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jeudi 8 février 2018

Maroc, Jerada, la mobilisation continue. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Maroc : manifestations à Jerada et à Meknès 

Vendredi 2 février, plusieurs milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées à Jerada pour crier leur indignation, après qu’un troisième mineur a trouvé la mort dans son puits clandestin de charbon. Le même jour, des travailleuses du textile licencié étaient des centaines à manifester leur colère à Meknès.
Malgré un déploiement des forces de police destiné à les impressionner, les habitants de Jerada restent mobilisés depuis plus d’un mois. Ils dénoncent le chômage massif dû à la fermeture en 2 000 de la mine de charbon employant des milliers de personnes dans la région, qui les oblige à creuser des puits clandestins pour survivre.
Ils dénoncent aussi les factures d’eau et d’électricité impossibles à payer tant elles sont élevées, la corruption qui permet à certains élus locaux d’accaparer les permis officiels d’exploitation du charbon et de s’enrichir de manière éhontée en revendant le charbon extrait clandestinement. Ils demandent une véritable alternative économique aux « mines de mort » et un service de santé de qualité pour prendre en charge les nombreuses pathologies des mineurs.
Dans la région de Fès et Meknès, c’est le secteur du textile qui subit le chômage de plein fouet. L’entreprise Sicome a fermé ses portes en novembre 2017, jetant à la rue près de 700 travailleuses auxquelles elle doit quatre mois de salaire. Depuis, celles-ci se relaient en sit-in devant le siège de l’entreprise, pour dénoncer la situation et exiger du gouvernement qu’il trouve une solution. Vendredi 2 février, elles étaient de nouveau rassemblées pour interpeller les autorités devant la mairie de Meknès. Quand le représentant des autorités est allé à leur rencontre, vêtu des symboles du pouvoir que sont le tarbouche rouge et la djellaba blanche, il ne les a pas impressionnées. « Dégage ! », « Voleur ! », c’est sous ces quolibets, cerné par les manifestantes, qu’il a dû être exfiltré par la police !
Les habitants mobilisés du Rif, de Jerada ou de Meknès dénoncent les maux – le chômage, la vie chère, la corruption des autorités – qui touchent tout le Maroc et rendent la vie des travailleurs de plus en plus impossible. Les habitants de Jerada ne s’y sont pas trompés. Loin de mettre en avant les spécificités de leur région, ils font le lien avec le Hirak (le mouvement) du Rif et reprennent son slogan : « La mort plutôt que continuer à subir l’humiliation ! »

                                               Valérie FONTAINE (Lutte ouvrière n°2584)

jeudi 16 novembre 2017

13 novembre 2015, commémoration 2017, un geste discordant, un geste de dignité



Extrait de notre hebdomadaire Lutte ouvrière n°2572

13 novembre : pas de poignée de main à Macron

Michael Dias, le fils d’un chauffeur de bus qui a eu le malheur d’être la première victime des attentats du 13 novembre 2015, a refusé de participer comme l’an dernier aux cérémonies de commémoration. Il a tenu a en expliquer ainsi les raisons dans une lettre ouverte, disant notamment :
« J’ai décidé (…) de ne pas saluer le président de la République, qui depuis son élection agit envers les victimes du terrorisme comme avec les plus défavorisés de notre pays, d’une façon tout simplement méprisante et inacceptable (...) en supprimant tout d’abord le Secrétariat d’État qui leur était dédié ; puis récemment en réduisant les aides à certaines catégories de victimes, (…) parlant désormais de l’aide aux victimes comme s’il s’agissait d’un acte de charité, quand celle-ci devrait être vue, au contraire, comme une prise de responsabilité de ces mêmes politiques et de cet exécutif forcément héritier, envers ces vies brisées, du fait de leur propre action (…) : guerres qu’ils ont provoquées au service des lobbys (construction, énergie, armes), (...) manque de cohésion sociale dont ils sont également à l’origine. »
« Anatole France a un jour dit à propos de la guerre, que l’on croit mourir pour la patrie mais on meurt en réalité pour des industriels. 100 ans plus tard le terrorisme revisite cette maxime. »
Michael Dias constate aussi dans cette même lettre : « Le début du quinquennat d’Emmanuel Macron s’est aussi placé sous le signe de la stigmatisation des plus précaires.
De la réduction des APL, en passant par le mépris envers les ouvriers “qui foutent le bordel”, les fainéants incapables de se payer un costard, les illettrés (...). Toutes ses sorties médiatiques sont une occasion pour Emmanuel Macron de dire son mépris de classe. »
Le geste de Michael Dias est un geste de dignité face à un gouvernement qui, selon ses termes, « prône plus de liberté pour les capitaux, les délocalisations et les marchandises et toujours plus d’aliénation et d’exploitation pour les travailleurs ; justifie les coupes budgétaires dans l’éducation, la sécurité et la santé au prétexte d’une rationalité économique restant à démontrer et contre laquelle je vous invite tous à vous opposer. »