Macron
rafle la mise au Parlement, les travailleurs se défendront avec leurs armes de
classe
À en juger par les résultats du
premier tour de ces élections législatives, Macron s’achemine vers une
écrasante majorité à l’Assemblée nationale. Le système électoral est ainsi fait
qu’il aura une majorité parlementaire à sa botte avec seulement, au premier
tour de la présidentielle, 24 % des votants et 18 % des inscrits et avec une
abstention record à ce premier tour des législatives !
Macron aura donc réussi à créer
une nouvelle configuration politique qui remplace les grands partis
déconsidérés de l’alternance gauche-droite, en recyclant au passage un certain
nombre de politiciens blanchis sous le harnais parlementaire. Il aura réussi à
procurer à la bourgeoisie une équipe rafraîchie pour gérer ses affaires
politiques.
Sa personne comme son
gouvernement incarnent avec arrogance les intérêts de la France possédante. Ils
sont des ennemis déclarés des travailleurs et applaudis comme tels par les
bien-pensants. Leur plan de « réforme du travail » est une déclaration de
guerre aux salariés.
Le nouveau gouvernement reprend
l’offensive là où le précédent l’avait arrêtée, en poursuivant la légalisation
de ce que les patrons imposent déjà de fait bien souvent.
La loi El Khomri permet au
patronat, à l’échelle de l’entreprise, d’abaisser la majoration des heures
supplémentaires et d’augmenter le temps de travail au-delà de ce qu’autorisent
les accords de branche. À en croire ce qu’a révélé la presse, les ordonnances
du gouvernement permettront au patronat, toujours sous couvert de la comédie de
la négociation par entreprise, d’établir les contrats de travail qui lui
plaisent et de licencier selon les critères qu’il aura décidés. Il pourra fixer
la durée des CDD et le nombre de leurs renouvellements avec encore moins de
contraintes.
Ces ordonnances, qui seront
publiées dès septembre et prendront force de loi immédiatement, plafonneront
aussi les indemnités prud’homales auxquelles un employeur est condamné en cas
de licenciement abusif et elles attaqueront la représentation des syndicats dans
les entreprises.
Macron a prévu d’exaucer tous les
vœux du grand patronat. La semaine dernière, aux travailleurs de GM&S à La
Souterraine dans la Creuse qui se battent pour sauver leurs emplois, il a dit «
je ne suis pas le Père Noël ». Les ouvriers de ce sous-traitant de Renault
et de PSA ont sué du profit pendant des décennies pour une ribambelle de
repreneurs différents et pour les capitalistes de l’automobile. Alors que
l’État est actionnaire de Renault et de PSA, la déclaration de Macron est claire
et elle vaut pour l’ensemble du monde du travail : les travailleurs n’ont rien
à attendre du gouvernement et le trouveront contre eux à chaque fois qu’ils se
battront pour défendre leurs intérêts.
Quelques voix parmi les
politiciens de la bourgeoisie les plus lucides commencent à s’inquiéter de
l’ampleur annoncée de la victoire macroniste aux législatives. Une opposition
parlementaire trop minoritaire ou trop jugulée n’est pas à même d’entretenir
l’illusion d’un contrepoids sur l’exécutif et, par là même, de canaliser et
d’atténuer les mécontentements en les transformant en palabres parlementaires.
Les classes populaires frappées
par les mesures prises en faveur de la grande bourgeoisie, les travailleurs en
premier lieu, en tireront plus facilement la conclusion qu’il n’y a rien à
espérer du côté de ce moulin à paroles qu’est l’Assemblée, si manifestement
sans pouvoir. Il y a là le risque pour la bourgeoisie que l’opposition
s’exprime ailleurs : dans la rue, dans les quartiers populaires, dans les
entreprises.
C’est dans cette perspective que
les 159 500 voix obtenues par les candidats de Lutte ouvrière « Faire entendre
le camp des travailleurs » représentent un espoir, même si cela correspond à un
faible pourcentage. Et ceux qui, en votant Lutte ouvrière ont affirmé leur
appartenance au camp des travailleurs, doivent continuer à exprimer leurs
convictions, les affermir et les propager. Car la conscience de faire partie de
la classe des exploités, aux intérêts fondamentalement opposés à ceux des
exploiteurs, est essentielle pour les luttes à venir.
Il est vital que ces luttes se
situent sur le terrain des intérêts de classe des travailleurs. Et il ne faut
pas qu’elles soient dévoyées par la démagogie de ceux qui cherchent à dresser
les travailleurs les uns contre les autres. Ce n’est qu’en ayant clairement
conscience de qui sont ses véritables ennemis que la classe ouvrière pourra
déployer sa force collective.
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