Toussaint
Louverture : Macron trafique l’histoire
03 Mai 2023
Le 27 avril, Macron s’est rendu
au fort de Joux, dans le Jura, pour un discours prétendant rendre hommage à
Toussaint Louverture, héros de la lutte contre l’esclavage et pour l’indépendance
d’Haïti. C’est dans cette prison glacée qu’il avait été enfermé sans jugement
par Bonaparte, et laissé sans soins jusqu’à sa mort le 7 avril 1803.
Le préfet avait interdit toute
manifestation sur le lieu du discours, avant d’annuler son arrêté à la dernière
minute. Cela n’a pas empêché un escadron de gendarmerie de retenir plus de 200
manifestants à un kilomètre de là. Ainsi carapacé, Macron a pu entonner un
hommage à Toussaint Louverture, « combattant inlassable de la lutte
pour la liberté », ce qui ne manque pas de sel. Car la filiation d’un
Macron, c’est plutôt du côté de l’État français qu’il faut la chercher, le
bourreau de Toussaint.
En Haïti, la libération de
l’esclavage avait été conquise en août 1793 de haute lutte, par les esclaves eux-mêmes,
sous la direction de Toussaint, ancien esclave affranchi. Il devint gouverneur
de la colonie, et le premier général noir de la République.
Mais bientôt la France voulut
rétablir l’ordre. En 1802, Bonaparte réussit à rétablir l’esclavage dans les
colonies… sauf à Haïti. Ce fut grâce au soulèvement de tout le peuple, malgré
les horreurs et les déchaînements racistes des colons blancs et du corps
expéditionnaire envoyé de la métropole.
Au cours de cette lutte,
Toussaint Louverture fut fait prisonnier par traîtrise et expédié en prison en
France, au fort de Joux. Mais son élimination ne permit pas au corps
expéditionnaire de triompher. Son chef, le général Leclerc, écrivit à
Bonaparte : « Ce n’est pas tout d’avoir enlevé Toussaint, il y a
ici 2 000 chefs à faire enlever. » Un corps expéditionnaire de la
plus puissante armée d’Europe, fort de 22 000 hommes et 86 vaisseaux, se
heurtait à une population qui avait appris à se battre. Le 18 novembre 1803, la
bataille de Vertières, dans le Nord d’Haïti, obligea les troupes envoyées par
Bonaparte à capituler et cette première guerre coloniale perdue par la France
déboucha sur l’indépendance d’Haïti.
Macron ne sera jamais qu’un valet
de la bourgeoisie parmi d’autres, tandis que le nom de Toussaint Louverture continuera
d’évoquer un moment glorieux dans le long combat des opprimés pour leur
émancipation.
Jean SANDAY (Lutte ouvrière n°2857)