jeudi 1 novembre 2018

Inflation : hausse des salaires, échelle mobile des salaires, des retraites et des allocations. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Face à l’inflation, échelle mobile !

En un an les prix auraient augmenté de 2,2 % d’après le gouvernement. Mais la réalité est que les salaires ne permettent plus de joindre les deux bouts, même pour ceux qui ont un emploi stable.



D’année en année, les hausses des prix ont considérablement fait reculer le niveau de vie des travailleurs. Et elles sont d’un tout autre niveau que ce qu’affirment les instituts officiels. Depuis janvier 2018, le gaz a augmenté de plus de 16 %, le timbre-poste de plus 13 %, les fruits et légumes d’au moins 5 %, les boissons gazeuses sucrées de plus de 20 % à cause de la hausse d’une taxe spécifique, le beurre de plus 10 %, à quoi s’ajoute bien sûr la hausse des prix de l’essence, du diesel et du fioul. Les salaires, eux, sont restés au plancher.
Dans cette économie capitaliste, les prix varient en fonction d’un nombre considérable de paramètres
Le prix des carottes par exemple aurait explosé de 43 %, à cause de la canicule, paraît-il. Mais les capitalistes, les grands comme les petits, ont la possibilité de répercuter les hausses de ce qu’ils achètent sur ce qu’ils vendent, et de les reporter sur le consommateur. L’État complète ces hausses en ajoutant ses taxes, comme la TVA, la taxe sur les produits pétroliers ou encore celle sur les sodas. En bout de chaîne, seuls les travailleurs ne font que payer.
Tant que l’économie est dominée par le marché, et que l’État est au service du grand patronat, les hausses des prix sont imprévisibles et inévitables. La seule manière pour les travailleurs de s’en protéger est de se battre collectivement pour des hausses de salaire. Mais cela ne peut encore suffire.
Après la grève générale de juin 1936 ou celle de mai 1968, les salaires nominaux avaient beaucoup augmenté. Mais dans les mois qui ont suivi, les patrons se sont vengés par le biais des hausses de prix, entraînant une inflation qui annulait la hausse des salaires.
Les travailleurs et l’ensemble des couches populaires ne peuvent pas se fier aux statistiques officielles pour juger de la hausse des prix. Ils doivent se donner les moyens de contrôler eux-mêmes directement les prix des biens de consommation, à travers des comités de consommateurs et des comités de travailleurs dans les entreprises, à commencer par celles de la distribution. Et, par leurs luttes, ils peuvent imposer que les salaires, les pensions et toutes les allocations soient constamment réévalués en fonction des hausses des prix qu’ils auront constatées eux-mêmes.
Pour l’ensemble de la classe ouvrière – les travailleurs en activité, les retraités et les chômeurs – le seul moyen de ne pas se laisser appauvrir est d’imposer cette échelle mobile des salaires et des pensions établie sous leur propre contrôle.

                                                      Pierre ROYAN (Lutte ouvrière n°2622)

Hausse du carburant, l’extrême-droite joue sa partition loin des intérêts des travailleurs qui doivent jouer la leur


L’extrême droite et les hausses du carburant

De Dupont-Aignan à Le Pen en passant par des responsables locaux de leur parti respectif, l’extrême droite s’affiche solidaire de la contestation qui s’exprime sur les réseaux sociaux contre les hausses du prix du carburant en prenant date pour le 17 novembre.
« Il faut bloquer toute la France le 17 novembre, il faut que la population française dise à ce gouvernement : “Maintenant ça suffit !” » a ainsi déclaré Dupont-Aignan. Même ton enflammé du côté de Le Pen : « L’ensemble de nos élus et délégués départementaux, de nos fédérations, rejoindront la contestation qui est en train d’émerger. »
Les hausses de prix touchent une large partie de la population, dont une fraction de la petite bourgeoisie, artisans, petits et grands patrons du transport ou du BTP, dont l’extrême droite vise la clientèle et qui, pour l’heure, donne le ton en mettant l’accent sur le matraquage fiscal du gouvernement. C’est un terrain sur lequel une Le Pen ou un Dupont-Aignan se sentent à l’aise et qui leur offre en prime l’occasion de prendre des airs contestataires.
Bien sûr, les hausses de prix concernent aussi tous les travailleurs, et il ne déplaît pas à l’extrême droite de se donner l’air de les défendre, à condition qu’ils se rangent derrière elle, et en faisant chorus avec le patronat petit et moyen.
Mais c’est justement ce que la classe ouvrière n’a aucun intérêt à faire. Elle doit au contraire se donner les moyens de faire entendre sa propre protestation et ses propres exigences, sur son terrain de classe, n’en déplaise à l’extrême droite, et à cette partie du patronat qui voudrait faire mine de défendre aussi ses propres salariés, alors qu’elle ne se bat que pour son tiroir-caisse.

                                                    Nadia CANTALE (Lutte ouvrière n°2622)

Brésil : après les élections, un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Brésil : Bolsonaro élu, un résultat de la crise et de la faillite de la gauche au pouvoir 

Le 28 octobre, avec 55 % des voix, Jair Bolsonaro a été élu président du Brésil. Après avoir végété 28 ans sur les bancs de l’Assemblée, ce capitaine en retraite a réussi à faire croire à une partie de la population que son élection pourrait apporter une solution à ses problèmes les plus urgents.
Bolsonaro a basé une grande partie de sa campagne sur la démagogie sécuritaire, se disant partisan de la libéralisation des ventes d’armes, d’une répression plus dure contre tous les délinquants. La violence pourrit en effet la vie de tous les Brésiliens, et en particulier celle des habitants des favelas, les quartiers les plus pauvres. Mais elle est le produit d’une société très inégalitaire, où police et justice sont ouvertement en faveur des possédants, où 60 000 personnes décèdent chaque année de mort violente.
En même temps qu’il adoptait comme symbole le geste de tirer au pistolet, Bolsonaro s’est présenté comme un « homme de bien », défenseur de la morale, du patriotisme, de la religion, de la propriété, avec l’appui des Églises évangéliques omniprésentes et des lobbies agricoles et industriels. Il a spéculé sur tous les préjugés les plus rétrogrades et haineux, contre les Indiens, les Noirs, les féministes, les homosexuels.
Reprenant les positions de l’extrême droite la plus anticommuniste, Bolsonaro a promis de mitrailler la « racaille du PT », de « nettoyer » la société des partisans du régime vénézuélien de Chavez et de Maduro. Lois sociales, paysans sans terre occupant illégalement les grandes propriétés non cultivées, tout ce qui s’apparente de près ou de loin à la gauche, même la plus modérée, Bolsonaro l’assimile dans ses discours au « spectre rouge » du collectivisme. Pour parfaire son image d’homme à poigne, il s’est attaché à parer de toutes les vertus la dictature militaire qui s’est maintenue au Brésil de 1964 à 1984 au prix d’une sanglante répression.
L’élection de Bolsonaro ne signifie pas pour autant que la majorité de la population de ce pays de 210 millions d’habitants serait devenue misogyne, homophobe et nostalgique de la dictature. La victoire de ce politicien d’extrême droite exprime le rejet massif de toute la classe politique, gauche et droite confondues dans la même haine. Ce rejet touche bien sûr en premier lieu le Parti des travailleurs (PT) de Lula. Celui-ci est arrivé au pouvoir en 2003 en promettant de gouverner honnêtement et en faveur des couches populaires. Profitant d’un contexte économique alors favorable, il a mis en place des programmes sociaux qui ont amélioré un peu le sort des couches les plus pauvres sans changer véritablement la société brésilienne, demeurée l’une des plus inégalitaires de l’Amérique latine.
Le PT s’est comporté en gérant loyal des affaires de la bourgeoisie et quand, à partir de 2014, la crise économique a frappé de plein fouet le Brésil, il l’a fait payer aux travailleurs et aux classes populaires. Les 13 millions de chômeurs, le retour de l’inflation ont jeté dans la rue aussi bien les petits bourgeois qui craignaient pour leur niveau de vie que les salariés dont le travail et les revenus étaient menacés. Les scandales de corruption dans lesquels le PT s’est retrouvé compromis, à l’instar des partis de droite, ont achevé de le discréditer. Ceux qui ont manifesté par millions, en 2015 contre les hausses dans les transports publics, et en 2016 contre la présidente Dilma Rousseff, ont exprimé leur mécontentement dans les urnes en votant pour Bolsonaro.
Après treize années aux affaires, le PT est parvenu à décevoir et à démoraliser sa base ouvrière, au point qu’elle a apporté ses voix à un ennemi ouvert des travailleurs. Dans l’État de Sao Paulo, où il s’est créé, son candidat, Haddad, a recueilli 16 % au premier tour et 32 % au second, contre 53 et 68 % à Bolsonaro. Et dans la ville de Sao Bernardo – plus de 700 000 habitants, 300 000 salariés dont environ 130 000 métallurgistes, siège des grandes usines automobiles, fief du PT, où Lula a milité et a encore son habitation – Bolsonaro a recueilli dès le premier tour 46 % des voix, 60 % au second, contre 24 et 40 % à Haddad.
L’élection de Bolsonaro est une conséquence politique de la crise économique et de sa brutale aggravation. Mais elle est aussi et surtout le résultat de la faillite et des trahisons de la gauche au pouvoir. Lula, le PT et toutes les forces politiques qui l’ont présenté comme le seul espoir des pauvres portent une écrasante responsabilité dans l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite au Brésil.
La classe ouvrière a été capable dans le passé de mener des luttes importantes et déterminées pour défendre ses intérêts, y compris dans des conditions difficiles, sous le régime de dictature militaire. Elle continue de représenter la seule force capable d’offrir une perspective aux exploités du Brésil.

                                                         Vincent GELAS (Lutte ouvrière n°2622)

Trump en guerre contre les migrants…


… agissant pour tenter d’échapper à une situation sans issue



Depuis deux semaines, partis du Honduras, des milliers de migrants d'Amérique centrale se sont organisés et marchent ensemble vers les États-Unis. Pour les empêcher d'entrer, Trump veut déployer 5200 soldats à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. En pleine campagne électorale, Trump flatte ainsi l'électorat xénophobe en faisant du rejet des migrants un argument de campagne.
Ces migrants fuient la misère et la violence qui règnent dans leurs pays, situation dont est directement responsable l'impérialisme américain à travers le pillage économique et ses interventions politiques, diplomatiques ou militaires. Trump peut envoyer l'armée, mais il ne pourra empêcher des milliers de femmes et d'hommes de tout tenter pour échapper à une situation sans issue.

Argenteuil, musée, on est où ?


Apparemment, l’humour, aussi un patrimoine local

 
Rue Pierre Guienne, sur le portail du musée d'Argenteuil

8 ans pour une opération « majeure » et pour une « mise ne conservation » des collections, ce n’est pas un peu long ?