mardi 11 décembre 2018

Macron à la télévision hier au soir : un communiqué de Nathalie ARTHAUD


Macron annonce des concessions mais il prépare la note aux classes populaires et épargne les capitalistes

Communiqué

Après avoir, pendant un mois, répondu à la colère des gilets jaunes avec sa morgue coutumière, Macron a daigné distiller quelques belles paroles et faire quelques concessions.
100 euros supplémentaires mensuels pour un smicard ? Ils ne coûteront rien aux employeurs, promet Macron. Autrement dit, ils seront payés par l’État, et donc réclamés aux classes populaires sous forme d’impôts ou de taxes.
La défiscalisation des heures supplémentaires et l’exonération des cotisations ? Sarkozy, cet autre président des riches, en avait fait autant, et le Medef adore cette mesure qui lui permet de ne pas embaucher.
Une prime exceptionnelle de fin d’année ? Elle sera, comme d’habitude, au bon vouloir des capitalistes.
L’augmentation de la CSG ? Cette mesure révoltante n’est annulée que pour une partie des retraités, et les pensions de misère le resteront. Rien n’est accordé aux chômeurs ni aux handicapés.
L’impôt sur la fortune ? Il ne sera pas rétabli et les riches peuvent dormir tranquilles.
Bref, Macron promet surtout aux plus riches qui l’ont choisi qu’il ne touchera pas à leur gâteau. Il préserve les intérêts des capitalistes. On est loin du compte, mais ce qui est obtenu l’est grâce à la colère des gilets jaunes. Alors, c’est le moment pour les travailleurs de se mobiliser pour leurs revendications : prendre sur les profits des capitalistes pour augmenter les salaires, les pensions et les allocations, et les indexer sur les prix.

                                                                        Nathalie Arthaud, le 10.12.18

Editorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise de ce lundi 10 décembre 2018


Lutter pour l'augmentation générale des salaires, des retraites et des allocations



Avant même les annonces de Macron, ses ministres s’étaient relayés pour dire que, même si le dialogue était ouvert et le problème du pouvoir d’achat posé, il n’était pas question de parler augmentation du SMIC ou des salaires en général.
Autant dire que les mesures que Macron sortira de son chapeau ne régleront pas les problèmes de pouvoir d’achat ; ni pour les femmes travailleuses en temps partiels imposés, ni pour les ouvriers au salaire minimum, ni pour les retraités dont les pensions n’atteignent pas 1 000 euros ou pour les travailleurs licenciés.
Pour que le monde du travail sorte de la survie et des fins de mois impossibles à boucler, c’est surtout le grand patronat qu’il faut viser. Et ce n’est certainement pas Macron qui va remettre en cause les intérêts des capitalistes ! C’est eux qui dictent sa politique, eux auxquels il ouvre les caisses de l’État, les arrosant de milliards de subventions et autres cadeaux fiscaux.
Le gouvernement peut promettre d’alléger une taxe par-ci, de supprimer une hausse par-là. Il peut concocter une prime exceptionnelle pour les salariés, qui ne coûtera pas grand-chose aux patrons volontaires pour la verser, puisqu’elle sera compensée par de nouvelles exonérations de cotisations sociales pour eux. Ces mesures seront payées par les classes populaires, car elles se traduiront par la dégradation des services publics et la baisse des prestations sociales. Tout cela revient à mettre un peu d’argent dans notre poche gauche en le prenant dans notre poche droite. Pour que les milliards des caisses de l’État continuent de servir les classes riches, le gouvernement trouvera le moyen de faire payer au monde du travail ce qu’il fera mine de lui céder.
La détermination de dizaines de milliers de manifestants a fait un peu bouger le gouvernement. Elle a été plus efficace que toutes les concertations, et les gilets jaunes qui veulent la poursuivre ont raison !
Il faut que les travailleurs s’en inspirent et portent le combat dans les entreprises, pour la hausse des salaires. Le gouvernement Macron reprend la même rengaine que ses prédécesseurs : si vous prétendez vouloir vivre dignement de votre travail, vous allez ruiner les petites entreprises et augmenter le chômage.
Mais ce qui ruine les petites entreprises, c’est le poids du grand capital, des banques et des plus grosses entreprises qui sont leurs donneurs d’ordre et font la loi. Ce qui ruine le petit artisan, le petit commerçant, c’est précisément l’effondrement du pouvoir d’achat des travailleurs !
Les salaires sont bloqués depuis des années et cela n’empêche pas les licenciements de se succéder. Happychic, qui fait partie de l’empire Mulliez, annonce un plan de 466 suppressions d’emplois. Le géant de l’automobile Ford veut fermer son usine de Blanquefort et laisser sur le carreau 1000 travailleurs. La fermeture de l’usine du groupe Sandvik, en Indre-et-Loire, mettrait 161 salariés à la rue. Ce sont des groupes riches à millions, qui restructurent et licencient pour faire encore plus de profits.
En 2017, les grandes entreprises du CAC 40 ont distribué 44,3 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires. Ces masses d’argent sont le fruit de l’exploitation de notre travail. Elles nous reviennent ! Plutôt que de financer la spéculation ou les caprices de riches, elles doivent servir à l’augmentation générale des salaires, y compris dans les petites entreprises.
« Je ne voudrais pas que cette révolte fiscale se transforme en mettant en accusation les entreprises », s’est inquiété le patron du Medef, Roux de Bézieux. Il exprime les craintes des véritables maîtres dans cette société, leur peur de voir les travailleurs relever la tête. Il faut faire en sorte que leurs craintes soient justifiées !
Il faut que les travailleurs fassent entendre leur voix dans le climat de contestation sociale ouvert par les gilets jaunes, qui s’étend maintenant à la jeunesse revendiquant un avenir meilleur.
Dans les entreprises, là où ils se retrouvent chaque jour par dizaines, centaines ou milliers, les travailleurs peuvent discuter et s’organiser. C’est là qu’ils sont en position de force.
Engager le combat, par la grève, pour une augmentation générale des salaires, des retraites et des allocations, qui suive la hausse des prix : c’est le seul moyen, pour le monde du travail, de se battre pour son avenir. C’est aussi la seule perspective, pour toute la société, de desserrer l’étau de la dictature du capital sur l’économie.

Manifestations du 8 décembre : et les droits dits « démocratiques » ?


Arrêtés avant de manifester



Pour tenter de décourager les manifestants avant le samedi 8 décembre, le gouvernement a claironné qu'il y aurait de gros risques. Il a mobilisé la police comme jamais et fait sortir des blindés. Et surtout il a fait arrêter près de 2 000 personnes, la plupart n'ayant strictement rien fait, même pas, pour certaines, commencé à manifester.
Près de 500 ont été relâchées car il n'y avait rien contre elles. Et la justice a dû constater que, parmi les autres, il y avait peu de casseurs, mais surtout des gens ordinaires exaspérés par les baisses du pouvoir d'achat et la politique gouvernementale.

Alcool et « gilets jaunes » : l’Etat interdit le petit jaune et le petit rouge


Un petit air de prohibition ou l’art de ne pas se faire des amis



Dans le Val d’Oise, comme dans un certain nombre de départements, un arrêté préfectoral a interdit la vente d’alcool durant tout le week-end, en rapport avec les manifestations des « Gilets jaunes », et le risque que ce dangereux alcool au naturel ou transformé pouvait occasionner.
         Il faut imaginer l’allure des rayons des grandes surfaces cachés derrière des toiles ou derrière des packs d’eau pour que les clients ne soient pas tentés de se servir.
         Tout cela a de quoi vraiment faire sourire.
         Si le mouvement continue et se développe comme nous le souhaitons, nous nous demandons bien quelle sera la prochaine étape pour le ridicule gouvernemental qui a la démarche quelque peu chaloupante d’un homme alcoolisé.

Argenteuil : Agenda d'Accessibilité Programmée. Un programme très insuffisant


Les personnes handicapées méritent vraiment mieux !

 
Pour entrer à la mairie, par la gauche, pas de souci, mais ailleurs ?

Lors du dernier conseil municipal de novembre, un « Agenda d'Accessibilité » a été voté. Il s’agissait de programmer les travaux pour rendre accessibles aux personnes subissant un handicap l’ensemble des locaux municipaux de la commune.
         « La Ville avait demandé au Préfet 3 ans de délai de plus. Et maintenant, pour réaliser les travaux, elle demande encore le délai maximum du maximum, et en plus, elle reporte près de 60% de l'investissement (9,3 M€ sur 15,3 M€) dans les 3 dernières années ? » (Fr. Lefebvre-Naré). Ce dernier, ayant fait le calcul poursuit : « Avec un taux d'actualisation à 4%, ça fait moins de 6 € par an et par habitant, un coût très modeste pour rendre accessibles l'ensemble de nos bâtiments municipaux, écoles, marchés… En voilà, une priorité ! »
         Certes, le problème est que l’Etat vote la loi, sur l’accessibilité comme sur bien d’autres questions, et dit aux collectivités locales de se débrouiller. Ce serait à lui, en tout premier lieu, d’abonder les crédits nécessaires.
         Mais la responsabilité de la Ville n’en pas pour autant absente.
         Philippe Métézeau lors de ce conseil a déclaré sur le sujet répondant à l’opposition : « Vous nous dites que l'accessibilité est prioritaire, mais vous nous diriez aussi que les écoles sont prioritaires, que les crèches sont prioritaires… ». Effectivement, ces questions sont prioritaires, et l’on pourrait ajouter la culture, et la question de l’isolement des familles et des individus.
         Hors cette liste, il y a donc des choses à abandonner : la police municipale, la vidéo-surveillance, les indemnités à ceux des élus pour lesquelles elles ne sont pas nécessaires, et bien d’autres dépenses discutables. (Nous y reviendrons dans les mois qui viennent).
         Quant à l’Etat, pour qu’il paie, il y aurait bien des actions à entreprendre et des solidarités à manifester, comme celle à l’égard de ceux qui se sont mobilisés depuis des semaines. Mais sur ce terrain, c’est aussi « silence radio » du côté de la municipalité.