Les habitudes alimentaires révélatrices des inégalités sociales et
de l’abandon des quartiers populaires
L’ouverture il y a quelques jours
sur l’avenue Gabriel Péri d’une nouvelle boutique-« fast-food »
vendant des « burgers » pas chers a entraîné de nombreuses réactions de
protestation contre l’aggravation de problèmes de circulation routière sur une
voie déjà difficile, mais surtout contre la tendance à la « kébabisation »
des commerces du centre-ville. Cela s’aggravant alors que d’autres commerces
s’adressant à d’autres habitants peu friands de
« burgers » disparaissent. Lire à ce propos ce que nous écrivions hier
à propos de la fermeture de la boutique « Nicolas ».
Cette
situation amène à réfléchir à différents niveaux.
Il
y a celui de l’évolution des goûts et des habitudes alimentaires. La jeunesse
actuelle en général est plus attirée par la cuisine « fast-food » que
par le pot-au-feu. Au-delà du problème de goûts différents, c’est certes un
problème de santé publique. Les victimes de la « malbouffe » seraient
en nombre plus important que celles dues au tabagisme. Et que fait l’École pour
l’éducation de tous sur ce plan ? Le site internet de la Ville a beau
régulièrement parler de la nécessité de la lutte contre l’obésité, les actes ne
suivent guère.
Sur
ce plan, la responsabilité des collectivités locales est majeure. Le collège et
le lycée pourraient être des moments de cette éducation alimentaire nécessaire,
d’autant plus qu’il y a des établissements scolaires où ce sujet est au cœur
des préoccupations. Je pense au lycée Georges Braque de la Ville. Mais la
remise au privé d’une partie de la restauration scolaire du secondaire ne va,
en revanche, pas dans le bon sens. Et n’oublions pas que les jeunes
d’aujourd’hui sont les enfants des deux générations précédentes déjà éduquées
aux enseignes de fast-food.
À
Argenteuil, ce que nous reprochons à la municipalité, c’est que cette question
n’est ni au cœur de sa réflexion ni au centre de ses actes.
Elle
nous parle de sa volonté de redynamiser le commerce local. Soit, mais jusqu’à
présent aucune réflexion n’a été menée publiquement sur le sujet qui nous
intéresse présentement : quelle ville commerciale nous voulons ? Quelle
ville de la diversité alimentaire ? Qu’en est-il localement du drame de la
malbouffe ?
Avec
AB-Habitat qui dispose aussi de coques commerciales, la municipalité a le
pouvoir de permettre l’ouverture de tel ou tel commerce, de l’encourager en
particulier. La réalité de son action est loin des problèmes que nous
soumettons ici.
Ce
ne sont pas les initiateurs de ces commerces décriés qui sont à blâmer, et
encore moins les consommateurs. Le premier coupable est un environnement social
et politique que ces problèmes n’intéressent pas vraiment. Il est vrai qu’ils
concernent notre classe et ses différentes fractions, de génération, ou
d’origine.
Pour
terminer, il m’est arrivé de manger un bon « burger-maison » avec de
la bonne viande, dans le seul restaurant du centre-ville s’adressant à toutes
les clientèles et à tous les goûts. Mais il fallait y mettre le prix. Certes,
il était servi à table. Mais entre 15 ou 16 euros et les 2 ou 2,40 euros pour
un « burger », il y a une sacrée différence… sociale de revenus.
Vive
la bonne alimentation pour tous ! Vive les salaires qui la
permettent ! Que vive demain une société vraiment soucieuse de la santé de
tous ! DM (demain, retour sur la
question des transports et du « covoiturage »)