dimanche 21 juillet 2019

Premiers pas sur la lune, 21 juillet 1969. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine


Le premier pas sur la Lune d’une société qui piétine

 « Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité », cette phrase prononcée par Neil Armstrong, le premier à avoir posé le pied sur la Lune le 21 juillet 1969, exprimait le sentiment de tous ceux qui ont suivi en direct le premier alunissage. 50 ans plus tard, cet exploit reste un symbole. Il souligne les formidables capacités scientifiques et techniques auxquelles est parvenue l’humanité, en même temps que les tares, non résolues, de la société au sein de laquelle il a été réalisé.
Permettre à des hommes de parcourir les 380 000 kilomètres qui séparent la Terre de la Lune, de se poser en douceur sur ce satellite naturel dépourvu d’oxygène, puis d’en repartir pour rentrer sains et saufs sur Terre, est une prouesse. Pour envoyer quelques hommes sur la Lune, il a fallu la longue collaboration de quelque 400 000 personnes : des astronautes et des pilotes intrépides ; des ingénieurs et des scientifiques maîtrisant les lois de la physique et inventant de nouvelles techniques ; des milliers d’ouvriers et de techniciens mettant en œuvre des moyens de production complexes, fruits du développement industriel du monde entier. Pour propulser Armstrong, Aldrin et Collins vers la Lune, il a fallu bien d’autres « figures de l’ombre », comme ces femmes noires de l’Amérique ségrégationniste des années 1950 et 1960, calculatrices hors pair.
Lors d’un discours en 1961, Kennedy, alors président des États-Unis, avait fait de la Lune un objectif impératif « avant la fin de la décennie ». Il s’agissait de rattraper puis de battre l’Union soviétique qui avait plusieurs longueurs d’avance dans la conquête spatiale. En octobre 1957, la mise en orbite de Spoutnik, le tout premier satellite artificiel, avait permis à Khrouchtchev, le dirigeant de l’URSS d’alors, de clamer : « Les spoutniks prouvent que le socialisme a gagné la compétition entre les pays socialistes et capitalistes »… En avril 1961, avec la mise en orbite de Youri Gagarine, premier homme dans l’espace, les dirigeants soviétiques enfonçaient le clou. Quant à y voir une démonstration de la supériorité du socialisme, c’était oublier que pour réussir ses exploits spatiaux, l’Union soviétique, coupée de l’économie mondiale, devait y consacrer une part importante de ses ressources industrielles, au détriment d’autres secteurs vitaux pour la population, comme les biens de consommation ou l’agriculture.
Reste que ces victoires successives montraient les capacités d’une économie planifiée, sans concurrence entre entreprises mues par le profit. Le programme spatial américain se heurtait, justement, à la concurrence entre les grandes firmes du secteur aéronautique et entre les différentes branches de l’armée.

En juillet 1958, pour mettre un terme à cette rivalité désastreuse, le gouvernement américain créa de toute pièce la Nasa, une agence publique chargée de coordonner, avec des moyens considérables, le programme spatial américain. En dix ans, elle allait mobiliser les moyens, les compétences et les énergies nécessaires pour que les États-Unis rattrapent leur retard. En Amérique aussi, la planification l’emportait donc sur l’économie de marché ! Comme dans presque toute l’histoire du capitalisme, il fallait l’intervention de l’État pour réaliser des investissements majeurs. Les États-Unis n’ayant cependant rien de socialiste, la Nasa allait sous-traiter, sous sa tutelle, la production de tous les éléments du programme spatial. Les 25 milliards de dollars du programme Apollo (environ 150 milliards de dollars actuels) allaient faire le bonheur d’une myriade d’entreprises privées.
Comme tous les organismes publics dans tous les pays du monde, la Nasa allait ainsi servir de vache à lait aux capitalistes. Le dernier en date est Elon Musk, propriétaire de Space X, qui a obtenu en 2008 un contrat substantiel pour ravitailler la station spatiale internationale ISS. Profitant à fond de l’expérience accumulée de la Nasa, il s’apprête à transformer l’espace en Luna Park pour les riches privilégiés qui pourront payer leur ticket quelques dizaines de millions de dollars. Il peut ainsi dilapider de façon révoltante le travail collectif de l’humanité pour amuser quelques richards dans une société qui manque de médicaments ou de logements.
La Nasa est un organisme civil aux activités pacifiques qui ont, malgré tout, de multiples retombées positives sur la vie quotidienne, du GPS aux prévisions météo. Mais le programme spatial américain n’en a pas moins toujours été étroitement surveillé par les militaires. Si Kennedy voulait arriver sur la Lune avant l’Union soviétique, ce n’était pas seulement pour le prestige. Comme le déclarait un sénateur américain en 1957 : « Si vous êtes en mesure d’accomplir le lancement du Spoutnik, cela veut dire que vous pouvez lancer une bombe thermonucléaire très facilement. » L’enjeu des programmes spatiaux a toujours été celui du contrôle de l’espace par les grandes puissances. Depuis Kennedy, tous les présidents américains ont consacré des centaines de milliards de dollars à la « guerre des étoiles ». Trump a créé une force de l’espace, spécialisée dans l’utilisation de missiles pour la destruction des satellites russes ou chinois. Il se prépare à faire de l’espace un des champs de bataille des guerres à venir.
C’est une autre raison qui vient refroidir l’enthousiasme suscité par le premier pas de l’homme sur la Lune et les prouesses spatiales qui ont suivi. La compétence humaine et les moyens techniques accumulés sont gaspillés par une organisation sociale qui maintient la propriété privée des moyens de production, la concurrence et la guerre entre les firmes et les États qui défendent leurs intérêts. Renverser cet ordre social est le plus urgent des « grands pas pour l’humanité » qui restent à accomplir.

                                     Xavier LACHAU (Lutte ouvrière n°2659)



Castaner et les violences policières : couverts et décorés !


Promotion La Bavure



Castaner décore 9 000 policiers pour leur activité contre les gilets jaunes.
Parmi les décorés figurent ceux ayant blessé gravement une femme de 73 ans à Nice en la projetant à terre, ainsi qu'un responsable du tir de grenade ayant tué une personne qui regardait par la fenêtre de son appartement. D'autres encore ayant matraqué des personnes dans un Burger King, et un autre ayant donné l'ordre de gazer la foule lors de la fête de la musique à Nantes, entraînant la disparition d'un jeune dans la Loire...
Castaner veut donc honorer et légitimer les violences et les crimes policiers au défi de ceux qui contestent la politique d'un gouvernement dont il est un des fleurons et, au-delà, qui contestent cet ordre au service des riches. C'est logique, puisque ces exactions, c'est lui qui les a commandées. Logique, mais choquant.

Hier samedi à Beaumont-sur-Oise, manifestation pour la « justice et la vérité » sur la mort d’Adama Traoré il y a trois ans, mort alors qu’il était dans les mains de la gendarmerie…


                                                               Capt. écran RT France

Argenteuil, coupure d’eau, et mobilisation idoine, loin de la coupe aux lèvres


Quart de mobilisation



Le site internet de la Ville évoquait ces derniers jours les fuites d’eau, cité Monmousseau et Joliot-Curie. Sans trop de précision malheureusement.
         Dans la cité Joliot-Curie, ce ne sont pas seulement comme indiqué les bâtiments de la rue Yves Farge et Richard Bloch qui ont été concernés, mais également Les bâtiments Lamaze et Émile Kahn dont les locataires ont été privés d’eau du jeudi matin à dans la nuit de jeudi à vendredi.
         Quant à la Croix-Rouge distribuant de l’eau, celle-ci a bien été distribuée sous forme de packs… mais dans les halls des escaliers, en bas donc !
         Dans cette cité, il y a nombre d’anciens, parfois très âgés qui pouvaient être paniqués devant le fait de n’avoir plus d’eau.
         Il doit bien rester un certain nombre de conseillers municipaux sur Argenteuil. Se répartissant les escaliers, et avec l’aide de bénévoles, il était alors possible de frapper à toutes les portes en laissant les bouteilles d’eau dans les étages…

Argenteuil Smile, un nouvel espace convivial


Que la réussite leur… sourit !




Ils se sont obstinés. Ils ont surmonté les difficultés. Mais aujourd’hui, l’espace « Smile » est ouvert. Un espace de lien social, avec café-cantine, espace de travail, et épicerie bio…
         Voilà donc un projet collectif qui ne peut qu’être connu et encouragé.
         C’est au 55 rue Antonin-Georges Belin, à Argenteuil donc. Le mieux est de venir à pied ou en transport en commun. Mais si vous devez venir en voiture, non loin, derrière l’hôtel de ville, on finit toujours par trouver une place.
         Nous souhaitons la meilleure réussite à Smile !



Bonnes lectures de l’été (8), Siddhartha Mukherjee, L’Empereur de toutes les maladies, Une biographie du cancer


Comprendre pour résister et avancer



Long ouvrage de 730 pages, mais que l’on lit comme un roman. Celui d’une histoire de ce dérèglement cellulaire dont on connaît les conséquences désastreuses. Un long roman qui nous évoque le passé de la connaissance, et qui aborde le difficile chemin parcouru pour en connaître les causes. Une histoire faite de passion et d’empathie -des chercheurs et des soignants-, de volonté de trouver les fonds pour faire progresser la recherche, du courage et de l’espoir des patients et de leurs proches.
         Chacun d’entre nous doit se préparer à être confronté au cancer, pour lui mêmes ou pour ces proches que nous aimons. Il est un combat avec de nombreuses défaites et des victoires tellement réconfortantes. Les unes et les autres qui ont permis que certaines formes de cette impératrice des maladies guérissent, et que pour d’autres, les périodes de rémission s’allongent.
         Bien évidemment, pour des non spécialistes de la biologie, il y a des passages qui demandent à être éclairés, les réalités n’étant en ce domaine qu’extrêmement complexes. Mais cela ne fait rien. On avance dans le livre avec le sentiment de rencontrer un joli monde, celui du courage, de la ténacité, de l’obstination, des malades, de leurs proches, des chercheurs passionnés. Un livre donc, grâce à tous ces ingrédients qui, au final, qui nous soyons, quel que soit notre rapport avec la maladie, nous donne moral, confiance, et espoir. (En relisant tout cela, j'ai pensé à l'article ci-dessus sur les premiers pas sur la lune.)