion organisée sur le sujet ?

 

Le 29 juin 2023 à Nanterre

Il y a un an, suite à la mort dramatique d’un adolescent de 17 ans, Nahel, tué à bout portant à Nanterre par un policier, des émeutes avaient lieu dans nombre de quartiers populaires du pays. Certains ne s’en sont toujours pas remis. Ainsi, les habitants de la cité Joliot-Curie d’Argenteuil attendent toujours la réouverture du seul café et lieu de sociabilité de la cité, tout de même actuellement en travaux.

         L’anniversaire de l’évènement n’a guère suscité de commentaires ces jours derniers. Certes la situation politique actuelle y a sa part. Mais pourquoi en serait-il autrement ? La réalité des quartiers populaires n’a pas changé, malmenée par le délitement de la société, la pauvreté, les trafics, les manques de services publiques utiles à la population qui se poursuivent. La police est toujours la même avec ses contrôles choisis, ses délits de faciès et son racisme dominant. Les discriminations à l’emploi sont toujours aussi présentes.

         Nous ne reviendrons pas ici sur la situation des familles des milieux les plus modestes confrontés pour certaines à l’aggravation de leurs difficultés. Mais il est un lieu et une structure sociale qui pourrait s’opposer à ces tendances négatives où des jeunes grandissent loin des vrais rails nécessaires pour s’installer de la meilleure façon dans la société, c’est l’École.

         Mais, depuis l’an dernier, au-delà de l’action pourtant si nécessaire, il n’y a même pas eu à Argenteuil ne serait-ce qu’une ébauche de réflexion sur le sujet. La municipalité qui a la charge de l’Élémentaire a peut-être d’autres chats à fouetter. L’Éducation nationale croule sans doute devant tellement de difficultés dans les collèges et les lycées populaires de la localité pour faire face. Et la fameuse « cité éducative » ?

         Mais au moins, une ébauche de réflexion approfondie sur un sujet qui concerne pourtant au premier chef l’avenir de la société ! Non, depuis un an, rien. DM

 

samedi 29 juin 2024

Israël-Hezbollah : Vers un second front ? Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine

Israël-Hezbollah : Vers un second front ?

Publié le 26/06/2024

Confronté à une contestation politique qui enfle,
Netanyahou semble décidé, pour se maintenir au
pouvoir, à ouvrir un second front en entrant dans une
guerre totale avec le Hezbollah, au sud du Liban.

Le 22 juin, alors que plus de 150 000 personnes manifestaient à Tel-Aviv pour exiger sa démission, l’armée israélienne a intensifié les combats sur le front qui s’étend sur 120 km à la frontière entre le Liban et Israël.

Dimanche 23 juin, l’aviation et l’artillerie ont mené des frappes contre une quinzaine de régions et localités libanaises et, pour la première fois, Saïda, la troisième ville du pays, située à 45 km de Beyrouth, a été visée. De son côté, le Hezbollah a répliqué en lançant un drone explosif contre un site militaire dans le nord d’Israël et a revendiqué cinq attaques en Galilée. La semaine précédente, il avait défié le système de défense israélien en diffusant des images de sites stratégiques : navires de guerre, réservoirs de pétrole et même l’aéroport de la grande ville d’Haïfa.

Pour sauver sa place, Netanyahou, qui se maintient au pouvoir grâce à ses alliés ultranationalistes d’extrême droite, est prêt à toutes les fuites en avant. Il a obtenu de l’armée israélienne une approbation des plans opérationnels pour une attaque d’envergure. Celle-ci est présentée comme la seule manière d’assurer la sécurité au nord du pays et de permettre aux 120 000 déplacés qui ont fui la région de rentrer chez eux.

Jusqu’à présent, les États- Unis se sont montrés hostiles à une extension de la guerre avec le Hezbollah. Mais en avril dernier, après la riposte iranienne à l’attaque par Israël de son consulat à Damas, Netanyahou a pu compter sur le soutien de ses alliés impérialistes. Il sait qu’une offensive générale contre le Hezbollah au Liban obligerait l’Iran à intervenir et entraînerait en retour une action américaine.

Ainsi, de hauts responsables de l’administration Biden ont informé le chef du Conseil de sécurité nationale israélien que les États- Unis s’engageaient à « soutenir pleinement Israël en cas de conflit avec le Hezbollah ». Un peu plus tard, le chef de l’armée américaine a averti que « les États-Unis ne seront pas en mesure de défendre Israël en cas de guerre contre le Hezbollah comme ils l’ont fait lors de l’attaque de missiles et de drones iraniens en avril ». Ces déclarations contradictoires sont celles d’un pompier pyromane. Les dirigeants de l’impérialisme américain ne souhaitent pas une extension du conflit, ils prétendent hypocritement œuvrer à la paix et à la stabilité, mais ce sont pourtant bien eux qui ont armé jusqu’aux dents Israël et lui ont laissé les mains libres pour massacrer à Gaza.

Une logique d’extension des conflits est ainsi à l’œuvre au Moyen-Orient. Si Netanyahou et ses manœuvres odieuses en portent la responsabilité immédiate, c’est avant tout le résultat de la mainmise des puissances impérialistes sur la région. Depuis un siècle, pour préserver leurs intérêts, celles-ci n’ont cessé de dresser les peuples les uns contre les autres, ont détruit des pays entiers, semé le chaos et la barbarie.

Pour les peuples de la région, il serait vital d’en finir avec ce système d’oppression qui entretient les conflits entre une série de régimes rivaux ne valant pas mieux les uns que les autres et qui sont tous à leur façon des rouages de l’ordre impérialiste.

                                                        Leïla Wahda (Lutte ouvrière n°2917)