L’assassinat d’un professeur de
collège à Conflans-Sainte-Honorine, décapité pour avoir montré des caricatures
de Charlie Hebdo, nous plonge une fois de plus dans l’horreur. Une
horreur et un dégoût redoublés par le fait que ces actes ignobles sont toujours
utilisés par les racistes, les réactionnaires et les anti-immigrés avec, pour
résultat, de diviser le monde ouvrier.
L’acte est effroyable. Tout aussi
glaçant est le processus qui a conduit et armé la main de ce jeune de 18 ans, d’origine
tchétchène. Son passage à l’acte a, en effet, suivi une campagne d’agitation et
de manipulation, orchestrée par la mouvance de l’islamisme intégriste. Celle-ci
a voué le professeur à la vindicte publique, en faisant passer un cours sur la
liberté d’expression pour du racisme et de l’islamophobie.
Ces agitateurs intégristes
prétendent parler au nom des musulmans qui peuvent, à juste titre, se sentir
stigmatisés et rejetés. Mais ils ne visent qu’une chose : imposer leur
ordre moral à tous, à commencer par les musulmans.
Ils ne s’en prennent pas
seulement à ce qui est enseigné à l’école. Ils veulent aussi régir la vie des
musulmans et menacent qui ne suit pas le ramadan comme ils le voudraient ou qui
boit de l’alcool. Ils font pression sur les musulmanes qui ne se conforment pas
à leurs règles. Demain, s’ils s’enhardissent, ils s’opposeront à ceux qui
écoutent de la musique ou jouent au foot. C’est ce qu’ils font dans certains pays
où ils sont au pouvoir. C’est ce que l’on a vu dans les régions dominées par Daech.
La dictature qu’ils préparent
pèsera avant tout sur les classes populaires. Comme le monde occidental a ses
fascistes d’extrême droite, le monde musulman a les siens. Quand l’extrême
droite identitaire utilise la peur de l’étranger, les islamistes se servent de
la religion pour dominer ce qu’ils considèrent être leur communauté.
Les deux s'alimentent
mutuellement, les deux sont des ennemis mortels des travailleurs. Et les deux
sont prêts à creuser un fossé de sang et à s’imposer par la terreur. On l’a vu
en Europe dans les années 1930 avec Hitler, en Algérie pendant la décennie
noire des années 1990 et, récemment, en Syrie et en Irak avec Daech.
Qu’ils viennent des rangs de
l’extrême droite ou des intégristes, ceux qui prétendent limiter les libertés veulent
faire de nous des moutons dociles, soumis à eux, mais aussi au patronat. Il ne
s’agit pas seulement de discuter où se trouvent les limites de la liberté
d’expression. Ce sont nos droits et nos intérêts de travailleurs qui sont
menacés : la liberté de contester, de s’organiser, de revendiquer et de faire
grève.
Alors, les travailleurs doivent
combattre ces deux ennemis en faisant bloc en tant que prolétaires, en
s’appuyant sur leurs intérêts communs d’exploités et sur les combats qu’ils ont
à mener ensemble, jour après jour.
Comme tous les autres dirigeants
politiques, Macron a appelé à l’unité nationale et au respect de la République.
Mais derrière ces prétendues valeurs républicaines, il y a un ordre social contraire
aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
La société ne se délite pas
seulement sous les coups de boutoir de militants réactionnaires. Ces derniers
ne font qu’exploiter politiquement le désarroi et l’abandon dans lesquels la
crise, le chômage de masse et la misère plongent des millions de femmes et
d’hommes. Les frustrations et la haine qui en découlent renouvellent en
permanence le terreau de l’intolérance, de l’individualisme et de la violence, surtout
dans les périodes de crise.
L’ordre social capitaliste et,
plus encore, la crise créent les éléments d’un engrenage mortel. Et la
politique gouvernementale, systématiquement favorable aux plus riches et à la
bourgeoisie contre les travailleurs, ne fait qu’accélérer le mécanisme.
Car, que va-t-il se passer
demain ? À cause de crapules fanatisées ou embrigadées par les filières
terroristes, combien y aura-t-il de contrôles au faciès, de jeunes de banlieue
confrontés au racisme et à la suspicion généralisée ? À cause de terroristes
sous statut de réfugiés, combien de migrants fuyant les guerres et les
persécutions seront rejetés ? Seuls les travailleurs, unis par-delà les
différences d'origine, de nationalité et de religion, peuvent casser cet
engrenage.
La conscience de pouvoir et de
devoir, ensemble, changer la société doit guider les travailleurs, car le
fanatisme religieux, le fondamentalisme, la terreur fasciste, sortent
malheureusement, comme des bêtes immondes, du ventre de notre société. Pour
mettre fin à des actes barbares tels que le meurtre de Conflans, c’est la
société elle-même qu’il nous faudra transformer.
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