Aujourd’hui
comme hier, socialisme ou barbarie
L’assassinat d’un enseignant par
un jeune fanatisé, inspiré par un courant fasciste qui se revendique de
l’islam, est une abjection.
Tous ceux qui se revendiquent de
la classe ouvrière et de l’émancipation sociale dont elle est porteuse doivent
combattre autant ce courant d’extrême droite qui cherche à mettre sous sa coupe
les musulmans, ou ceux qu’il considère comme tels, que l’extrême droite
fasciste de l’autre bord, qui s’attaque aux mosquées et aux immigrés.
Ils doivent les combattre non
seulement pour défendre la liberté d’expression, mais aussi avec la conscience
que ces deux courants s’alimentent mutuellement. Tous les deux ont pour but
d’imposer leur pouvoir, l’un sur ce qu’il considère comme sa communauté,
l’autre, si les circonstances le lui permettent, à l’échelle du pays. Il faut
les combattre, non pas au nom de la république, ou de la démocratie, ou même de
la liberté d’expression, mais avec la claire conscience que le pouvoir que ces
courants veulent créer est dictatorial. Sa fonction sera de sauvegarder l’ordre
social basé sur l’exploitation, à des moments critiques, lorsque les formes « républicaines » ou « démocratiques » de la dictature du capital se révéleront
incapables de le faire.
Avant même que ces courants
atteignent leur objectif pour enrôler des troupes, chacun dans son camp, ils
divisent le mouvement ouvrier, dressent les travailleurs les uns contre les
autres. Avant même que leur mainmise sur l’appareil d’État devienne un fait,
elle s’exerce sur les consciences.
Le capitalisme sénile en crise
fait surgir ou ressurgir de ses entrailles d’innombrables problèmes dans
différents endroits du monde. Aux États-Unis, le mouvement de protestation des
Noirs contre les violences policières a vu apparaître au grand jour des milices
suprémacistes. Ce capitalisme en putréfaction a fait ressurgir le Ku Klux Klan
et multiplié les courants conspirationnistes, variante moderne du foisonnement
de courants mystiques au Moyen Âge face à la pandémie de peste. Et pourtant,
les idées obscurantistes que ces courants reprennent à leur compte ne sont pas
une survivance du Moyen Âge.
Ce n’est pas le passé qui se
saisit du présent. C’est le produit d’une société qui a été capable d’envoyer
des hommes sur la Lune, mais qui est incapable de dominer sa vie économique et
sociale. Il y a presque un siècle que Trotsky avait relevé l’anachronisme entre
des idées et des institutions de l’Église catholique et le fait que les paroles
du pape puissent être transmises à Lourdes par les ondes radio : « Et que peut-il y avoir de plus
absurde et de plus repoussant que cette combinaison de l’orgueilleuse technique avec la sorcellerie du
super-druide de Rome ! En vérité la pensée humaine est embourbée dans ses
propres excréments. » (Journal
d’Exil).
Le capitalisme agonise. Il menace
d’entraîner la société humaine avec lui. Il ne disparaîtra pourtant pas tout
seul. Il ne disparaîtra que lorsque le prolétariat prendra conscience du rôle
essentiel qu’il a à assumer dans la transformation sociale.
Tous ceux qui prétendent réagir
à la barbarie qui monte dans la vie sociale en mettant en avant la république,
la démocratie, la laïcité, contribuent à dissimuler la réalité d’une société de
classes, féroce en permanence dans les pays les plus pauvres, mais qui devient
de plus en plus féroce aussi dans la partie riche, impérialiste. Le pire régime
du 20e siècle n’était pas
une des innombrables dictatures des pays pauvres : c’était l’Allemagne de Hitler, le
pays d’Europe le plus riche et avec un plus haut niveau de culture et
d’éducation.…
La crise économique qui perdure
et s’aggrave se traduit déjà par l’accroissement de la pauvreté, même dans les
pays les plus riches. Après avoir engendré sidération, inquiétude, angoisse
dans toutes les classes ou couches sociales qui en sont victimes, elle
engendrera la colère. L’instabilité économique engendrera inévitablement
l’instabilité sociale. Si la bourgeoisie impérialiste sent une menace contre
l’ordre social qu’elle domine, et à plus forte raison contre son pouvoir, elle
se battra bec et ongles pour les préserver. Elle s’emparera de n’importe quel
instrument politique que la situation et le développement de la lutte des
classes lui offriront.
Tous les courants politiques qui
aspirent au pouvoir dans le cadre du capitalisme agonisant posent leur
candidature au rôle d’hommes de main de la bourgeoisie. Dans les pays
impérialistes, c’est l’extrême droite qui, tout en faisant pour le moment des
efforts pour s’intégrer dans le jeu parlementaire de la démocratie bourgeoise,
abrite et couvre des courants fascisants. Dans les pays pauvres, c’est le
fanatisme religieux qui peut se revendiquer de l’islam, du bouddhisme, de
l’ethnisme.
La crise
et ses menaces
La crise entraînera de plus en
plus de changements dans les rapports sociaux. Tout d’abord, entre la grande
bourgeoisie dominante et la classe ouvrière. La façade pseudo-démocratique des
pays impérialistes, incapables de faire face à la crise, craque de toutes
parts. L’évolution à la fois autoritaire et conservatrice se dessine déjà
derrière la forme démocratique que continuent de revêtir les pays
impérialistes.
Aux États-Unis, Trump n’est pas
seulement un incident dans l’évolution politique de la principale puissance
impérialiste. Qu’il soit réélu ou pas, les troupes qui le soutiennent, qui se
reconnaissent en lui, seront toujours là. En resteront-elles au soutien
électoral ? L’avenir et
l’évolution de la crise le diront. L’envolée de la
vente d’armes, de l’ordre de 20 %, paraît-il, n’est pas
anecdotique. Ces troupes pèseront
sur la situation politique, avec leurs préjugés crasses, associés à leur
aspiration au rôle de « parti de l’ordre ».
Ici même, en France, la crise
sanitaire et les mesures gouvernementales pour la combattre sont un moyen
d’embrigader la population pour l’habituer à obéir. La pandémie et les moyens
employés pour la freiner ne servent pas seulement à dissimuler les
responsabilités passées et présentes de l’État dans l’insuffisance criminelle
des moyens matériels et humains de l’hôpital public. Ils sont utilisés pour
préparer un avenir plus autoritaire. Par un tout autre cheminement, plus
ouvertement politique, les mesures prises au nom de la lutte contre le
terrorisme islamiste vont dans le même sens. Aussi éloignées qu’elles soient
l’une de l’autre, la crise sanitaire et la réaction gouvernementale au
terrorisme ont en commun d’être utilisées pour susciter « l’unanimité
nationale », avec
une connotation autoritaire.
On ne peut même pas dire que
c’est une évolution vers la droite car, de Le Pen à Mélenchon, les discours des
politiciens se ressemblent de plus en plus.
La crise changera aussi le
rapport de force entre les différentes couches ou catégories sociales victimes
du capitalisme.
Il ne faut pas surestimer les
réactions de cette frange de la petite bourgeoisie, propriétaires de bars,
restaurants, salles de sport ou de spectacles, etc., qui proteste bruyamment
contre des mesures qui touchent ses revenus et qu’elle considère comme injustes
à son égard. Mais il ne faut pas non plus négliger l’avertissement que cela
représente pour le futur. Même les catégories petites-bourgeoises qui se font
le plus entendre en ce moment n’en sont pas à se battre, loin de là. Mais elles
pourraient se mettre en mouvement bien avant que la classe ouvrière ne le fasse
avec ses moyens.
L’avenir dépend dans une large
mesure de la capacité de la classe ouvrière à réagir, à se mobiliser et à
combattre le capitalisme avec ses armes et ses perspectives de classe. Mais
tout dépend de la politique ou de la perspective au nom de laquelle le
prolétariat se mobilise. C’est là où le rôle du courant communiste
révolutionnaire peut être déterminant. Aussi minoritaire qu’il soit
aujourd’hui, lui seul défend la perspective qui peut représenter un avenir pour
la société : le renversement du pouvoir économique et étatique
de la bourgeoisie.
Il est vital que ces idées soient
présentes dans la classe ouvrière. Il est vital qu’elles ne soient pas
perverties, compromises, par les courants majoritaires dont les uns défendent
ouvertement le capitalisme et les autres ne le combattent pas. À un certain
niveau de la lutte des classes, ces deux courants confluent.
Alors, il faut que tous ceux qui
se revendiquent du courant communiste révolutionnaire soient fiers de leurs
idées, fiers de représenter la conscience de la classe ouvrière et s’accrochent
à leurs activités. D’autant et plus encore par les temps difficiles qui
attendent la classe ouvrière. La bourgeoisie continuera à l’attaquer d’autant
plus fort qu’elle tardera à réagir. Les temps seront difficiles si la réaction
vient principalement voire uniquement de la petite bourgeoisie. Car, sans que
l’histoire se répète à l’identique, la bourgeoisie peut se servir d’elle pour
défendre le système capitaliste, y compris en s’appuyant sur des couches
sociales qui en sont victimes.
Il faut garder le drapeau
communiste et surtout les perspectives qu’il représente, car c’est la seule
alternative au recul vers la barbarie dans laquelle le capitalisme entraîne le
genre humain.
21 octobre 2020
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