Macron et
l’envoi de troupes : pas un homme, pas un sou pour leur guerre !
28 Février 2024
Macron n’aime rien tant que les
sommets internationaux, surtout quand il les organise et qu’il peut y parader.
Il a donc saisi l’occasion des deux ans de guerre en Ukraine pour réunir à
l’Élysée les chefs d’État et de gouvernement de 27 pays, en se présentant en
chef de guerre.
Biden peinant à faire voter au
Congrès le déblocage de 50 milliards d’aide militaire à l’Ukraine, Washington
pousse l’Union européenne (UE) à augmenter la sienne. D’autant plus que le
président ukrainien Zelensky ne se fait pas faute de reprocher à l’UE, ainsi
qu’à ses principaux membres, l’Allemagne et la France, d’avoir affaibli la
capacité combattante de son armée en ne lui ayant livré que le tiers du million
d’obus promis.
« C’était sans doute un
engagement imprudent », a concédé Macron, mais cela va changer.
Ainsi, il a annoncé une « coalition » européenne pour fournir « missiles
et bombes de moyenne et longue portée » à l’Ukraine, tout en demandant
à l’UE un « sursaut » et d’en « faire plus » pour assurer
la « défaite » de la Russie.
Et d’affirmer que « nous
[les États européens] ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse
pas gagner cette guerre », que « tout est possible » et
même qu’à l’avenir l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne peut
être exclu.
Tout en armant le régime
ukrainien jusqu’aux dents, les dirigeants nord-américains et européens,
français compris, prétendent depuis deux ans ne pas faire la guerre à la
Russie… puisqu’ils n’ont pas envoyé officiellement de soldats la combattre, ou,
plutôt, ne l’ont pas encore fait. Macron a constaté qu’il n’y avait pas de
consensus pour l’envoi de soldats, et des pays comme la Pologne, la Slovaquie
et la Suède, voisins immédiats de l’Ukraine et de la Russie, ont dit qu’il n’en
était pas question. Mais Macron n’a rien retiré de ses propos. Au contraire, il
a affirmé que « ceux qui disent “Jamais, jamais” aujourd’hui
étaient les mêmes qui disaient “Jamais des tanks, jamais des avions, jamais
des missiles à longue portée” il y a deux ans » : des
armements qui sont, depuis, livrés à l’Ukraine.
À gauche, un Mélenchon a accusé
Macron de se livrer à « une escalade verbale belliqueuse », ce
qui, venant « d’une puissance nucléaire contre une autre puissance
nucléaire majeure, est déjà un acte irresponsable ». Pour le PS, Faure
y a vu « une inquiétante légèreté présidentielle » et
« une folie ». Malheureusement, ce n’est pas une simple
fanfaronnade. Que Macron parle d’envoyer des troupes en Ukraine n’est, de sa
part, pas moins inquiétant que quand, il y a quelques mois, il répétait qu’il
fallait mettre l’économie en ordre de bataille, se préparer à des affrontements
majeurs – entendre : une guerre généralisée. Depuis au moins le début de
la guerre en Ukraine, une multitude de hauts gradés français présentent cela
comme une éventualité plus que probable. Leurs homologues américains,
allemands, britanniques et autres en font autant. Les États, à commencer par
les plus développés, les plus riches, ceux dont la bourgeoisie domine le monde
en écrasant les peuples, ont d’ailleurs explosé leurs dépenses d’armement
depuis cinq ans et lancé d’agressifs programmes de recrutement pour leurs
armées, dans les médias, les écoles, etc.
Récemment, un des plus hauts
gradés américains, l’amiral Charles Richard, a aussi déclaré qu’il fallait se
préparer à une « grande guerre » avec la Chine et que « la
crise en Ukraine n’était qu’un échauffement ».
Qu’ils le disent ouvertement, à
mi-mots, ou qu’ils préfèrent le masquer sous des mots doucereux, les dirigeants
du monde impérialiste et les hommes politiques de la bourgeoisie se préparent à
une nouvelle guerre mondiale et veulent conditionner leurs peuples dans ce
sens.
Ce n’est pas là de la
« légèreté », c’est très consciemment que les dirigeants civils et
militaires veulent préparer les populations à la guerre et à accepter d’y
mourir. Il faut refuser cet engrenage où les entraînent un système économique
de plus en plus fou et des dirigeants dont la politique est à son image.
Pierre LAFFITTE (Lutte ouvrière
n°2900)