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vendredi 4 mars 2016

CPE 2006 – loi El Khomri 2016 : la jeunesse en ligne de mire. Un article extrait de notre hebdomadaire Lutte ouvrière en vente dans les kiosques et lors de la permanence LO de ce vendredi de 17 heures 15 à 18 heures 15, lieu habituel « carrefour Babou »



Il y a dix ans : le mouvement contre le CPE

 En janvier 2006, le contrat première embauche (CPE) avait été présenté par le gouvernement de droite de Villepin comme un outil de la lutte contre le chômage des jeunes. Le CPE, destiné aux jeunes de moins de 26 ans, était assorti d’une période de consolidation de deux ans, pendant laquelle le patron pouvait rompre le contrat de travail sans indiquer de motif. Si le salarié rompait le contrat, il était considéré comme démissionnaire et n’avait pas droit au chômage. Présenté dans la « loi pour l’égalité des chances », le CPE condamnait les jeunes travailleurs à une précarité légalisée, tout en étant pain béni pour le patronat.
    La riposte ne se fit pas attendre. Des manifestations rassemblèrent vite des centaines de milliers de jeunes, en partie à l’appel des syndicats étudiants et lycéens, dont les directions étaient souvent liées au Parti socialiste (UNEF, UNL…). En même temps, des dizaines d’universités étaient en grève. Sans doute hanté par le spectre de Mai 68, le gouvernement envoya les CRS évacuer la Sorbonne, qui resta interdite d’accès pendant un mois et demi.
    Le 28 mars, lors d’une grève interprofessionnelle, puis de nouveau le 4 avril, 1 à 3 millions de personnes manifestaient. Ce n’était plus seulement les jeunes, mais tout le monde du travail qui se mobilisait. Le 10 avril, alors que la loi avait été votée et même promulguée, le gouvernement dut annoncer le retrait du CPE.
    Comme le montra cette mobilisation, le gouvernement le plus propatronal, le plus arrogant peut être obligé, sous la pression de la rue, à manger son chapeau. Puissent les leçons de 2006 être utiles en 2016 !

                                                                   Michel BONDELET
 

 
 

mercredi 11 novembre 2015

11 novembre 1918 - 11 novembre 2015 : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage » Jean-Jaurès


11 novembre 1918 : la fin d'une boucherie qui en annonçait d'autes 

 

Il y a 97 ans, le 11 novembre 1918, finissait la Première Guerre mondiale. Le fracas des canons et le sifflement des obus se taisaient enfin sur le front occidental, dans les campagnes, les villages et les villes dévastés par plus de quatre ans de guerre.

          Du côté des peuples, les morts, les blessés, les invalides, les veuves, les orphelins se comptaient par dizaines de millions. Les historiens dénombrent environ 9 millions de morts sous l'uniforme : 1 800 000 pour l'Allemagne, 1 400 000 pour la France... En France, un mobilisé sur six n'était pas revenu, 10 % des hommes actifs. Les populations civiles n'avaient pas été épargnées : on comptait 2 000 000 de morts civils en Russie, 1 000 000 en Serbie et Autriche-Hongrie, 800 000 en Allemagne, 800 000 en Roumanie du fait de la famine, des bombardements, sans compter le massacre des Arméniens ni les ravages de la grippe « espagnole », d'autant plus meurtrière qu'elle frappait des populations épuisées.

          Et tout cela pourquoi ? En fait la mort d’un archiduc autrichien le 28 juin 1914 n'avait fait que fournir un prétexte au déclenchement d'un conflit qui se préparait depuis longtemps, mettant face à face deux camps.

          Dans ce monde entièrement partagé entre les grandes puissances coloniales d’alors, il ne pouvait plus y avoir désormais que des repartages. Les capitaux accumulés dans les pays impérialistes cherchaient des débouchés dans les pays coloniaux ou semi-coloniaux, non dans le but de les développer mais avant tout de s'assurer des profits en retour. « Le capitalisme s'est transformé en un système universel d'oppression coloniale et d'asphyxie financière de l'immense majorité de la population du globe par une poignée de pays « avancés ». Et le partage de ce butin se fait entre deux ou trois rapaces de puissance mondiale, armés de pied en cap [...] qui entraînent toute la terre dans leur guerre pour le partage de leur butin », écrivait Lénine en 1916.

          Au plus fort de la guerre, dans l'horreur des tranchées, beaucoup avaient juré que celle-ci serait bien la « der des der », car ils pensaient qu'après cette expérience jamais une humanité raisonnable ne pourrait envisager de retomber à un tel degré d'abomination. Il n'allait pas en être ainsi. À peine la Première guerre mondiale pour le partage du monde terminée, on pouvait sentir poindre la seconde, qui viserait à remettre en cause le partage organisé par les traités de paix de 1919. Et en effet, après le krach boursier de 1929, la marche à la guerre allait reprendre.

          « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage », avait dit Jean Jaurès, assassiné trois jours avant la déclaration de guerre du 3 août 1914. Deux fois au cours du XXe siècle, le système capitaliste s'est montré capable de précipiter le monde dans des guerres généralisées.         Aujourd'hui, le système impérialiste montre qu'il n'est pas moins fou en 2015 qu'il ne l'était en 1914, en 1929 ou en 1939. Ce système aberrant, injuste, basé sur la recherche effrénée du profit, comporte toujours pour l'humanité la même menace de plongée dans la barbarie. C'est d'abord de cela qu'il faut se souvenir aujourd'hui.
 

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jeudi 6 août 2015

Hiroshima, Dresde : le terrotisme d'Etat. Un article de l'hebdomadaire Lutte Ouvrière de 2005, toujours d'actualité dix ans plus tard.


Il y a 60 ans - Hiroshima et Nagasaki

 

Il y a soixante ans, le monde a pris conscience de la formidable capacité de destruction des armes nucléaires. Depuis, cette prise de conscience fait partie de notre univers mental. La guerre atomique a plusieurs fois été présentée comme un risque imminent, au cours de la Guerre Froide. On en a parfois évoqué la possibilité lors des guerres de libération de peuples colonisés. C'est encore son spectre que les grandes puissances utilisent pour revendiquer le monopole nucléaire, parlant cyniquement de «non-prolifération de l'arme atomique».

Ces jours-ci, c'est le battage médiatique autour des capacités nucléaires, réelles ou supposées, de l'Iran. Ces quinze dernières années, le péril venait plutôt de la Corée du Nord. Avant, on avait montré du doigt l'Irak de Saddam Hussein, et bien d'autres États du Tiers Monde qui étaient dénoncés comme de potentiels fauteurs de guerre atomique.

Il n'empêche que jusqu'à présent les États-Unis sont les seuls à avoir réellement utilisé la bombe atomique, il y a soixante ans, à Hiroshima et Nagasaki. Et ce seul fait montre toute l'hypocrisie des dirigeants de la première puissance impérialiste mondiale quand ils dénoncent les «armes de destruction massive» de tel ou tel État du Tiers Monde.

Il n'empêche aussi que la France, dont le président Mitterrand fit couler le navire GreenPeace, le Rainbow Warrior parce qu'il aurait pu troubler ses essais nucléaires à Mururoa, et dont le successeur, Chirac, fit reprendre ces essais en 1995, est assez mal placée pour donner des leçons à l'Iran, ou à d'autres, sur ce sujet.

Le 6 août 1945, un bombardier américain larguait une seule bombe, mais une bombe atomique, sur la ville japonaise d'Hiroshima. En quelques secondes, cette ville industrielle était rasée. 150 000 personnes périrent. Le 9 août, une seconde bombe atomique était lancée sur Nagasaki, faisant plus de 70 000 morts.

La plupart des articles et les émissions de télévision qui commémorent le soixantième anniversaire de cette hécatombe expliquent que, si les dirigeants américains ont décidé d'utiliser la nouvelle arme atomique tout juste mise au point contre ces deux villes, c'était pour mettre plus vite fin à la guerre mondiale. C'est une contre-vérité.

Que la décision du président Truman d'utiliser l'arme atomique n'ait pas été prise pour des raisons militaires, c'est ce que confirme dans ses mémoires l'amiral Leahy, chef d'état-major de Roosevelt puis de Truman: «L'utilisation à Hiroshima et Nagasaki de cette arme barbare ne nous a pas aidés à remporter la guerre (...) En étant le premier pays à utiliser la bombe atomique, nous avons adopté (...) la règle éthique de barbares.»

La puissance dévastatrice de la bombe atomique aida les dirigeants japonais à faire accepter à leur peuple une capitulation sans condition qu'ils avaient jusque-là refusée.

Mais, quoi qu'ils aient dit, ils étaient prêts à capituler dès mai-juin 1945, à la seule condition que les Alliés acceptent le maintien de l'empereur. Et de leur côté les États-Unis étaient prêts à faire cette concession. Un rapport du Département d'État avait souligné dès 1943 que le maintien de l'institution impériale serait un «facteur important en vue de l'établissement d'un gouvernement d'après-guerre stable et modéré».

Or il y avait un risque sérieux que l'appareil d'État japonais s'effondre à la suite de la capitulation, avant que les troupes américaines ne débarquent (elles étaient encore à 500 km), contrairement à l'Allemagne qui était totalement occupée, et donc sous contrôle, au moment de sa capitulation.

Mais les États-Unis poursuivaient d'autres objectifs que de hâter la capitulation du Japon. Comme tous leurs alliés, y compris l'URSS de Staline, ils étaient hantés par la crainte qu'une profonde révolte ne soulève les peuples, particulièrement ceux des puissances vaincues, contre la bourgeoisie et les dirigeants responsables de cette guerre qui avait causé tant de souffrances et d'horreurs.

Ils craignaient l'éclatement de troubles révolutionnaires semblables à ceux qui avaient marqué la fin de la Première Guerre mondiale. L'ordre social en avait été dangereusement déstabilisé. La Révolution russe avait ouvert une longue période d'instabilité, de mouvements révolutionnaires, d'insurrections et de guerres civiles, et de soulèvements contre l'impérialisme dans les pays pauvres ou colonisés.

A bien des égards le Japon ressemblait d'ailleurs à la Russie de 1917: des millions de paysans maintenus sous le joug d'une structure sociale arriérée, des classes dominantes pleines de morgue, un régime militariste et bureaucratique sur le point d'être vaincu, une classe ouvrière surexploitée mais moderne et très concentrée.

C'était déjà pour prévenir tout esprit de révolte chez les opprimés que les États-Unis et l'Angleterre avaient pratiqué les bombardements terroristes contre les villes allemandes et japonaises, dès que leurs avions avaient pu les atteindre. En février 1945 Dresde, ville sans intérêt militaire qui abritait des dizaines de milliers de réfugiés, avait été rasé. Il y aurait eu 135 000 morts, presque autant qu'à Hiroshima. Mais il avait fallu déployer plusieurs milliers de bombardiers et de chasseurs, lancer 650 000 bombes incendiaires et des dizaines de milliers de bombes classiques pour obtenir le même résultat qu'un seul avion porteur d'une bombe atomique de 4,5 tonnes.

L'utilisation de la bombe atomique fut une gigantesque et effrayante démonstration de force des États-Unis: à l'égard du peuple japonais d'abord, qu'il contraignit à accepter le maintien de l'empereur et de l'appareil d'État qui l'avait mené à la catastrophe; à l'égard de l'Union soviétique, alliée alors mais héritière lointaine de la Révolution russe; enfin à l'égard des travailleurs et des peuples opprimés du monde entier tentés de se révolter. A tous ceux-là, la menace de la terreur nucléaire devait inspirer le respect de l'ordre impérialiste.

Le feu nucléaire qui s'abattit sur Hiroshima et Nagasaki éclaire le vrai visage de la prétendue «croisade des démocraties contre le fascisme» qu'aurait été - pour les défenseurs des puissances capitalistes alliées - la Seconde Guerre mondiale.

                                                                             Vincent GELAS

mercredi 26 novembre 2014

Avortement : un droit gagné de haute lutte toujours à défendre et à appliquer



La légalisation de l’avortement a 40 ans

Il y a 40 ans, la loi Veil était votée. Il avait fallu des années de combat pour imposer le droit élémentaire des femmes à disposer de leurs corps, et pour que l’avortement soit légalisé, mais avec des restrictions matérielles et légales qui en limitent encore l’accès.
Aujourd’hui, d’après le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, « 5 % des établissements publics et 48 % des établissements privés pratiquant l’IVG ont fermé ces dix dernières années, soit plus de 130 établissements au total ».
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, peut bien présenter à l’Assemblée nationale un texte réaffirmant le droit des femmes à l’IVG, l’accès plein et entier à cette liberté reste encore à conquérir.
                                                       
Manifestation du Mouvement pour la Libération de l'Avortement et de la Contraception


Simone Veil défendant le texte devant une assemblée d'hommes (9 femmes députées pour 421 hommes)




dimanche 2 novembre 2014

Indépendance algérienne : il y a 60 ans débutait la Guerre d'Algérie. Un article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière



Il y a 60 ans, 1er novembre 1954 : le début de la guerre d'Algérie

Le 1er novembre 1954, des bombes explosaient à Alger et dans différents lieux, marquant le début de la guerre d'Algérie. Les jours de la domination française, vieille alors de 124 ans, étaient comptés. Le pouvoir colonial allait user systématiquement de la torture, des sanctions collectives, déporter des centaines de milliers de paysans dans des zones contrôlées par l'armée française, sans pouvoir venir à bout de la détermination des Algériens à combattre l'oppression dont ils étaient victimes. Le 5 juillet 1962, après huit ans de guerre et un million de morts, l'Algérie serait indépendante.
   Les militaires français avaient pris pied en Algérie en 1830, avant de se lancer dans ce qu'ils nommèrent eux-mêmes une guerre de ravageurs. La tactique du général Bugeaud se résuma à tout détruire sur son passage pour anéantir les populations. L'avancée des soldats signifiait des assassinats en masse, des villages entiers brûlés, des troupeaux et des terres dévastés. En 1845, de 500 à 1 500 hommes, femmes et enfants réfugiés dans une grotte furent tués, car un de ces colonels ravageurs décida d'attiser un feu durant 18 heures à son entrée pour les asphyxier. Ces actes de barbarie vinrent difficilement à bout de la résistance des populations. Il fallut quarante ans à l'armée française pour éteindre les révoltes. 

La domination coloniale

La population algérienne paya un lourd tribut à cette conquête. Entre les massacres et les famines dues aux dévastations et à la spoliation de millions d'hectares de terre, elle passa de trois millions à deux millions de personnes. Volée et affamée, réduite à la misère, elle se vit aussi privée de tout droit. Durant toute la période coloniale, les Algériens furent soumis au Code de l'indigénat qui en faisait des sous-citoyens. Un regard de travers pouvait être passible de peine de prison. Il fallait un permis pour circuler d'un village à l'autre. L'Algérie était française, mais les Algériens étaient des parias dans leur propre pays. Les enfants n'avaient pas accès à l'éducation et le système de santé, inexistant dans les campagnes, était réservé aux seuls Européens dans les villes. Et enfin des impôts dits « arabes », pesant sur les seuls Algériens, leur faisaient payer les frais de la colonisation.
À partir du début du XXe siècle, les paysans furent de plus en plus contraints de quitter les campagnes, leurs terres désormais accaparées par une poignée de grands colons, pour aller peupler les bidonvilles des métropoles algériennes ou françaises. La colonisation allait créer un prolétariat algérien, dont le sort serait désormais intimement lié à celui du prolétariat français.
C'est d'ailleurs le PC, en France, qui créa l'Étoile nord-africaine (ENA), première organisation - principalement composée de travailleurs algériens - revendiquant l'indépendance. Bien des militants nationalistes furent formés à cette école. Mais leurs revendications se heurtèrent systématiquement à la répression du gouvernement français, y compris en 1936 sous le Front populaire. Le gouvernement de Blum n'eut même pas le courage de présenter au Parlement un projet de donner le droit de vote à 21 000 Algériens. En revanche, la répression s'abattit sur les ouvriers algériens qui avaient fait grève et les paysans qui avaient occupé les terres des colons. Messali Hadj, le leader nationaliste algérien, fut envoyé en prison et ses partisans furent pourchassés.

Vers la lutte armée

Durant la Deuxième Guerre mondiale, des milliers d'Algériens furent enrôlés, car la puissance coloniale avait besoin d'eux pour rétablir sa domination. Cela allait changer bien des choses dans les consciences. Le 1er mai 1945, le PPA, nom du nouveau parti de Messali, appela à manifester pour l'indépendance de l'Algérie. Le PCF et la CGT dénoncèrent ces manifestants comme étant des « provocateurs hitlériens ». Le 8 mai 1945, à Sétif, lors de la manifestation pour « fêter la paix », la police tira sur un homme tenant un drapeau algérien. Cela déclencha la révolte de la population de la région. Le gouvernement français, dirigé par de Gaulle et comportant deux ministres communistes, engagea une répression dans la pire tradition de l'armée coloniale. Pendant que des milices d'Européens avaient quartier libre pour assassiner, des villages entiers étaient bombardés par l'aviation. Il y eut entre 20 000 et 40 000 morts du côté algérien.
Le gouvernement français fit ainsi la démonstration qu'il n'avait que des balles, des bombes et la misère à proposer aux Algériens. Tous les faux espoirs de changements politiques s'évaporaient. Les réformes introduites à partir de 1947 pour distiller une dose de droit de vote parmi les Algériens ne changèrent en rien la situation de misère et d'oppression. Les ferments de la révolte armée contre la présence française allaient germer dans la conscience de tous ceux qui avaient vécu Sétif.
Entre 1945 et 1954, le mouvement nationaliste algérien connut une période de crises et de divisions qui le paralysa, au moment où une vague de luttes pour l'indépendance des colonies secouait le monde. C'est dans ce contexte qu'une poignée de militants algériens créèrent le Front de libération nationale, le FLN, pour lancer la lutte armée. Ils ne pouvaient s'appuyer que sur leur détermination et l'existence, depuis 1945, d'un maquis en Kabylie.
Malgré leurs moyens extrêmement limités, en ce 1er novembre 1954, ils organisèrent divers attentats contre des casernes, contre des usines appartenant à l'État ou à de gros colons, qui résonnèrent comme un véritable coup de tonnerre. Le FLN déclarait ainsi la guerre au colonialisme français. En montrant leur détermination, ces militants, peu nombreux en 1954, allaient se placer à la tête de toute la population algérienne et mener la lutte pour l'indépendance jusqu'à son terme.

Huit ans d'une sale guerre

Le pouvoir colonial réagit avec les seules méthodes qu'il connaissait. Des milliers de personnes furent arrêtées. Les dirigeants politiques, dont un certain François Mitterrand, affirmèrent partout que « l'Algérie, c'est la France » et « la seule négociation, c'est la guerre ». La bourgeoisie française s'accrocha durant huit ans à sa colonie. La répression s'amplifia d'année en année. Les militaires eurent tout pouvoir pour torturer, massacrer et semer la terreur. Mais si la bourgeoisie put mener sa sale guerre, c'est aussi parce que le PCF comme le PC algérien, qui comportaient pourtant de nombreux militants prêts à combattre l'oppression coloniale et le pouvoir en place, n'avaient pas de perspective politique dans ce sens. Pendant que le communiste algérien Maurice Audin mourait dans les caves de l'armée française, le PCF soutenait le gouvernement du socialiste Guy Mollet, qui intensifiait la guerre et permettait la généralisation de la torture. Pendant que des militants communistes empêchaient les trains de rappelés de partir vers la guerre, le PCF se contentait de dire « Paix en Algérie », ce qui lui évitait de se prononcer clairement pour l'indépendance.
Les Algériens se retrouvèrent donc seuls pour combattre la bourgeoisie française et n'eurent d'autre choix que de se ranger derrière le FLN, qui s'imposa aussi en éliminant tous ses opposants politiques, en particulier les partisans de Messali. Le FLN cherchait, à travers cette guerre, à préparer un appareil d'État, principalement une armée, capable de s'imposer au jour de l'indépendance et de prendre le contrôle du pays, en imposant à la population les choix de la nouvelle bourgeoisie algérienne.
Le courage et la détermination de la population algérienne eurent raison de l'odieux régime colonial et permirent son émancipation nationale, même s'il lui reste, comme partout ailleurs, à gagner son émancipation sociale.
                                                             
                                                                                          Marion Ajar