lundi 12 mars 2018

Editorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise de ce lundi 12 mars 2018 : "Les 15 et 22 mars, redressons la tête"




Les 15 et 22 mars, redressons la tête

93 400 000 000, soit 93,4 milliards d’euros. Ce sont les profits réalisés par les entreprises du CAC40, en augmentation de 24 % par rapport à 2016.
Avec cet argent, il y a de quoi verser un salaire de 1500 euros net, cotisations comprises, à plus de trois millions de salariés pendant un an. Alors, il n’y a aucune raison d’accepter les sous-effectifs, les bas salaires et la dégradation des conditions de travail.

2,25 milliards pour PSA, 3,5 pour Renault, 5,1 pour LVMH, 6,2 pour Axa, 7,8 pour BNP Paribas et 8,4 pour Sanofi : cette débauche de profits est le produit de la lutte de classe menée par le grand patronat et le pouvoir politique contre les travailleurs.

Elle est le résultat des suppressions de postes, de l’intensification des rythmes de travail, du blocage des salaires pour les salariés de ces groupes, mais aussi pour les intérimaires et les salariés de la sous-traitance qui tiennent les postes les plus durs et sont les plus mal payés.

Et que nous dit Macron ? Que cela doit continuer. Que les travailleurs, les retraités, les chômeurs doivent encore faire des sacrifices. Pour justifier la baisse des pensions de plusieurs millions de retraités, un député macronien les a même qualifiés de « génération dorée » ! 

Ce gouvernement rassemble un nombre inédit de millionnaires et de profiteurs de parachutes dorés, mais à l’écouter, les retraités qui touchent plus de 1200 euros de pension seraient des privilégiés. Les cheminots et les fonctionnaires, parce qu’ils ont la sécurité de l’emploi, seraient des privilégiés. Les CDI, qui sont moins précaires que les CDD et les intérimaires, seraient aussi des privilégiés. Et, comparés aux chômeurs, ces derniers ont encore la chance de travailler un peu… ce que le gouvernement finit presque par présenter comme un privilège.

Autrement dit, personne n’aurait à se plaindre, car il y aurait toujours pire que soi. C’est de la propagande grossière. Elle vise à nous diviser et à nous forcer à reculer et à nous aligner sur les plus mal traités et les plus mal payés. Et pendant ce temps, les plus riches amasseront leurs fortunes et jouiront de sinécures incroyables.

Les cheminots, pas plus qu’aucun autre travailleur, n’ont de leçons à recevoir de personne.

Les plus grandes fortunes augmentent chaque année de 10 ou 20 %, et la sécurité de l’emploi serait devenue un luxe intenable ? Les actionnaires sont arrosés de dividendes, et les augmentations de salaires et les embauches seraient impossibles ? Le gouvernement a accordé six milliards de remises fiscales aux plus riches. Et les hôpitaux, les Ehpad, les écoles et les tribunaux devraient se débrouiller avec des bouts de ficelle ? Non, il ne faut pas l’accepter.
Macron s’est mis à dos une bonne partie des classes populaires. Eh bien, il faut souhaiter que ce mécontentement finisse par lui éclater à la figure !

Ce qui manque aux travailleurs, c’est de reprendre confiance dans leur force collective. L’écrasante majorité était opposée à la loi El Khomri en 2016 et aux ordonnances Macron. Mais trop peu de travailleurs se sont engagés dans les grèves et les manifestations pour arrêter ces attaques.

Cela fait dire à certains que « plus personne ne veut se battre ». Ce n’est pas vrai. Il y a des travailleurs qui veulent se faire entendre et se battre.

Le 15 mars, les retraités manifesteront. Les personnels des Ehpad et des services à domicile, qui manquent cruellement de moyens, seront en grève et la métallurgie organisera des rassemblements. Le 22 mars, ce sont la fonction publique, la RATP, EDF et les cheminots qui descendront dans la rue.

La mobilisation des travailleurs de la SNCF aura une importance particulière. Contrairement aux directions syndicales qui lanternent pour appeler à la grève reconductible, beaucoup de cheminots savent qu’ils n’ont pas le choix et doivent se préparer à une lutte difficile. Il faut qu’ils aient l’opinion ouvrière avec eux. Ce n’est pas qu’une question de solidarité : il en va de l’intérêt de l’ensemble du monde du travail.

Au travers de ce bras de fer, Macron veut prouver que rien ni personne ne l’arrêtera dans sa politique anti-ouvrière. Si les cheminots le font reculer, ils modifieront le rapport de force politique et le monde du travail en sortira moralement conforté. Dans le cas contraire, Macron et la bourgeoisie redoubleront d’arrogance et auront la voie libre pour poursuivre leur offensive.
Alors, il faut que les cheminots ripostent à l’attaque et que les travailleurs en général relèvent la tête. Ils ont à se battre avec la fierté de ceux qui n’ont jamais volé leur pain et n’acceptent pas d’être sacrifiés sur l’autel des profits.

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