Affichage des articles dont le libellé est "figures" d'Argenteuil. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est "figures" d'Argenteuil. Afficher tous les articles

dimanche 29 mars 2020

Argenteuil : monde associatif, la disparition d’une femme engagée, Denise Kurtz, de l’Atelier des Courlis


Une figure de la vie associative locale n’est plus




Nous venons d’apprendre le décès de Denise Kurtz, la fondatrice avec son mari des « Ateliers des Courlis » qui a marqué durant des décennies l’histoire d’Argenteuil. Pour moi, elle fut longtemps année après année, en septembre, seulement une affiche bien particulière. Et puis ma rencontre avec ma compagne m’éclaira sur cette association unique en son genre sur la Ville. Ses enfants avaient participé durant de longues années à cet Atelier des Courlis agissant dans le sens des conceptions du pédagogue Arno Stern. Par des activités de peinture et de travail de la terre, une totale libre expression visait au développement harmonieux et à l’épanouissement personnel des participants, sans contrainte ni jugement.
         Cette association passa son quarantième anniversaire mais n’atteignit pas celui du demi-siècle. Elle s’était étendue pourtant dans le quartier populaire du Val-Sud, mais les contraintes financières furent trop fortes, et elle finit par se dissoudre. Les municipalités d’Argenteuil de ces dernières années difficiles de cette association ne firent guère pour la sauver. À cette époque, alors que j’étais conseiller municipal, j’avais été à leurs côtés, très modestement.
         Denise Kurtz et son mari donnèrent beaucoup pour ce projet. Pas en vain. Ils ont aidé des centaines d’enfants, d’adolescents et d’adultes à vivre mieux. Et cela n’est vraiment pas rien. DM

lundi 4 février 2019

Josette AUDIN, elle vient de nous quitter


Une grande dame



Josette AUDIN vient de nous quitter ce samedi à l’âge de 87 ans.
Elle aura eu la satisfaction morale d’entendre il y a quelques mois Macron admettre la responsabilité de l’Etat et de l’armée française dans l’assassinat de son mari, Maurice AUDIN, membre du Parti Communiste Algérien, militant anticolonialiste, partisan de l’indépendance algérienne, mort à 25 ans.
         Chacun peut imaginer très bien que la vie de Josette AUDIN s’est largement arrêtée en ce mois de juin 1957 quand le 11 juin, Maurice, son époux, qu’elle ne reverra pas, est arrêté par les parachutistes.
         Mais élevant ses trois enfants, Josette AUDIN ne cessera jamais son combat pour la vérité sur la mort de Maurice.
         Dans les années 1980, j’avais fait la connaissance de Louis, le deuxième de leurs trois enfants, décédé il y a quelques années, et qui était alors instituteur spécialisé à Argenteuil. Ce n’est que plus tard que je fis le rapprochement avec cette « affaire AUDIN » que je découvris en m’intéressant de plus près à la guerre d’Algérie.
         J’appris alors que la famille AUDIN était revenue d’Algérie à la suite du coup d’État de Boumediene de juin 1965, qu’elle s’était installée à Argenteuil, sur la « dalle » du Val-Nord, et que Josette AUDIN avait enseigné les mathématiques jusqu’à sa retraite au lycée Romain Rolland.
          Lorsque celui-ci fut reconstruit, il me parut évident qu’il devait être dédié à la famille AUDIN. Je le proposai au maire d’Argenteuil d’alors, Philippe Doucet, la municipalité ayant voie au chapitre à propos de cette dédicace.
         La direction du lycée Romain Rolland et la majorité du corps enseignant refusa cette proposition. Il ne fallait pas « stigmatiser les élèves de ce lycée » ! Un autre nom fut choisi pour le lycée reconstruit. Mais les choses étant ainsi, Philippe Doucet proposa d’appeler Maurice AUDIN le parc du Val-Nord qui inclut aujourd’hui non seulement des équipements sportifs, la halle des sports Roger OUVRARD, mais aussi le nouveau lycée et le collège Lucie Aubrac.
         Pour ma part, cette dédicace fut une grande satisfaction personnelle, ainsi que le fait d’avoir rédigé le texte de la stèle qui figure à l’entrée du parc près de la gare du Val.
         De mon contact direct à cette occasion avec Josette AUDIN, je garde à son égard une grande affection, pour son courage, pour son combat auquel il faut lier le nom de Pierre VIDAL-NAQUET, pour son obstination indestructible de toute une vie. Oui, salut et fraternité.

                                                                        Dominique MARIETTE

lundi 7 janvier 2019

Argenteuil – Mayenne – « Gilet jaune » avec des idées rouges


Toujours vert d’énergie, Marcel Collet





Dans cette mobilisation des « Gilets jaunes », bien des travailleurs des petites, moyennes et grandes entreprises s’activent, tout comme nombre de chômeurs et de retraités. Il y a aussi des militants ouvriers qui défendent les intérêts spécifiques du monde du travail de la classe ouvrière. Bien évidemment, là où nous le pouvons, nous en sommes, aux côtés d’autres militants.
         Justement, une de nos proches nous a envoyé une photo de son… tonton de Mayenne qui participe à ce mouvement, Marcel Collet, et oui, 88 ans !^
         Nous le connaissons depuis les années 1990, alors qu’il militait encore au PCF à Argenteuil, mais pas tout à fait en odeur de sainteté avec la politique de son parti de ces années-là. Dès cette époque, il n’y eut aucun ostracisme à notre égard. Bien au contraire.
         Il fut de ces premiers militants du PCF à participer dès ce moment à notre banquet local annuel, avec Michel Aguiton, et bientôt Liliane.
         Il nous soutint également dans la CGT contre les habitudes bureaucratiques héritées du stalinisme contre les opposants de ces méthodes néfastes, en particulier contre les trotskystes. C’est à ce moment-là que j’ai pu intégrer la Commission Exécutive de l’Union Locale des syndicats CGT d’Argenteuil.
         Alors salut à toi Marcel qui continue tout feu toute flamme tes activités militantes en Mayenne ! Gilet jaune, mais toujours avec le cœur rouge de colère ! DM

mercredi 11 avril 2018

La lutte des cheminots : un article de notre revue Lutte de Classe n°191 – avril 2018



La lutte des cheminots est celle de tous les travailleurs

En lançant le 26 février son plan d’attaque baptisé « pacte ferroviaire », le gouvernement a choisi l’affrontement brutal avec les cheminots. Avec l’objectif de diminuer de 30 % les coûts de fonctionnement de la SNCF sur leur dos, il souhaite garantir une rentabilité élevée aux capitaux privés appelés à faire main basse sur le transport ferroviaire.

Par le biais de l’hémorragie permanente des effectifs, au rythme de 3000 emplois supprimés chaque année depuis trente ans, et lintensification du travail, la SNCF a déjà considérablement dégradé les conditions de travail de ses salariés, tout en multipliant les recours à la sous-traitance. Mais le gouvernement souhaite aller plus loin. Derrière la suppression du statut des cheminots, il entend liquider toute garantie d’emploi face aux licenciements collectifs, ainsi que les avancements liés à l’ancienneté, alors que les salaires sont déjà bloqués depuis quatre ans. Enfin, la réglementation du travail est directement visée. En effet, en cas de perte de marché dans le cadre de l’ouverture à la concurrence à partir de 2019, il souhaite imposer le transfert obligatoire des cheminots au secteur privé, qui pourra imposer sa propre réglementation du travail très régressive. Et si, pour des raisons tactiques, le gouvernement a provisoirement mis de côté la suppression du régime spécial de retraite des cheminots, celle-ci est déjà programmée pour 2019.

Il s’agit donc d’une attaque en règle contre les conditions de travail et d’existence des 146000 travailleurs de la SNCF. Mais les enjeux de cette bataille concernent lensemble du monde du travail. Macron souhaite briser la résistance des cheminots, comme en leur temps Thatcher avait brisé celle des mineurs britanniques en 1984-1985 et Reagan celle des contrôleurs aériens en 1981: en mettant au pas une fraction réputée combative, il sagit de dissuader lensemble de la classe ouvrière de réagir. Alors que la croissance des profits ne repose plus sur l’extension de la sphère productive, mais sur le recul permanent de la part des richesses qui revient aux travailleurs, une défaite des cheminots ouvrirait la voie à de nouvelles attaques contre les travailleurs. Elle encouragerait la bourgeoisie à accélérer la destruction des maigres filets de protection sociale, concédés dans une autre période, mais qu’elle juge aujourd’hui obsolètes, car écornant son taux de profit.

C’est la raison pour laquelle, dans la riposte qui, espérons-le, s’annonce, l’ensemble des travailleurs doit se placer résolument dans le camp des cheminots. Non seulement par solidarité mais pour l’avenir de leur classe sociale, sur les plans matériel et moral.

Plus que les discours et la tactique des dirigeants syndicaux, c’est la gravité du plan d’attaque qui a convaincu les cheminots de descendre massivement dans la rue jeudi 22 mars, à l’appel des organisations syndicales. De plus, l’orchestration d’une grossière campagne de calomnies dans les médias sur leurs prétendus privilèges a suscité l’indignation générale dans les gares et ateliers. Les salariés ont été ulcérés de servir de boucs émissaires à la dégradation, qui frise parfois l’abandon, du transport ferroviaire: au quotidien, ils sont les premières victimes des coupes dans les effectifs, dans lentretien des voies et du matériel roulant. Alors que, bien souvent, seul leur dévouement a évité que des incidents ne tournent en catastrophe, voilà qu’ils se trouvaient traînés dans la boue par les serviteurs politiques ou médiatiques de la bourgeoisie!

Il est notable que, contrairement aux mouvements précédents, une partie significative de la maîtrise et même de l’encadrement a participé à la grève. Dans de nombreux endroits, des jeunes cheminots participaient avec enthousiasme à leur première manifestation, à leur première assemblée générale. Les travailleurs de la SNCF se sont donc emparés de l’appel des syndicats à participer à la journée du 22 mars pour exprimer leur refus de la réforme.

Jusqu’à présent, l’initiative est entre les mains des directions syndicales, en particulier de la CGT, de loin la plus influente à la SNCF. Mais, alors que l’offensive gouvernementale nécessite une riposte massive et déterminée, l’attitude des directions syndicales ne prépare pas une telle contre-offensive. Tout d’abord dans le discours. Alors qu’en 1995 la CGT et FO réclamaient le retrait du plan Juppé, cette fois-ci la CGT se contente de réclamer la prise en compte des propositions syndicales d’une «autre réforme», contenues dans un rapport «Ensemble pour le fer», remis au Premier ministre. LUNSA, qui, avec la CFDT, affiche pour linstant son unité avec la CGT, a par exemple déposé un préavis pour le 22 mars, se contentant de réclamer la sauvegarde des moyens syndicaux lors de la mise en place des conseils économiques et sociaux (CSE) à la SNCF. Autant dire que ces deux syndicats, qui ont déjà signé les précédentes réformes, s’apprêtent à lâcher les cheminots dès qu’elles auront des garanties sur leurs intérêts d’appareil.

En annonçant vouloir légiférer par ordonnances, le gouvernement a montré à quel point son calendrier de trois mois de discussions bilatérales avec les syndicats était bidon. C’est pourtant dans ce marathon de discussions que toutes les organisations syndicales se sont engouffrées, calquant leur calendrier de mobilisations sur celui du gouvernement.

Ainsi, la CGT, l’UNSA et la CFDT ont annoncé une grève «en pointillé», deux jours de grève tous les cinq jours du 3 avril au 28 juin, soit au total 36 jours de grève répartis sur trois mois, au prétexte de construire une mobilisation «dans la durée», en prétendant quil est aujourdhui impossible dorganiser une grève de plus de quinze jours. Sud-Rail a, de son côté, finalement déposé un préavis de grève reconductible à partir du 3 avril. Les 3 et 4 avril, les cheminots sont donc appelés à la grève par l’ensemble des syndicats. Le même 3 avril, les salariés des centres de déchets sont appelés à une grève reconductible par la CGT. Ceux d’Air France seront aussi en grève ce jour-là.

Quels que soient les calculs de leurs appareils syndicaux, les cheminots doivent s’emparer de ces deux journées et être massivement en grève et mobilisés dans les assemblées et les piquets de grève. C’est en effet le succès de ces premières journées de grève qui donnera confiance aux travailleurs du rail dans leur capacité collective à se mobiliser, à construire et à imposer une riposte à la hauteur de l’attaque.

                                                                            28 mars 2018

https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2018/03/31/la-lutte-des-cheminots-est-celle-de-tous-les-travailleurs_106604.html

samedi 7 avril 2018

Grève des cheminots, lundi 9, tous à Paris, à 13 heures, place des Invalides


 
Tous devant l’Assemblée nationale lundi 9 avril 2018 à 13 h
Communiqué de l’Union régionale CGT Ile-de-France 

Depuis plusieurs semaines, avec détermination, dans l’unité ou non, de nombreux salariés du privé comme du public, retraités, privés d’emploi, étudiants, se mobilisent pour refuser les politiques gouvernementales et patronales et porter d’autres perspectives sociales.

Défense et développement des services publics, rémunérations, emploi, conditions de travail réforme du bac et la sélection dans les universités.

Depuis début avril, les mobilisations s’intensifient et touchent une multitude d’entreprises et établissements : Cheminots, énergéticiens et gaziers, salariés de la filière déchets, de Carrefour, de la santé et de l’action sociale sans oublier les étudiants.

Le gouvernement comme le patronat refusent d’écouter, et ne répondent que par le mépris, et la mise en opposition.

Pour mettre un terme à ces politiques de destruction sociale du gouvernement, pour que le patronat réponde aux revendications des salariés, il nous faut encore accentuer l’ampleur des mobilisations et faire converger les luttes.

C’est en ce sens qu’à l’occasion de l’ouverture du débat parlementaire sur le projet de loi pour Un Nouveau Pacte Ferroviaire, l’Urif CGT appelle à un rassemblement interprofessionnel, 

Lundi 9 avril 2018 à 13h devant l’Assemblée Nationale.

dimanche 11 mars 2018

Mai 68, rétrospective, avant 1968, 1967…


À la veille de Mai 1968, des grèves significatives

Mai 1968 n’a pas été le coup de tonnerre dans un ciel serein que beaucoup, même cinquante ans après, continuent de décrire. Si le mouvement étudiant a été le facteur déclenchant débouchant sur la grève générale, celle-ci avait été précédée, au moins depuis la fin de l’année 1966, par une série de grèves d’une autre nature que celles des années précédentes. Ces mouvements plus massifs, plus fréquents, sortant des cadres définis par les syndicats, étaient déjà le signe d’un accroissement de la combativité ouvrière.



Pendant des années, les appareils syndicaux, et d’abord le plus puissant, la CGT, qui revendiquait plus de deux millions d’adhérents et qui relayait la politique du PCF, avaient tout fait pour limiter l’expression du mécontentement ouvrier. Prenant prétexte qu’avec l’arrivée de De Gaulle il y avait un « pouvoir fort », ils avaient inventé des substituts à la grève : les grèves par secteur, divisées par atelier, par corporation. Et avec les grèves perlées, le ralentissement des cadences, supposées « faire mal au patron » et « ne pas coûter cher », ce n’était même pas la grève. Tout était fait pour que la classe ouvrière ne prenne pas conscience de sa force. Encore un peu plus isolé avec de Gaulle, le PCF voulait sortir de son ghetto en se montrant responsable de l’ordre social. Les militants staliniens du PCF et de la CGT pouvaient être combatifs, mais l’appareil leur avait appris à ne tolérer aucune voix indépendante.
Mais, en cette fin des années 1960, une génération de jeunes ouvriers entrée dans les usines tendait à échapper à l’emprise des appareils syndicaux et avait envie d’en découdre. Ces jeunes travailleurs avaient grandi dans le contexte de la guerre d’Algérie et du gaullisme, au pouvoir depuis 1958. Les partis de gauche, responsables puis complices de la répression coloniale, s’étaient considérablement déconsidérés aux yeux des plus révoltés. Puis il y avait le contexte international : la lutte des Noirs aux États-Unis et les manifestations contre la guerre du Viêt-Nam partout dans le monde. Tout cela forgeait dans une partie de la jeunesse étudiante et ouvrière un esprit contestataire rejetant les cadres de la société, l’autorité patronale et même celle des appareils syndicaux.
Le 25 février 1967, chez Rhodiaceta à Besançon, la grève éclate contre le chômage par roulement imposé par la direction. Cette grève est portée par un dirigeant de la CFDT très apprécié, Castella, qui prend de court l’appareil de la CGT. À son initiative, 3 000 ouvriers arrêtent la production et occupent leur usine, ce qui n’est pas arrivé depuis des dizaines d’années, et qui rappelle Juin 1936. Sur les murs, les grévistes écrivent : « Ici finit la liberté, ici commence l’esclavage ». Leur combativité fait tache d’huile. Le 28, la grève s’étend aux 7 200 travailleurs des sites de Lyon-Vaise. Des piquets de grève se tiennent jour et nuit. À Vaise, plus qu’à Besançon, la CGT réussit à cadrer le mouvement.
Après plus de trois semaines de grève, contre la volonté des grévistes et après avoir isolé les secteurs les plus combatifs, les syndicats signent un accord de reprise à l’échelle du groupe avec une augmentation de salaire de 3,8 %, en dessous des 5 % revendiqués. Dans plusieurs sites, les travailleurs retournent travailler la rage au cœur, en jetant leurs cartes et leurs insignes syndicaux.

Après Rhodiaceta, Berliet et les Chantiers de Saint-Nazaire

Le 14 mars, à l’usine Berliet de Vénissieux près de Lyon, une large majorité des 12 000 travailleurs se mettent en grève, inspirés par l’exemple de Rhodiaceta. Le lendemain, dans la nuit, plusieurs centaines de CRS cernent l’usine pour déloger des ouvriers qui occupent une partie de leur atelier. L’usine est lockoutée pendant douze jours, puis c’est la reprise encadrée par les appareils syndicaux. Côté patronat, la méthode du lockout, déjà utilisée lors de précédentes grèves, va se généraliser.
Ainsi, à Saint-Nazaire, depuis le 1er mars 1967, 3 200 travailleurs de la métallurgie de plusieurs usines de la région sont en grève. Les plus nombreux sont ceux des chantiers navals, où la tradition de lutte est forte et où, en plus de la CGT, le syndicat FO tenu par des militants se revendiquant de l’anarcho-syndicalisme a de l’influence. Ces « mensuels », payés au mois, sont des employés, des techniciens, des dessinateurs industriels ou des membres du petit encadrement. Ils réclament le rattrapage de leurs salaires et leur alignement sur ceux de Paris. Des manifestations ont lieu à Saint-Nazaire et à Nantes, mais ni la CGT ni FO ne cherchent à élargir la grève aux autres travailleurs, les « horaires », payés à l’heure. Au contraire, CGT, FO et CFDT laissent entendre que le fait que les horaires ne soient pas en grève empêche le patron de lockouter. Et pourtant, après trois semaines de grève des mensuels, les patrons ferment les chantiers, mettant de fait les horaires dans le mouvement. De nouvelles manifestations ont lieu, avec plus de 10 000 travailleurs. Mais la séparation entre mensuels et horaires est soigneusement maintenue par les syndicats, qui organisent des assemblées générales séparées et parfois des parcours de manifestation séparés. La grève dure deux mois. Des augmentations de salaire sont concédées, mais bien en dessous de ce pour quoi les grévistes se sont battus.
Toutes ces grèves montrent que quelque chose change dans le monde ouvrier. Le 3 avril, l’éditorial des bulletins d’entreprises Voix Ouvrière a pour titre « La classe ouvrière passe-t-elle à l’offensive ? »
La journée d’action du 17 mai est particulièrement réussie. FO y participe. Cette journée est une réponse aux pleins pouvoirs qui viennent d’être votés au gouvernement Pompidou, qui prévoit de s’attaquer à la Sécurité sociale par ordonnances. Mais elle reste sans lendemain et la simple présence d’une banderole des travailleurs de Roussel-Uclaf de Romainville, réclamant une suite, met en rage le service d’ordre de la CGT.
Il n’y a pas qu’en métropole que la contestation ouvrière s’exprime. Le 26 mai 1967, en Guadeloupe, alors que 5 000 ouvriers du bâtiment sont en grève, 2 000 d’entre eux s’affrontent aux CRS, qui tirent dans la foule, tuant plusieurs ouvriers. Après plusieurs journées d’émeutes et une chasse à l’homme, des dizaines d’ouvriers sont arrêtés.

L’influence des luttes paysannes

La colère de la petite paysannerie éclate aussi dans plusieurs villes, notamment à la fin 1967. Les manifestations des paysans s’affrontant avec les CRS contrastent avec le ronron des grandes mobilisations syndicales ouvrières. Des travailleurs, notamment dans les régions où ouvriers et paysans sont proches, vont en être influencés.
En octobre 1967, au Mans, les ouvriers de Renault s’opposent aux CRS pendant plusieurs heures. Le 23 janvier 1968, ce sont 4 800 ouvriers de la Saviem de Caen qui entament une grève pour 6 % d’augmentation. Quand le préfet envoie des CRS, des barricades sont montées pour défendre l’entrée de l’usine. Deux jours plus tard, le 26 janvier, une manifestation regroupant près de 10 000 personnes débouche sur une nuit d’émeute, où les ouvriers de la Saviem, ceux d’autres usines et aussi une centaine d’étudiants affrontent les CRS. Sur les 83 manifestants arrêtés, la moitié ont moins de 22 ans. Quelques semaines plus tard, c’est à Redon, en Bretagne, lors d’un mouvement local sur les salaires, que les jeunes ouvriers vont se battre contre les CRS.
Ces épisodes restent cependant isolés, et personne n’y voit les prémisses d’une explosion sociale généralisée. Un journaliste du Monde, Pierre Viansson-Ponté, peut même écrire le 14 mars un article intitulé « Quand la France s’ennuie… » En réalité, la contestation couve en profondeur. Un mois et demi plus tard démarre le mouvement étudiant, puis quinze jours après, la grève générale. Comme Marx l’avait écrit à propos de la révolution de 1848, « Bien creusé, vieille taupe ! »

                                           Pierre ROYAN (Lutte ouvrière n°2588)

vendredi 9 mars 2018

Argenteuil, voirie, équipements publics


Nos lecteurs nous informent

Conséquence d’un trou dans les effectifs des services de la voirie ?

Devant le square Aquitaine, dans le quartier du Val-Sud, un énorme trou est sur la chaussée du boulevard Leclerc devant l’arrêt de bus qui mène en direction du Centre-Ville. Ce n’est vraiment pas bon pour les voitures, cela pourrait être catastrophique pour un motard…
         Nous ne savons pas si ce tronçon de ce boulevard relève du conseil départemental du Val d’Oise ou de la Ville d’Argenteuil.
         Quelle que soit la réponse, une telle situation exige qu’il y soit mis un terme dans les meilleurs délais !

Ce n'est pas celui-là, mais c'est tout comme
 

De grandes surfaces foncières disponibles

Une de nos lectrices a réagi au commentaire de l’adjoint aux affaires sociales de la municipalité d’Argenteuil qui mettait l’accent sur le fait que le projet Fimenco-Héloïse prévoyait dorénavant aussi la construction d’une crèche.
         Selon elle, s’il a effectivement besoin de crèches sur la Ville, on peut sans problème les édifier ailleurs. Les terrains disponibles ne manquent pas.
         Elle rappelait à cet égard la disponibilité du terrain non loin du centre, entre la rue de Verdun et la rue Reichsteiner, dans le prolongement de l’EHPAD Les Pensées.
         Si cet EHPAD a été construit à cet emplacement, c’est que les terrains qui avaient été prévus initialement pour y aménager le prolongement du boulevard Leclerc étaient toujours disponibles. L’un des deux morceaux expropriés l’est toujours plusieurs décennies plus tard.
         Ce terrain appartient-il toujours au conseil départemental ?
        Il pourrait sans problème porter un équipement public, un groupe scolaire, un collège, une crèche,…

mardi 6 mars 2018

Argenteuil : « projet Héloïse », quand des médias locaux font en revanche un travail honnête


Voilà les problèmes posés. DM

 Article in extenso extrait du journal La Gazette. Article de Daniel Chollet qui donne une bonne synthèse de l’aspect « environnemental » de la question. La Gazette, 1,30 euro. Paraît le mercredi en vente au « Presse-papier »

Argenteuil : Pôle Héloïse, ça coince côté environnement !

Un secteur à fort trafic routier et qui possède « un potentiel de renaturation » (sic). Deux éléments à prendre en compte dans le dossier du projet de pôle Héloïse.

Publié le 5 Mar 18 à 10:01Le projet Héloïse, côté boulevard Héloïse, avec à gauche la salle de spectacles et le multiplexe qui est le point culminant, près du pont. (©Fiminco)


Le projet Héloïse, côté boulevard Héloïse, avec à gauche la salle de spectacles et le multiplexe qui est le point culminant, près du pont. (©Fiminco)

Le dossier s’accélère ! Alors que le maire d’Argenteuil (Val-d’Oise), Georges Mothron (Lr), annonce le dépôt du permis de construire pour cet été, une enquête publique environnementale, qui doit avoir lieu le mois prochain, redonne espoir aux opposants… Même si la Commission nationale d’aménagement commercial (Cnac) vient d’émettre un avis favorable au projet.

Un avis de l’autorité environnementale vient d’être rendu public sur ce projet. L’autorité émane de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France (Driee), qui dépend de la préfecture de région.

Site inondable

L’autorité environnementale recommande en effet de « justifier le choix d’implanter le projet sur un site inondable aux deux tiers », surtout que « 97,6 % de la surface communale n’est pas inondable ».

Le rapport note que les constructions nouvelles sont autorisées « sous réserve de certaines conditions ». Le maître d’ouvrage prévoit d’ailleurs un parking souterrain « partiellement inondable » qui serait « vidangé après une inondation ».

Autre recommandation : « justifier l’urbanisation du site alors que celui-ci présente un potentiel de renaturation (sic) au titre du Srce (schéma régional de cohérence écologique), que le tissu urbain environnant est fortement déficitaire en espaces verts et que le Sdrif pourrait identifier sur le site un espace vert à préserver ». C’est un des arguments mis en avant par les opposants au projet, le collectif Jean-Vilar.

« Renaturation »

La question des déplacements semble être la plus sensible. 10 000 véhicules passant chaque jour sur le boulevard Héloïse. « Le trafic routier est déjà fortement congestionné, saturé en heures de pointe, matin et soir en semaine et samedi après-midi, notamment sur le pont », note le rapport. C’est peut-être le talon d’Achille de ce projet.

10 000 véhicules par jour

L’avis, qui vise à éclairer le public sur la qualité de l’étude d’impact, datée de juillet 2017, s’inscrit dans le cadre de la procédure de demande de permis de construire déposée par la société Fiminco.

Un ensemble immobilier de 40 427 mètres carrés

Un projet qui, rappelons-le, consiste en la réalisation d’un ensemble immobilier de 40 427 m2, entre le boulevard Héloïse et la départementale 311 longeant la Seine, comprenant un complexe cinématographique de 1 700 places et neuf salles, deux blocs de commerces et restaurants, sur lesquels reposeront six immeubles accueillant 156 logements et une salle de spectacles d’une capacité de 3 810 personnes. Le cinéma serait le point culminant à 43,20 mètres. Mais le maire vient d’annoncer qu’il allait demander à la société Fiminco de revoir ce point, suite aux doléances d’Argenteuillais.

Enfin, le site comprendra 787 places de parking, avec deux heures de gratuité, comme à Côté Seine, selon Fiminco. Objectifs de ce projet : « renforcer l’offre commerciale, l’attractivité du centre-ville, créer un pôle culturel et répondre aux besoins en logements. »