samedi 29 décembre 2018

Mutuelles : d'une façon ou d'une autre, les assurés paieront plus


Mutuelles : les assurés paieront plus

Un bras de fer a opposé la ministre de la Santé et les mutuelles et assurances qui proposent des complémentaires santé. Après avoir négocié avec le gouvernement les modalités du « zéro reste à charge », c’est-à-dire la gratuité totale de certains soins dentaires, d’optique ou d’audioprothèse d’ici trois ans, elles s’apprêtaient à augmenter leurs tarifs de façon substantielle en 2019.
Certaines expliquaient la hausse précisément par cette réforme. Des retraités ont reçu des lettres leur annonçant des augmentations, de 9,4 % parfois, d’ici à 2021. Autant dire qu’il s’agissait d’une sacrée ponction sur le pouvoir d’achat.
En pleine crise des gilets jaunes, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a qualifié de « sabotage politique » ces augmentations, menaçant les mutuelles de sanctions. Selon elle, le coût incombant aux mutuelles et assurances, pour mettre en œuvre cette réforme, soit 250 millions d’euros, ne justifie aucune augmentation.
Après un premier rendez-vous à Matignon, les mutuelles et assurances avaient jusqu’au 20 décembre pour communiquer leurs décisions au gouvernement. Elles se sont finalement engagées à reverser 70 millions d’euros à ceux qui n’ont pas droit à des aides pour souscrire une complémentaire mais dont les revenus sont malgré tout très modestes. Cela devrait concerner plus de 5 millions de personnes qui obtiendront en moyenne 14 euros par an. Les mutuelles et assurances se sont engagées en outre à ne pas financer la réforme du « zéro reste à charge » par des augmentations de tarifs, mais les tarifs pourront augmenter pour bien d’autres raisons qu’elles expliqueront aux assurés. Et comme le « zéro reste à charge » sera limité à certains équipements de base pas nécessairement adaptés à la pathologie de chaque malade, les déconvenues seront au rendez-vous.
Pour une santé accessible à toutes les bourses, il ne faut pas compter sur la réforme annoncée par le gouvernement, ni sur les protestations d’une ministre.

                                                               Inès Rabah (Lutte ouvrière n°2630)

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