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jeudi 25 février 2021

Algérie, Hirak : deux ans après le début du Hirak

 

La lutte continue contre le système

 


Des dizaines de milliers d'Algériens ont manifesté lundi 22 février dans tout le pays. Deux ans après le début du Hirak, ils ont ainsi affirmé que les raisons de combattre le régime demeurent. Bouteflika a été remplacé par Tebboune, mais le "système" dénoncé en 2019 et ses privilégiés est toujours là. Des patrons privés, tel Issad Rebrab, continuent d'exploiter les travailleurs pour leur seul profit.

         Si la libération de certains prisonniers politiques a été médiatisée, les arrestations de militants n'ont jamais cessé. Des centaines de manifestants ont d'ailleurs été arrêtés le matin même du 22 février. A cette répression s'ajoutent les ravages du chômage, fortement aggravé par la crise sanitaire, et la misère qu'il signifie pour les classes populaires algériennes.

         Le succès des manifestations montre que la combativité n'a pas disparu et que le mécontentement populaire reste profond.

samedi 27 juin 2020

Algérie : répression contre la résurgence du Hirak


La population n’a pas dit son dernier mot



La prison de Bejaïa, en Petite Kabylie

Le 23 juin, 14 personnes de Tizi Ouzou, en Kabylie, passaient au tribunal pour avoir manifesté le vendredi précédent : l'un d'eux a été condamné à un an de prison ferme.
         Le 24 juin, un journaliste d'opposition était arrêté chez lui à Constantine. Il y a quelques jours Amira Bouraoui, médecin et opposante était condamnée elle aussi à un an de prison.
         En Algérie le confinement avait mis fin aux manifestations, mais elles ont repris. Le gouvernement tente de profiter de cette période de crise sanitaire pour éviter que le mouvement de contestation ne redémarre vraiment.
        Mais la population qui voit sa situation s'aggraver avec la crise économique va, espérons-le, se remettre en lutte contre ce gouvernement qui perpétue un système que des millions de manifestants ont rejeté pendant des mois. La répression, dont l'injustice saute aux yeux, peut même y contribuer.

dimanche 5 janvier 2020

Algérie : un nouveau gouvernement du système



Une pioche « dans la même cave »

 
 
Le premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, a annoncé la composition de son gouvernement. Il a pioché dans la « vieille cave à ministres » comme le dénoncent les manifestants. Cet ancien ministre des années 2000 a nommé des membres du « système » dénoncé par la population. Quatre des cinq principaux ministres figuraient déjà dans un précédent gouvernement établi par Bouteflika.
Les notables et les bourgeois qui ont profité du pouvoir pour s'enrichir n'ont donc l'intention ni de renoncer à leurs privilèges ni de s'effacer. Ni ce gouvernement, ni le nouveau président, élu avec un score largement bidonnés par moins de 40 % des électeurs, ne représentent les classes populaires, et encore moins leurs intérêts. Celles-ci n'ont donc pas l'intention de renoncer à se faire entendre comme le montre les nouvelles manifestations de ce vendredi 3 janvier.



jeudi 26 décembre 2019

Algérie : mort d'un pilier du « système »


Il reste tous les autres...


 
Le général Gaïd Salah, chef d'état-major algérien, est mort. Il avait fait toute sa carrière au sein de l'armée, garante de la dictature du « système ». Il en avait gravi tous les échelons, jusqu'à sa nomination à la tête de l’armée par Bouteflika en 2004.
Lors du Hirak, le mouvement populaire contre la réélection de Bouteflika, il avait su lâcher à temps le président sénile qu’il avait réussi à écarter afin d’éviter que la contestation de la rue le submerge, lui et sa bande. Les manifestants continuaient à réclamer son départ, notamment après la mascarade de l'élection présidentielle du 12 décembre organisée par ses soins.
Mais si ce pilier du régime disparait, il reste tous les autres, dont la population algérienne réclame qu’ils dégagent.

dimanche 15 décembre 2019

Algérie : le pouvoir=fiasco, plus que jamais la mobilisation est là


Après l’élection, manifestations massives en Algérie


Une précédente manifestation à Alger (en juin)

L'élection présidentielle n'a pas empêché de très nombreux Algériens de manifester à nouveau hier, même si la police a réussi à empêcher les manifestations dans plusieurs villes en procédant à de nombreuses arrestations. Les manifestants scandaient des slogans contre la dilapidation des richesses du pays, contre cette élection « trafiquée par la bande » (celle de Bouteflika), contre le nouveau président : « on ne veut pas d'un autre Bouteflika », « on ne fera pas de marche arrière ». L’humour n’était pas absent  « Nous étions un peuple sans président, aujourd’hui nous avons un président sans peuple »
       Le régime, s'il a réussi à procéder à cette élection tronquée, avec un taux de participation inférieur à 40%, n'a pas pu se défaire de la contestation.

samedi 14 décembre 2019

Algérie : la mobilisation populaire déjoue l’opération de Gaid Salah


Une victoire morale à l’actif de la mobilisation

 

Pour tenter de se redonner une légitimité populaire, le régime algérien a organisé jeudi une élection présidentielle.

La mobilisation massive des manifestants dans les rues des grandes villes du pays a contesté cette mascarade électorale où les cinq candidats présentés ne sont que les hommes-lige du régime militaire. Des bureaux de vote ont été envahis, les votes suspendus.

Si la télévision officielle a fait le silence sur ce rejet massif, le régime est obligé d'afficher une participation qu'il annonce à 40% : nettement moins de la moitié des électeurs se sont rendus dans les bureaux de vote.

Il proclame à présent que l'élu est Abdelmadjid Tebboune, ex premier ministre de Bouteflika. La population lui a déjà exprimé sa méfiance en refusant majoritairement de participer aux élections. Les travailleurs, en s'organisant et en se mobilisant sur la base de leurs intérêts de classe, peuvent continuer à gripper le système... voire le renverser.

mardi 10 décembre 2019

Algérie : des manifestations toujours aussi massives…


À quelques jours de la mascarade électorale


@AfraouceneMassi via Twitter

Vendredi, après déjà 40 semaines de contestation, une immense manifestation a eu lieu à Alger, aussi nombreuse que celle du 1er novembre, ainsi que dans d'autres villes du pays. A quelques jours de la mascarade électorale organisée par le pouvoir, les manifestants ont réaffirmé que c'est tout le système qu'il faut changer et qu'ils n'ont pas à choisir entre des prétendants qui appartiennent tous à la classe politique qui met le pays en coupe réglée depuis des décennies.
Contre la corruption, la pauvreté et tous les maux qui touchent la société algérienne, aucun des candidats à cette élection ne fera rien ; la seule voie pour renverser le système, c'est la poursuite de la mobilisation des travailleurs, dans les manifestations, mais aussi dans les quartiers et sur les lieux de travail, qui construisent, de vendredi en vendredi, la conscience que les travailleurs et les classes populaires doivent prendre en main leur sort et leur destin.

vendredi 27 septembre 2019

Algérie : Condamnation de Louisa Hanoune: un règlement de comptes politique. Un communiqué de Lutte ouvrière


Condamnation de Louisa Hanoune: un règlement de comptes politique
Communiqué
26/09/2019

Lutte ouvrière tient à affirmer son opposition à la condamnation qui vient de frapper Louisa Hanoune, dirigeante du Parti des Travailleurs d'Algérie. La peine de quinze ans de prison ferme a été prononcée, après un procès expéditif tenu à huis clos par le tribunal militaire, pour “atteinte à l'autorité de l'armée” et “complot contre la sûreté de l'État” pour la simple raison qu'elle a participé à une rencontre avec d'autres hommes politiques ou des militaires poursuivis par l'actuel pouvoir algérien. Elle apparaît sans aucun fondement. Sous la pression du mouvement populaire, le dirigeant de l'armée veut donner l'illusion qu'il met fin à la corruption dans l'appareil d'État et en même temps il procède à des règlements de comptes politiques. En y mêlant abusivement Louisa Hanoune, dirigeante d'un parti qui se réclame des travailleurs, il veut aussi montrer qu'il s'en prend à toutes les tendances.
Tout en désapprouvant la politique menée par le Parti des Travailleurs d'Algérie, et notamment ses compromissions politiques avec le régime d'Abdelaziz Bouteflika et avec certains clans qui cherchaient à en prendre le relais, Lutte ouvrière dénonce cet amalgame et affirme que cette condamnation n'a pas lieu d'être.
                                         Lutte ouvrière le 26.09.19.

dimanche 22 septembre 2019

Algérie : une nouvelle manifestation réussie


Les manifestants continuent à scander « système dégage »



Pour le 31e vendredi depuis le début de la mobilisation, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Alger et dans plusieurs régions du pays. Ils refusent en particulier les élections prévues le 12 décembre, sans départ préalable du clan au pouvoir.
Ces dernières semaines, les arrestations d'opposants se sont multipliées, et Gaid Salah, le chef de l'armée qui a succédé à Bouteflika, prend un ton de plus en plus menaçant. Mais les manifestants continuent à scander « système dégage » et ne semblent pas prêts à laisser le train-train politicien reprendre.

samedi 17 août 2019

Algérie : pas de trêve estivale pour le mouvement populaire


Les manifestations d’hier en Algérie étaient annoncées d’une ampleur comparable à celles des semaines précédentes. La mobilisation ne faiblit pas. Sur ce sujet, un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine.

Algérie : pas de trêve estivale pour le mouvement populaire

Vendredi 9 août, malgré la chaleur caniculaire et à deux jours des fêtes de l’Aïd, le mouvement populaire pour « dégager le système » s’est poursuivi. Pour le 25e vendredi consécutif, des cortèges de manifestants déterminés ont parcouru les principales villes du pays.
Ils refusent toujours une élection présidentielle organisée par les piliers du régime, tels Abdelkader Bensalah, le président par intérim, et Nouredine Bédoui, le Premier ministre. Ahmed Gaïd Salah, le chef d’état-major de l’armée, nouvel homme fort du pouvoir, a été particulièrement conspué, ainsi que Karim Younès, le chef du panel de personnalités formé par Bensalah pour entamer un dialogue en vue de la présidentielle : « Pas d’élections avec la bande », « Y’en marre des généraux ! », « Un État civil et pas un État militaire ! », « Gaïd Salah, chef de la bande ! » Des slogans appelant à la désobéissance civile pour la rentrée de septembre ont été repris dans de nombreux cortèges : « Elle arrive, elle arrive, la désobéissance civile ! »
La veille de la manifestation, Gaïd Salah avait pourtant déclaré que l’armée, qui selon lui accompagne depuis le début le mouvement populaire, avait satisfait à ses revendications fondamentales. Il ne resterait plus selon lui que l’étape de l’élection présidentielle. Son opération mains propres, censée lutter contre la corruption, a conduit à la prison d’El Harrach des grands patrons, hauts fonctionnaires, ex-ministres et ex-Premiers ministres. C’était maintenant le tour des frères Benhamadi, patrons du groupe Condor (agro-alimentaire, électroménager, pharmacie), de découvrir les charmes de cette prison, surnommée avec humour « le nouveau club des Pins », en référence au lieu situé à l’ouest d’Alger où vivent tous les hauts dignitaires du régime. Gaïd Salah, lui-même ancien fervent partisan du 5e mandat, n’a pas été gêné de les faire inculper pour « financement occulte de partis politiques et de la campagne électorale pour un 5e mandat de Bouteflika » !
En rouvrant un certain nombre d’affaires de corruption classées jusqu’ici sans suite, comme celle de la construction de l’autoroute Est-Ouest, Gaïd Salah veut marquer les esprits et espère faire refluer le mouvement.
Ces arrestations, avant tout le fruit de la mobilisation inédite qui secoue le pays depuis plus de cinq mois, ont certainement réjoui une partie de l’opinion populaire, mais elles n’ont pas réussi à enrayer ce mouvement qui ne se satisfait pas d’un ravalement de façade. Elles ne peuvent faire oublier d’autres arrestations, comme celles de dizaines de personnes qui ont brandi le drapeau berbère.
Le 5 août, une peine de dix ans de prison avait été requise par le procureur d’Annaba à l’encontre de Nadir Fetissi, qui avait brandi ce drapeau. L’émotion suscitée par ce réquisitoire a été d’autant plus vive que ce procureur avait manifesté en mars pour réclamer « une Algérie libre et démocratique » et un État de droit ! Le verdict prononçant sa libération a été vécu comme une victoire du mouvement.
Le pouvoir n’en a pas fini avec la contestation. Les travailleurs et les classes populaires sont toujours confrontés aux difficultés quotidiennes, chômage, bas salaires et inflation. Dans nombre d’entreprises, ils doivent lutter pour imposer des droits élémentaires comme celui de choisir leurs délégués syndicaux. Si le pouvoir a mis quelques patrons en prison, il s’apprête à mettre tous les moyens pour aider le patronat à surmonter la crise économique qui frappe le pays, en présentant la note aux travailleurs.
                                    Leïla Wahda (Lutte ouvrière n°2663)

vendredi 12 juillet 2019

Algérie : la mobilisation, vingt semaines après son déclenchement… un article de l’hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine


Algérie : contre le pouvoir, un mouvement populaire toujours déterminé

10 Juillet 2019

Vingt semaines après son déclenchement, le mouvement populaire a fait une puissante démonstration de force vendredi 5 juillet, jour anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Des foules immenses ont parcouru les principales villes du pays, malgré les très fortes chaleurs et les intimidations du pouvoir.
Les manifestants exigent le départ des « 2 B » : Bédoui, le Premier ministre, et Bensallah, le président par intérim. Ce dernier a proposé qu’un panel de personnalités mette sur pied une instance électorale indépendante pour organiser un scrutin présidentiel. Les manifestants ont massivement rejeté sa proposition : « Pas de dialogue avec la issaba (bande) », « Pas d’élection, bande de mafieux ! » ou encore « Dégagez tous ! »
Cinquante-sept ans après la fin de la guerre contre les colonisateurs français, la population estime que les aspirations à vivre dans un pays libre et sans oppression, qui étaient celles du peuple algérien en 1962, ont été trahies. Depuis le début du mouvement, la population accuse les dignitaires du FLN, parti au pouvoir depuis 1962, les hommes du système et en particulier les généraux, de s’être arrogé les bénéfices d’une indépendance acquise au prix de lourds sacrifices.
Aussi les manifestants ont-ils été nombreux à arborer des portraits de celles et ceux qu’ils considèrent comme les véritables héros de la lutte pour l’indépendance. Sur une banderole on pouvait lire : « 1962 : indépendance confisquée. 2019 : Algérie indépendante. »
Les aspirations démocratiques qui s’expriment depuis le 22 février opposent les masses algériennes à un système politique qui, depuis 1962, repose sur une dictature militaire à peine voilée. Qu’elle ait été dans les coulisses ou sur le devant de la scène, c’est l’armée, véritable colonne vertébrale du régime, qui est à la manœuvre depuis l’indépendance.
Aujourd’hui, le bras de fer met face à face le mouvement populaire et Gaïd Salah, le chef d’état-major, nouvel homme fort du régime, cible principale des manifestants. Si son opération « mains propres », qui a conduit en prison des hauts dignitaires, des grands patrons, des ministres ou des officiers, a pu satisfaire une fraction de l’opinion populaire, elle n’a pas été suffisante pour faire refluer le mouvement. Par contre, ses tentatives de division entre berbérophones et arabophones, ses intimidations avec d’impressionnants dispositifs policiers, ont semble-t-il attisé la colère.
Ces dernières semaines, une trentaine de manifestants ont été arrêtés pour avoir brandi, ou simplement transporté, un drapeau berbère. Ils sont poursuivis pour atteinte à l’unité nationale. La mise en détention à la veille du 5 juillet de Lakhdar Bouregaa, ancien combattant de la guerre d’indépendance, pour atteinte au moral de l’armée, a particulièrement choqué. « Nous voulons un état civil, ni militaire ni policier ! », « Libération de tous les détenus » : ces slogans ont été scandés avec vigueur.
Les initiatives pour tenter de sortir le régime de l’impasse ne manquent pas. Elles sont l’expression de sensibilités politiques diverses. Ainsi une Conférence nationale de dialogue, qui regroupe, autour de l’ex-Premier ministre Ali Benflis, les dirigeants islamistes, Makri du MSP, Djaballah d’El Adala, se dit favorable à la proposition de dialogue de Bensalah. Elle concurrence d’autres initiatives comme celle baptisée Société civile, réunissant des associations, syndicats autonomes et collectifs, ou encore l’Alternative démocratique, constituée autour de partis qui s’affirment progressistes, comme le FFS ou le RCD.
Ces différents regroupements prétendent chacun offrir un débouché politique au mouvement populaire, mais aucun n’a à ce jour suffisamment de crédit pour pouvoir le représenter et parler en son nom. Et s’ils rivalisent entre eux, les solutions qu’ils préconisent auraient toutes pour résultat de préserver la domination de la bourgeoisie algérienne, de l’État et de l’armée sur lesquels elle s’appuie depuis 1962.
« Pour une seconde indépendance », pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants.
Afin de ne pas voir leurs espoirs d’émancipation trahis, les travailleurs et les classes populaires doivent cultiver leur défiance vis-à-vis de tous ceux qui prétendent parler en leur nom.
Gaïd Salah prétend répondre aux aspirations du mouvement populaire en mettant derrière les barreaux quelques riches hommes d’affaires et des hommes autrefois au pouvoir.
Ces arrestations ne changeront rien au sort des classes populaires.
Pour changer leurs conditions d’existence, pour empêcher le pillage des richesses du pays, les travailleurs et les classes populaires ne peuvent compter que sur leur propre mobilisation, sur le contrôle qu’ils pourront exercer sur le pouvoir politique et sur l’économie.
Pour vivre libres dans un pays sans oppression, ils devront s’attaquer à ce qui est à la racine de cet ordre social injuste : la domination de la bourgeoisie et de l’impérialisme.

                                               Leïla Wahda (Lutte ouvrière n°2658)


lundi 8 juillet 2019

Algérie : des marées humaines contre le système


Une nouvelle mobilisation historique contre le pouvoir



Ce 20ème vendredi de mobilisation coïncidait avec le 57ème anniversaire de l'indépendance nationale. La population algérienne a répondu massivement aux nombreux appels à manifester pour faire de ce jour une nouvelle mobilisation historique contre le pouvoir. Les manifestations ont été massives dans de nombreuses villes du pays, en particulier à Alger, où une foule immense a défilé malgré la chaleur et un important dispositif policier.
Les banderoles et les slogans dénonçaient clairement le chef d'état-major, Gaïd Salah, ainsi que les récentes propositions du président par intérim, Abdelkader Bensalah, sur la mise en place d'une structure « indépendante » de dialogue pour organiser la prochaine élection présidentielle. Les manifestants scandaient : « Etat civil, non militaire », « Gaïd Salah dégage », « Pas de dialogue, libérez les détenus », « 1962 : indépendance confisquée. 2019 Algérie indépendante », « Ou c'est vous, ou c'est nous, on ne s'arrêtera pas ».
Cette fois encore, la population mobilisée a fait preuve de sa détermination à ne pas se laisser berner par les tenants du pouvoir et a rejeté leur feuille de route. Les classes populaires ne devront compter que sur elles-mêmes si elles ne veulent pas se faire confisquer leur lutte contre le système.

mercredi 26 juin 2019

Algérie, la population mobilisée évite le piège du régime


Le « diviser pour régner n’a pas marché »



La population algérienne était massivement dans les rues le 21 juin, pour le 18ème vendredi du mouvement de contestation. Les menaces de représailles proférées par le chef d’Etat-major, Gaïd Salah, à l’encontre de celles et ceux qui brandiraient un autre drapeau que l’emblème national n’ont pas intimidé les manifestants, qui ont scandé haut et fort : «Kabyles et arabes (ou arabophones) sont frères, pas de discorde entre nous », « Nous sommes unis et vous êtes dans le pétrin », « Tous les amazighs sont nos frères » etc.
Dix-huit manifestants ont été malgré tout arrêtés à Alger puis incarcérés dimanche 23 juin, « poursuivis pour atteinte à l’unité nationale ». Le régime tente ainsi de diviser pour faire régner sa loi. Il n’est pas dit qu’il parvienne à faire taire les classes populaires mobilisées.

vendredi 14 juin 2019

Algérie : un premier ministre déchu en prison, celui qui l’y a conduit doit l’y retrouver


"Coupez la moustache d'Ouyahia, 10 autres repousseront"



Ouyahia, premier ministre déchu de Bouteflika, a été incarcéré. Comme d'autres anciens caciques du régime algérien, il est accusé de corruption et dilapidation des deniers publics. Personne dans la population ne regrettera cette arrestation. Face aux hausses des prix provoquées par sa politique il avait dit par exemple : "le peuple n'est pas obligé de manger du yaourt".
Mais que le général Gaïd Salah, homme fort de l'armée qui a soutenu Bouteflika avant de le lâcher, joue les justiciers en arrêtant des politiciens haïs ou des hommes d'affaires corrompus, est une manœuvre grossière.
Comme le réclame les classes populaires qui poursuivent leur mobilisation, le vendredi comme en semaine, c'est tout le système qui doit dégager, Gaïd Salah inclus.

samedi 18 mai 2019

Algérie : il faut libérer Louisa Hanoune


Libération de Louisa Hanoune !

Le 9 mai en Algérie Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs était à son tour arrêtée. Après avoir fait arrêter des grands patrons et des généraux, Gaïd Salah s’attaque ainsi à la responsable d’un parti se réclamant de la défense des travailleurs. Elle est accusée de « complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité du commandant d’une formation militaire » et pour « changer le régime ».
Louisa Hanoune, qui a été la première femme du monde arabe à se présenter à une élection présidentielle, y avait gagné une popularité parmi les travailleurs. Puis, au nom de la stabilité du pays et de la défense de la nation algérienne, son parti, le PT, a apporté pendant plus de vingt ans son soutien à Bouteflika. C’était malheureusement renoncer à proposer une politique indépendante à la classe ouvrière algérienne et abandonner l’internationalisme pour le nationalisme.
Mais si les travailleurs d’Algérie peuvent avoir bien des critiques à faire au PT et à Louisa Hanoune, ils ne peuvent que s’opposer à cette arrestation. Le chef de l’armée, qui prend la posture de sauveur du mouvement et de justicier, veut ainsi jouer à l’arbitre qui frappe aussi bien à sa gauche qu’à sa droite. Il crée un précédent qui vise à intimider tous les militants et derrière eux le monde du travail.
Ce n’est pas à Gaïd Salah, c’est aux travailleurs dans les entreprises, à la population dans les quartiers de discuter démocratiquement et de choisir parmi les différentes politiques qui leur sont proposées. Il faut exiger la libération immédiate de Louisa Hanoune !

                                                  L.W. (Lutte ouvrière n°2650)


dimanche 28 avril 2019

Algérie : dixième vendredi de la colère. Une mobilisation qui ne faiblit pas. Sur la situation, un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de ce 24 avril


Algérie : face à la mobilisation, le chef de l’armée se pose en sauveur

24 Avril 2019

Mardi 16 avril, le chef d’état-major de l’armée algérienne Gaïd Salah a accusé l’ex-chef des services de sécurité d’être à l’origine de la répression contre les manifestations à Alger et a aussi annoncé l’ouverture d’enquêtes pour corruption.
Gaïd Salah a également fait procéder au limogeage de généraux, à des mouvements de préfets, à l’arrestation de patrons accusés de corruption. Parmi eux on trouve Issad Rebrab, l’homme le plus riche du pays. Gaïd Salah veut ainsi se donner l’image d’un protecteur du mouvement populaire qui voudrait répondre à ses aspirations.
Vendredi 19 avril, les manifestants toujours aussi nombreux lui ont répondu aux cris de « Sorry, Sorry, Gaïd Salah, on n’est pas des cons. Dégagez, ça veut dire dégagez ! ». Dans la rue principale d’Alger, accrochée à la façade d’un immeuble, on pouvait lire sur une immense banderole : « Vous possédez le Parlement, nous, nous avons tout le reste du pays, 2,3 millions de km2. Partout où vous irez, vous nous trouverez. »
En effet, la mobilisation ne faiblit pas et les multiples colères non plus. À Alger, l’effondrement d’un immeuble de la Casbah tombant en ruines a suscité la colère des habitants. En plus des blessés, deux personnes dont un enfant ont trouvé la mort. Le wali (préfet) d’Alger, venu sur les lieux, a été chassé par les habitants. Ils lui reprochent le manque de moyens pour l’entretien de la Casbah, pourtant classée au patrimoine mondial par l’Unesco.
Après l’annonce à la télévision que l’ex-Premier ministre Ouyahia était convoqué par la justice, un rassemblement s’est improvisé devant le tribunal. Les manifestants munis de pots de yaourt ont attendu celui qui, pour imposer son plan d’austérité, avait dit : « Le peuple peut se passer de yaourt. »
À Constantine, des travailleurs de Sonelgaz, la compagnie nationale de l’électricité et du gaz, ont quant à eux chassé le ministre de l’Énergie Mohamed Arkab, au cri de « Vous avez volé le pays, voleurs ! » Mais comme le disait un travailleur, « La mafia ce n’est pas seulement là-haut, c’est aussi ici dans l’usine ». Il désignait les directeurs, les patrons, et aussi les bureaucrates syndicaux.
De son côté, le dirigeant du syndicat UGTA Sidi Saïd est accusé d’avoir cautionné la politique antiouvrière du pouvoir : les plans d’austérité, le blocage des salaires, les attaques contre les retraites et le Code du travail. Aussi, mercredi 17 avril devant le siège de l’UGTA, de nombreux travailleurs se sont rassemblés pour exiger son départ.
Répondant à des appels à la grève lancés sur les réseaux sociaux, les travailleurs communaux de nombreuses villes sont en grève. Ceux de la poste et des télécoms, en grève depuis une semaine dans tout le pays, réclament qu’on leur verse le salaire qui leur est dû.
Le ramadan doit commencer début mai et Gaïd Salah espère sans doute que cela fera refluer la contestation. Mais il agite aussi la menace du chaos économique tout en reprenant à son compte le slogan des manifestants « Armée, peuple Frère Frère. »
La mobilisation en s’approfondissant peut espérer gagner à elle les soldats du rang, mais l’état-major de l’armée reste le pilier de cet ordre social injuste. Il sera le cas échéant prêt à l’écraser. Pour les travailleurs qui sont la base de la pyramide sociale, le combat ne fait que commencer.

                                             Leïla Wahda (Lutte ouvrière n°2647)

lundi 22 avril 2019

Algérie : le bras de fer continue


Maintenir la pression et renforcer leur organisation

 


Pour le 9° vendredi consécutif, des millions d'Algériens ont manifesté dans toutes les villes du pays. Ils réclament le départ de « tout le système » et refusent les élections prévues le 4 juillet par les proches de Bouteflika, sous l'égide de Gaïd Salah, chef de l'armée. "Gaïd Salah, on n'est pas des cons. On a dit dégagez, ça veut dire dégager !" ont clamé les manifestants.
La révolte a enclenché un réveil politique qui touche de multiples catégories et fait émerger des revendications sociales ou sociétales. Alors que le chef de l'armée souffle le chaud et le froid, que la police oscille entre la bienveillance et l'usage de canons à eau, la population cherche à imposer son droit à s'exprimer, à se réunir et à s'organiser.
Les travailleurs, en particulier dans le secteur public, sont mobilisés. Les grèves, les assemblées générales, les cortèges d'entreprises se multiplient. Les travailleurs veulent choisir eux-mêmes leurs représentants. Cette semaine, ils ont réclamé devant le siège de l'UGTA la démission immédiate de Sidi Saïd, son secrétaire général lié au régime.
Maintenir la pression et renforcer leur organisation est la meilleure arme des travailleurs !