jeudi 24 mai 2018

Parcoursup : la sélection et ses dégâts


Il faut des moyens suffisants pour l’Education


Étudiants en manfestation le 1er février

Les premiers résultats du nouveau système d'affectation des lycéens après le bac sont tombés. La moitié des élèves - 400 000 - sont « en attente », c'est-à-dire qu'ils doivent attendre qu'une place soit libérée par les lycéens qui ont été acceptés dans plusieurs formations.
Selon le ministère, tout le monde finirait par trouver une place. Mais quand, et surtout comment, puisque le gouvernement n'a annoncé que la création de 20 000 places dans l'enseignement supérieur, alors qu'il y aura à la rentrée 40 000 étudiants de plus que l'année dernière ?
En réalité, ce nouveau système conforte la sélection à l'entrée à l'université, sans offrir le nombre de places suffisantes pour tous. Pour que chacun puisse suivre la formation de son choix, il faut des moyens suffisants, comme le réclament les étudiants mobilisés depuis plusieurs semaines.

Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître 

Parcoursup : selection-sociale.gouv.fr

Mardi 22 mai, les plus de 800 000 lycéens ayant déposé leurs vœux de poursuite d’études ont commencé à recevoir des réponses sur leur portable grâce à Parcoursup, le procédé informatique mis en place par l’administration.
Les commentateurs les plus optimistes, dont le ministre, annoncent que la moitié de ces jeunes gens devaient avoir une proposition d’inscription le soir même. Le syndicat étudiant Unef, sans doute plus réaliste, prévoit que des dizaines voire des centaines de milliers de candidats aux études supérieures resteront sans inscription à la fin du processus, en septembre. De plus, parmi ceux qui auront accès au supérieur, combien seront conduits à faire des études par défaut, n’ayant pas pu accéder au cursus qui les tentait ?
Depuis 2013, le nombre de jeunes désireux de poursuivre des études après le bac est en augmentation constante. Les ministres de l’Éducation successifs, et derrière eux les gouvernements et l’État, n’ont rien fait pour dégager les moyens humains et matériels propres à accueillir ces jeunes. Ce n’est pas par imprévoyance, l’existence de ce groupe de jeunes est évidemment connue depuis… 18 ou 20 ans. C’est seulement que les gouvernements, celui d’aujourd’hui après tous les autres, ne veulent pas consacrer d’argent supplémentaire à l’éducation. Alors, puisque l’État n’a pas la volonté de proposer des études à tous ceux qui le veulent, il trie les candidats et les sélectionne.
À toute critique de la sélection organisée par Parcoursup, le ministre de l’Éducation et la secrétaire d’État aux Universités répondent qu’auparavant la sélection était parfois organisée par tirage au sort. Avec Macron et Blanquer, elle se fera désormais selon un classement.
Dans chaque filière de chaque université, les enseignants ont dû classer les dossiers des postulants, en vertu de critères qu’ils ont été libres d’inventer. Il y a les notes, bien sûr, mais que valent les notes si l’on ne connaît pas le lycée, voire l’enseignant qui les a données ? Les appréciations des professeurs du secondaire, la lettre de motivation du candidat, ses activités hors de l’école, tout peut entrer en jeu. Certains enseignants ont refusé d’opérer cette sélection, d’autres ont essayé de la mettre en place le moins mal possible.
Mais, dans une société d’inégalité, la richesse joue évidemment son rôle dans la sélection. La culture générale, la motivation et l’aisance dans l’expression sont des fées qui se penchent plus facilement sur les berceaux des beaux quartiers que sur ceux des cités HLM.
Au-delà de cette hypocrisie sociale bien habituelle, les étudiants et les enseignants mobilisés contre Parcoursup demandent que l’État consacre des moyens suffisants pour accueillir tous les jeunes qui veulent étudier. C’est en effet le minimum qu’une société doit à sa jeunesse. Mais c’est un minimum que le capitalisme n’a jamais été capable de fournir, au détriment bien entendu de la jeunesse des classes populaires.
                                                         Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°1599

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