Un
article de notre revue Lutte de Classe n°173 – février 2016 – à paraître
Face à la
déchéance de la« gauche », défendre les idées communistes révolutionnaires
En proposant d’inscrire dans la
Constitution la déchéance de la nationalité pour des binationaux nés Français
et condamnés pour des crimes « contre la vie de la nation, dont les crimes
terroristes », Hollande et Valls ont choisi de donner de nouveaux gages à la
droite. Cette mesure, puisée directement dans le programme du Front national,
défendue par Sarkozy et les plus droitiers des députés Les Républicains (LR)
mais sans qu’ils n’aient osé l’instaurer quand ils étaient au pouvoir, provoque
des remous dans le PS, dans la majorité parlementaire et jusqu’au sein du
gouvernement. Christiane Taubira, ministre de la Justice, qui avait cru pouvoir
annoncer publiquement que le gouvernement renonçait à inscrire cette mesure
dans la loi, a dû manger son chapeau. Après plus d’un mois de tergiversations,
elle s’est finalement résolue à démissionner. D’Ayrault, ex-Premier ministre de
Hollande, à Martine Aubry ou Julien Dray, des cadres du PS se sont démarqués,
au-delà des habituels frondeurs.
Une
telle mesure, que tout le monde, y compris ses promoteurs, qualifie de
symbolique parce qu’elle ne dissuadera évidemment aucun djihadiste de se faire
sauter au milieu d’une foule, symbolise avant tout la main tendue par Hollande
et Valls aux électeurs de droite.
Parce
qu’elle stigmatise les quelque 3,5 millions de binationaux, assimilés
ainsi à des terroristes en puissance, parce qu’elle apporte sa petite couche
supplémentaire de crasse raciste et xénophobe, qu’elle rappelle le régime de
Pétain qui mit en œuvre une telle déchéance, en particulier contre les Juifs et
des militants communistes d’origine étrangère, cette loi heurte nombre de
sympathisants du PS et le milieu humaniste qui en est proche. Même parmi ceux
qui ne trouvent rien à redire à la politique économique propatronale du
gouvernement depuis plus de trois ans, parmi ceux qui ont justifié les lois
Macron, Rebsamen et autres attaques contre les travailleurs, cette loi sur la
déchéance de la nationalité passe mal.
Nouveau
tournant droitier de Hollande et Valls
En
persistant à l’imposer coûte que coûte, Hollande confirme le virage pris au
lendemain des attentats de novembre et des élections régionales : mettre
en place un front droite-gauche, sur le terrain politique et idéologique de la droite, sur lequel il espère
s’appuyer pour être réélu en 2017 face à Marine Le Pen. D’un côté, le Front
national, en pleine ascension et ayant mis un terme au bipartisme politique
dans le pays, siphonne un nombre croissant d’électeurs de la droite, empêchant
le parti de Sarkozy de se refaire une santé dans l’opposition et provoquant des
remous au sein de LR. De l’autre côté, la « gauche de
la gauche », des écologistes aux diverses composantes du Front
de gauche, en particulier le Parti communiste, subit la même déconsidération que le PS au pouvoir.
Assimilés à juste raison à la gauche gouvernementale pour leurs participations
ministérielles, leurs alliances ou leurs appels systématiques à voter pour le
PS au second tour, ces partis sont incapables de récupérer les voix des classes
populaires. Leurs appels pathétiques à Hollande pour qu’il fasse une vraie
politique de gauche ne convainquent pas plus les électeurs qu’ils ne font
ciller Hollande.
Conscients
que la politique violemment antiouvrière qu’ils mènent au pouvoir a aliéné au
PS une large fraction de l’électorat ouvrier et que leurs alliés habituels ne
réussiront plus à les ramener vers eux, Hollande et Valls en tirent les
conséquences en se tournant vers les électeurs du centre et de la droite.
La
petite cuisine politicienne de ces deux personnages coïncide avec une évolution
plus profonde du PS. Valls le répète avec constance depuis des années. En 2007,
quand le PS semblait pour longtemps dans l’opposition il déclarait : « Une grande partie des
idées de gauche se sont épuisées. Pour que le PS retrouve une crédibilité, il
doit être porteur d’un projet vraiment différent. » Revenu
au pouvoir, il persistait, déclarant en 2014 : « Il faut
se régénérer. Il faut changer de méthode. Il faut changer de
direction. Il faut changer de génération. Il faut changer de nom » car « le mot
socialisme ne veut plus rien dire ». Ou encore : « Il faut
en finir avec la gauche passéiste (…) hantée par son surmoi marxiste et par
le souvenir des Trente Glorieuses. » Ses modèles sont depuis
longtemps le Britannique Tony Blair ou l’Allemand Gerhard Schröder, qui ont non
seulement conduit dans la décennie précédente les réformes économiques exigées
par la bourgeoisie de leur pays respectif mais qui ont réussi en plus à couper
un peu plus leurs partis de leurs lointaines racines ouvrières.
En
quelque sorte, Hollande et Valls pourraient profiter des circonstances
politiques – l’émotion
suscitée par les attentats, l’ascension électorale
du Front national et la progression des idées réactionnaires
dans le pays – pour accélérer l’évolution du PS vers une sorte de
parti démocrate à l’italienne, sinon à l’américaine. En Italie, le Parti démocrate actuellement au pouvoir s’est formé, après moult péripéties depuis vingt-cinq ans, sur les débris du Parti
communiste italien (PCI) et de l’aile gauche de la Démocratie chrétienne.
Pendant des décennies, la bourgeoisie italienne avait tenu le PCI à l’écart du
gouvernement central malgré son poids électoral dans les classes populaires,
malgré ses milliers de notables à la tête de grandes villes ou de régions
entières. Même si les députés du PCI ont apporté leur soutien à nombre de lois
favorables à la bourgeoisie, cet ostracisme entraîna une instabilité politique
permanente. La formation du Parti démocrate a permis la mise en place d’une
alternance politique entre deux partis bourgeois, l’un de droite et l’autre de
gauche.
En
France, jusqu’à l’irruption persistante du FN, cette alternance a bien
fonctionné entre la droite héritière du gaullisme flanqué des centristes et le
Parti socialiste ressuscité par la grâce du Parti communiste à travers l’Union
de la gauche, deux partis qui avaient réglé son sort à leur surmoi marxiste
depuis bien longtemps.
Une
alternance bien rodée au service de la bourgeoisie
Depuis
quarante ans, la droite et la gauche alternent au pouvoir, dans un
contexte de crise générale du capitalisme qui se traduit par un chômage
toujours plus massif et une financiarisation croissante de l’économie. L’un
après l’autre, le suivant complétant le travail entamé par le précédent, les
gouvernements de droite ou de gauche, sous Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy
ou Hollande, ont facilité et accompagné les plans massifs de suppressions
d’emplois. Ils ont aidé la bourgeoisie à retirer ses capitaux des secteurs
devenus moins rentables pour les réorienter vers la finance ou d’autres
secteurs économiques. Ils ont mis en œuvre la dérégulation dans tous les
domaines où la bourgeoisie l’exigeait, privatisé les industries et les services
qu’elle réclamait. Ils ont financé le patronat à fonds perdus avec l’argent de
l’État, accordant subventions, exonérations et cadeaux de toutes sortes aux
entreprises au détriment des services publics utiles à la population. Étape
après étape, ils ont dégradé les conditions d’accès à la retraite, prolongeant
la durée de cotisation et réduisant le montant des pensions. Ils ont dégradé
les conditions d’accès aux soins et les remboursements médicaux. En attaquant
le Code du travail, en facilitant les accords d’entreprise au détriment de la
loi générale, en remettant en cause le CDI ou en promouvant le travail du
dimanche, Hollande, Valls et Macron poursuivent, en l’accélérant, la tâche de
leurs prédécesseurs. Mais ils sont allés jusqu’à reprendre à leur tour le
langage patronal.
La
gauche gouvernementale ne mena pas seulement une politique propatronale : pour
diviser les travailleurs et désigner
des boucs émissaires, elle n’hésita pas à faire preuve, elle aussi, de démagogie contre les immigrés. Mitterrand avait promis le droit de vote
aux élections locales aux étrangers travaillant en France, promesse qui ne fut
jamais tenue. Au lieu de quoi Fabius, Premier ministre en 1984,
affirma hypocritement que le FN donnait de mauvaises réponses mais posait
« de bonnes
questions ». En 1989, Rocard, Premier ministre, lança
sa fameuse phrase : « La France
ne peut pas accueillir toute la misère du monde. » Édith
Cresson, qui lui succéda à Matignon en 1991-1992, renvoya les sans-papiers dans
des charters, ironisant : « Ce sera
totalement gratuit et ce ne sera pas pour des vacances. » Elle interdit aux demandeurs d’asile de travailler et instaura des zones de
transit, précurseurs des centres de rétention. Finalement Valls, avec ses déclarations xénophobes
contre les Roms accusés « de ne pas
souhaiter s’intégrer en France » ou les migrants économiques « qui ont
vocation à
retourner dans leur pays », n’a fait
que pousser le curseur un peu plus loin. Sur le terrain sécuritaire et
sociétal, comme sur celui de l’économie, la gauche et la droite ont fini par
adopter le même langage.
Quant
à la politique étrangère, c’est un terrain sur lequel la gauche ne s’est jamais
autorisé la moindre divergence avec la droite, pas même dans le langage : pour défendre les intérêts des grands groupes français partout dans le monde, la gauche au
pouvoir n’hésita jamais à déployer tous les moyens commerciaux, diplomatiques
ou militaires. La Françafrique héritée de la période gaulliste fut poursuivie
sous Mitterrand puis ses successeurs. Les présidents de la République
successifs déclenchèrent des interventions militaires chaque fois que les
intérêts des capitalistes français l’exigèrent.
Le PS, au
service de la bourgeoisie depuis un siècle
La profonde loyauté des
dirigeants du Parti socialiste vis-à-vis de la bourgeoisie n’est évidemment ni
surprenante ni nouvelle. Depuis le soutien apporté en août 1914 à leurs
bourgeoisies respectives par les partis socialistes de toute l’Europe pour
jeter les travailleurs dans les tranchés de la Première Guerre mondiale impérialiste,
la SFIO et ses homologues européens sont passés dans le camp de la bourgeoisie.
C’est ce qu’exprima Rosa Luxemburg dès 1916 en qualifiant la social-démocratie
de cadavre puant. Par la suite, de Léon Blum à Hollande, en passant (par) Jules Moch, Mendès-France ou
Mitterrand, les socialistes au pouvoir ont toujours mené la politique exigée
par la bourgeoisie, dussent-il perdre les élections voire se suicider
politiquement pour plusieurs décennies comme le fit la SFIO de Guy Mollet entre
1956 et 1958 en intensifiant la guerre d’Algérie et donnant les pleins pouvoirs
à l’armée, y compris le recours à la torture.
Mais
si les partis socialistes sont morts depuis un siècle comme représentants des
intérêts des travailleurs, ils n’en continuèrent pas moins d’avoir du crédit et
de l’influence dans les rangs ouvriers. Ils conservaient, ne serait-ce que dans
leur nom, des traces de leurs racines ouvrières. Les dirigeants socialistes
avaient besoin de cette influence pour se faire élire par les classes
populaires. Et la bourgeoisie a eu besoin de ce crédit, soit pour canaliser et
enrayer la combativité de la classe ouvrière quand elle menaçait son pouvoir ou
exigeait des améliorations de son niveau de vie, soit pour faire accepter aux
travailleurs les sacrifices que la crise exigeait pour maintenir ses profits.
Ces deux nécessités obligèrent longtemps les dirigeants socialistes à conserver
un langage et des références qui pouvaient faire illusion auprès des
travailleurs. Tout en menant la pire politique au service de la bourgeoisie,
ils veillaient à l’habiller avec des discours sociaux.
La
complicité et les responsabilités du parti communiste
Le
Parti socialiste trouva, dès 1936 et le Front populaire, le soutien du Parti
communiste français pour désarmer politiquement la classe ouvrière. Et, en
dépit des divers changements de politique du PCF sous l’égide de Moscou ou en
fonction des intérêts de son appareil, et malgré la période de la guerre froide
où le PCF fut largement ostracisé, les deux partis nés au sein du mouvement
ouvrier ne cessèrent de tromper les classes populaires et sauvèrent les
intérêts fondamentaux de la bourgeoisie à chaque fois qu’ils étaient menacés.
Si
le PCF ne réussit pas à récupérer les voix perdues par le Parti socialiste au
pouvoir, malgré son actuelle opposition à Hollande, c’est qu’il a perdu toute
sa crédibilité avec l’Union de la gauche au pouvoir. Pour les mêmes raisons,
malgré les gesticulations d’un Mélenchon, le Front de gauche ne sera pas en
France ce que Syriza est en Grèce ou Podemos en Espagne.
Si
le PS put revenir au pouvoir en 1981, après vingt-trois ans d’opposition
et après avoir quasiment disparu ; si
Mitterrand, cet homme de droite qui avait commencé sa carrière politique sous le régime de Vichy et qui la poursuivit sous la IVè République
en étant onze fois ministre, put gagner l’élection présidentielle en
apparaissant comme un homme de gauche, ils le doivent au PCF. Quant Mitterrand
prit le contrôle de la vieille SFIO rebaptisée PS lors du congrès d’Épinay en
1971, la SFIO recueillait 5 % des suffrages quand le PCF en
recueillait plus de 21 %. Mitterrand put faire oublier
son passé de ministre pro-Algérie française et
prétendre incarner la rupture avec le
capitalisme seulement parce que le PCF, dans l’espoir d’être associé au gouvernement, en fit le candidat unique
de la gauche en 1974. Grâce au dévouement de dizaines de milliers de militants
communistes, qui vendirent le Programme commun, au sens propre comme au sens
figuré, aux travailleurs qui leur faisaient confiance, dans toutes les cités
ouvrières et les entreprises du pays, Mitterrand devint le champion de la
gauche, avant d’emporter les élections en 1981.
Le
PCF paya au prix fort le prix de cette politique d’alignement répété derrière
le PS. Ses électeurs le quittèrent au profit du PS, au point que Robert Hue,
candidat du PCF à la présidentielle en 2002, dépassa à peine les 3 %. Il
perdit, progressivement mais inexorablement, une partie de ses militants et
sympathisants, dans les entreprises et les quartiers populaires, découragés, déboussolés par les attaques et les trahisons
des partis de gauche au gouvernement. La place laissée vide par le
découragement d’une multitude de militants politiques, syndicaux, associatifs,
liés par un bout ou par un autre au PCF et à ses organisations satellites,
libéra le terrain pour l’individualisme, pour les idées et les organisations
religieuses ou communautaristes et plus généralement pour les idées
réactionnaires, et celle du Front national en particulier.
Ces
décennies d’alternances de la gauche au pouvoir ont achevé un processus
commencé bien avant, au moins dès 1936 : faire
disparaître la conscience de classe des travailleurs
en remplaçant les idées de lutte des classes par les notions
volontairement vagues et trompeuses de gauche et de droite ; en laissant
croire que les élections étaient le moyen de changer la société et que la
gauche pourrait gouverner dans l’intérêt des classes populaires sans renverser
l’État bourgeois. Elles ont achevé de faire perdre confiance aux travailleurs
dans leurs propres forces et dans leurs luttes. Ces reculs dans la conscience
de notre classe permettent à un parti profondément antiouvrier comme le Front
national de récupérer une partie des voix ouvrières.
Réimplanter
les idées communistes et révolutionnaires
Hollande
et Valls, en politiciens bourgeois, partent de cet état des lieux pour enterrer
la gauche et mettre le cap à droite toute ! Le PCF
et les diverses composantes de la « gauche de
la gauche » prétendent eux ressusciter cette gauche. Nul ne
sait si Hollande et Valls réussiront à concrétiser en termes d’appareil
politique ou d’alliance électorale le front droite-gauche qu’ils appellent de
leurs vœux. Nul ne sait quelles ruptures suivies de recomposition ces manœuvres
politiciennes provoqueront dans le PS et sur ses marges. Mais, pour notre part,
nous ne plaçons aucun espoir dans ces tentatives de recomposition qui se
déroulent dans le désintérêt quasi total de la classe ouvrière.
Nous
côtoyons, dans nos quartiers, nos entreprises, nos activités militantes, des militants
ouvriers politiques ou syndicaux, plus ou moins proches du PCF ou du Front de
gauche, profondément inquiets face à l’évolution réactionnaire de la société, à
la montée du Front national et au tournant droitier du PS, incarnés en
particulier par la répression contre des travailleurs en lutte, à Air France ou
chez Goodyear. Beaucoup de ces militants, qui ne veulent plus entendre parler
des appels à voter pour le PS ni des « fronts républicains », voudraient bien trouver une nouvelle voie électorale et regardent par exemple avec
espoir les résultats de Podemos en Espagne. Mais ils doivent tirer les leçons
toutes fraîches de l’expérience grecque de Syriza, qui vaut pour tous les pays : la
grande bourgeoisie et ses mandataires politiques à la tête des principaux États impérialistes ne
tolèrent pas qu’un gouvernement cherche à desserrer l’étau de la dette, qu’il
rechigne à pressurer les classes populaires de son pays et à canaliser toute la
richesse créée par les travailleurs vers les banques ou les grands actionnaires.
Dans cette période de crise aiguë du capitalisme, il n’y a pas de place pour
une politique réformiste. Comme l’écrivait déjà Trotsky en janvier 1932, à
propos de la social-démocratie allemande : « La crise
présente du
capitalisme agonisant contraint la social-démocratie à renoncer aux fruits de
la longue lutte économique et politique et à ramener les ouvriers allemands au
niveau de vie de leurs pères, de leurs grands-pères, de leurs
arrière-grands-pères. Il n’existe pas de spectacle historique plus tragique et
en même temps plus repoussant que la décomposition nauséabonde du réformisme au
milieu des débris de toutes ses conquêtes et de toutes ses espérances. » [1]
Les
militants qui ne se résignent pas à voir les générations actuelles revenir aux
conditions de vie de leurs parents ou leurs grands-parents ne doivent pas dilapider
leur énergie en redonnant vie au « cadavre
nauséabond du réformisme ». Ces militants, vaccinés contre la gauche gouvernementale, inquiets
face à la montée des idées réactionnaires
dans la société et à la perte
de repère au sein de leur propre classe, ne doivent
pas placer leur confiance dans tel ou tel « bon
leader » mais dans les travailleurs eux-mêmes. Ils ne doivent pas miser sur une
nouvelle combinaison électorale,
mais sur le retour de la combativité ouvrière et sur les explosions sociales futures que
la soif de profit sans limite des capitalistes ne manquera pas de provoquer.
Dans
cette perspective, la classe ouvrière a besoin d’un parti communiste et
révolutionnaire. La tâche des militants ouvriers est de réimplanter la
conscience que la société est divisée en deux grandes classes dont les intérêts
sont opposés, la conscience que les travailleurs produisent tout et qu’ils font
tout tourner dans la société, la conscience que le véritable pouvoir n’est pas
entre les mains des présidents, des ministres ou des députés, mais des grands
actionnaires et des banquiers, la conscience qu’il ne suffira pas de voter pour
leur arracher ce pouvoir, mais qu’il faudra les exproprier. Ce ne sont pas les
« valeurs
de la gauche » qu’il faut défendre,
mais les valeurs du mouvement ouvrier, à commencer par l’internationalisme, le
rejet de toute « union nationale », le rejet du protectionnisme ou du
souverainisme. S’atteler à la reconstruction d’un parti qui défend un
tel programme, entraîner un
par un ceux des travailleurs qui ne se résignent pas et les armer
politiquement, telle est la tâche la plus urgente du moment.
26 janvier 2016