“L’Amérique
face à l’holocauste”: ce que fut la politique des États-Unis face aux
persécutions antijuives des nazis
08 Novembre 2023
Les 17 et 18 octobre, Arte
diffusait un documentaire de six heures : L’Amérique face à l’Holocauste,
version française de The US and the Holocaust (2022, 2023) de l’auteur
Geoffrey C. Ward et des réalisateurs Ken Burns, Lynn Novick et Sarah Borstein.
Au moment où les dirigeants
américains se présentent comme de grands combattants contre les persécutions
antijuives, cette série est un rappel utile. Elle montre quelle fut la
politique des États-Unis, sous Roosevelt, vis-à-vis des persécutions subies par
les Juifs d’Allemagne, puis d’autres pays européens, politique qui fut définie
comme « les bras fermés de l’Amérique ».
L’arrivée de Hitler au pouvoir en
janvier 1933 posa immédiatement pour la population juive la question :
pouvait-on échapper à l’antisémitisme officiel du régime, traduit tout de suite
en mesures restrictives pour les Juifs dans divers domaines, en fuyant à
l’étranger ? Ces mesures s’accompagnaient de nombreuses violences dont le
point d’orgue fut la « Nuit de cristal » des 9 et 10 novembre 1938.
Les destructions de synagogues, d’appartements, d’entreprises juives étaient
accompagnées de l’internement de milliers de Juifs dans des camps pour des périodes
variables, avant d’en arriver plus tard à la politique d’extermination.
Une conférence internationale sur
la crise des réfugiés fut réunie à Évian en juillet 1938, à l’appel du
président Franklin Roosevelt, avec des représentants de 32 pays. La quasi-totalité,
les USA inclus, refusèrent de modifier leurs lois d’immigration pour accueillir
les réfugiés Juifs. Les tenants de la politique de Roosevelt invoquaient
notamment le contexte existant aux États-Unis pour justifier leur passivité,
avec le problème du chômage de masse, qui avait explosé à partir de 1932 au
travers de la Grande Dépression, puis s’était réduit mais sévissait à nouveau.
Mais les mêmes invoquaient aussi
l’hostilité marquée d’une majorité de la population américaine à l’accueil de
nouveaux immigrants, dans l’esprit des lois de 1924 qui avaient interdit toute
immigration d’Asie et institué des quotas, d’autant plus faibles qu’ils
concernaient les populations les plus à l’Est de l’Europe ! Cette
hostilité était de plus ouvertement exprimée par des personnalités antisémites
comme Henry Ford, le magnat de l’automobile, ou le prêtre Coughlin qui, dans
des émissions de radio, accusait les Juifs de manipuler les institutions
financières et de conspirer pour contrôler le monde.
Tout cela se déroulait dans un
pays où la ségrégation envers les Noirs se perpétuait. L’administration
américaine mit en place ou appliqua rigoureusement les obstacles à l’accueil de
réfugiés prévus dans les lois sur l’immigration, qui exigeaient de la part des
demandeurs des lettres de recommandation, des visas de sortie et de transit,
ainsi que le versement de milliers de dollars. À la mi-1938, près de
140 000 Allemands et Autrichiens, la plupart juifs, avaient déposé des
demandes de visa américain. Durant l’année, ce nombre atteignit 300 000,
créant une liste d’attente pour onze ans.
Un autre drame survint lorsque,
en mai 1939, le navire M.S. St Louis, transportant 937 passagers, pour
la plupart des Juifs de Hambourg, vers La Havane, ne put en laisser débarquer
que vingt-huit à son arrivée à Cuba. S’étant alors dirigé vers Miami, il fut
repoussé selon les dispositions des lois américaines sur l’immigration et
contraint de regagner l’Europe, où beaucoup de passagers allaient périr dans
les camps.
Un article du New York Times
du 2 septembre 2022 se lit comme une condamnation de la politique américaine
envers les victimes du régime hitlérien : « Même après la fin de
la guerre, alors que les actualités cinématographiques avaient montré les
libérateurs américains stupéfaits par la vision des cadavres ambulants et des
empilements de corps, les antisémites du Département d’État et du Congrès
continuèrent de résister. Résultat : des dizaines de milliers de
survivants juifs restèrent entassés jusqu’en 1950 dans des camps sommaires de
personnes déplacées, alors que des collaborateurs des nazis en Ukraine,
Lituanie, Estonie et Lettonie étaient laissés libres parce que considérés comme
de solides anticommunistes. »
Jean
MASSARDIER (Lutte ouvrière n°2884)
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