vendredi 9 juin 2017

Argenteuil : réunion de Lutte ouvrière hier au soir, l'introduction au débat de Dominique MARIETTE



Remise d'un soutien financier aux grévistes des Pensées, en grève depuis 24 jours


Nous sommes bien évidemment réunis ce soir pour que nous vous donnions des raisons de voter pour notre candidature, celle de moi-même Dominique MARIETTE et de mon suppléant Michel CAMPAGNAC, candidats de Lutte ouvrière dans la 5ème circonscription du Val d’Oise, celle d’Argenteuil et de Bezons. Mais nous voulons également profiter de l’occasion pour poser un certain nombre de problèmes sur la situation politique et sociale actuelle, et donc engager la discussion avec nos camarades mais aussi avec des militants ou des habitants sincèrement préoccupés de l’avenir.
         Le cadre général de cette situation est l’offensive de la bourgeoisie contre le monde du travail qui a commencé avec le début de la crise des années 1980 et n’a cessé de se renforcer ces dernières années. Je n’entrerai pas dans le détail. Pour résumer : la montée du chômage et la pourriture de la société qu’elle entraîne. La montée des inégalités. L’aggravation de l’exploitation des travailleurs pour des salaires à la traîne.
         Dans cette situation, le monde du travail est aujourd’hui à la peine. Je voudrais m’arrêter sur ce terme de « monde du travail ». Que les choses soient claires, le monde du travail rassemble l’immense partie de la société qui ne vit pas de l’exploitation du travail d’autres individus. Qu’on l’appelle la classe ouvrière ou le prolétariat, le monde du travail rassemble certes les ouvriers de l’industrie, mais également les employés du commerce, des bureaux, les travailleurs de la fonction publique, des hôpitaux, des collectivités locales, mais aussi les artisans et les petits commerçants, les travailleurs indépendants qui ne le sont certes pas des banques, mais qui dépendent de la situation de la population laborieuse. Tout cela, pour résumer.
         Voilà notre classe, et la caractéristique de notre courant politique est de raisonner sur ce plan, de se réclamer de la lutte des classes, qu’il faut appeler plus que jamais par son nom même si cela dérange. Pour notre part, nous combattons « pour faire entendre  et organiser notre classe, le « camp des travailleurs ». Et un travailleur conscient ne devrait voter que pour un représentant de sa classe. C’est une première raison de voter Lutte ouvrière.
         La société capitaliste actuelle, et cela à l’échelle du monde, est marquée fondamentalement par l’opposition entre ces deux camps, le camp de la bourgeoisie et le camp des travailleurs. Certes, cette opposition se fait aujourd’hui au bénéfice de la bourgeoisie. Mais cela peut changer, et vite.
           Pour cela, nous militons pour reconstruire un parti des travailleurs qui exprime les intérêts politiques du monde du travail. En conséquence, ce parti ne pourra se construire que sur les bases de la lutte des classes, du terrain du communisme, de la révolution ouvrière, et de l’internationalisme.
         Les élections présidentielles ont marqué un tournant dans la situation politique du pays. Elles ont marqué la fin de près de 40 ans d’alternance entre un parti de droite bien identifié et le parti dit socialiste. Aujourd’hui, les cartes sont quelque peu brouillées, et l’on ne sait pas ce qui sortira du paysage politique dans les prochaines années. A l’alternance droite-gauche est en train de se mettre en place un conglomérat gouvernemental gauche-centre-droite, autour du En marche de Macron. On ne sait pas quel sera son avenir, s’il durera longtemps, mais en attendant,  les sondages, si on les croit, annoncent sa victoire, dimanche.
         Macron en tout cas a annoncé la couleur. Il veut accélérer vite l’offensive contre les travailleurs. Sans détour, il s’est affirmé l’homme du patronat, là où les présidents précédents le faisaient avec plus de discrétion. Sur le plan du code du travail et de bien d’autres sujets, il s’apprête à cogner dur  contre le monde du travail, sur les actifs, les chômeurs et les retraités.
         Nous avons donc à nous préparer aux affrontements à venir. Pour cela, à Lutte ouvrière, nous avons toujours eu de cesse de nous implanter dans les entreprises, autour de militants, avec la volonté d’y construire des groupes communistes et de lutte de classe qui défendront la politique ouvrière que nous jugeons nécessaires.
         Les élections sont aussi des moments importants pour développer cette implantation, dans les entreprises et les quartiers populaires. Au-delà des résultats chiffrés, les campagnes électorales que nous avons menées aux quatre coins du pays visent à ce développement, à l’image de ce que les militants socialistes et communistes firent à l’époque où leurs partis méritaient ces noms, c’est vrai il y a bien longtemps.
         Mais les élections sont aussi des moments qui permettent de populariser les objectifs qui devront être ceux des futures mobilisations ouvrières d’ampleur pour qu’elles ne soient pas dévoyées vers des revendications contre-productives, voire réactionnaires. Nous y reviendrons.
         C’est ce que Nathalie ARTHAUD n’a eu de cesse de faire durant toute la campagne des élections présidentielles. Elle n’a surtout pas dit, votez pour moi, et je vous promets de réaliser un catalogue de promesses électorales. Elle a dit, en revanche, que lors de nos luttes futures, il faudra imposer les objectifs que la situation du monde du travail exige : l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire, pas un salaire ou une pension inférieur à 1800 euros net, avec une augmentation immédiate de 300 euros pour tous, le contrôle des travailleurs sur les comptes des entreprises, la nécessité que l’argent public aille aux services publics utiles à la population.
         Votez Lutte ouvrière, c’est aujourd’hui approuver ces perspectives. Nous militons et militerons pour qu’elles soient reprises dans les luttes futures.
         Lors des élections présidentielles, nous nous sommes adressés inlassablement sur ce plan au monde du travail. Et nous avons été les seuls à avoir cette préoccupation de nous adresser uniquement au monde du travail en tant que classe, et non à la population, et encore moins au peuple, un terme qui a toujours été utile à la bourgeoisie pour endormir les travailleurs.
         Tout cela est d’autant plus important qu’une partie de ce monde du travail, y compris sans doute une petite partie de sa frange militante, est gangrenée par des idées contraires à ses intérêts fondamentaux. Cette réalité s’exprime dans le vote Front national grandissant dans des régions ouvrières. Cette réalité ne doit pas être masquée par ce que l’on a pu constater à Argenteuil par exemple, avec un tassement des voix de l’extrême-droite.
         L’augmentation du crédit du FN dans le monde du travail est grosse d’énormes dangers pour l’avenir. Que ses thèmes deviennent des objectifs des luttes d’ampleur qui ne manqueront pas d’avoir lieu, et ces luttes seront dévoyées à coup sûr, et au final mises à la remorque du char… de la bourgeoisie.
         J’entends par là le protectionnisme, la priorité nationale, le rejet des travailleurs détachés, des travailleurs étrangers, des travailleurs sans papier, des travailleurs des autres pays, des travailleurs selon leurs religions. Ces thèmes visent à diviser notre classe, à opposer les unes contre les autres ici des fractions de cette classe, et à opposer les travailleurs de ce pays aux travailleurs des autres pays. Ces thèmes qui divisent les travailleurs et par là-même sont des dangers mortels servent l’union nationale qui vise à l’abandon de la lutte de classe des travailleurs au profit de l’union entre le monde du travail et sa bourgeoisie, alors que les intérêts du monde du travail exigent qu’il s’oppose radicalement à elle.
         Et c’est ce qu’il y a de particulièrement dangereux dans la politique de Mélenchon, un carriériste comme les autres, né du sérail du Parti socialiste, tribun certes, mais démagogue encore plus certainement. Et le nationalisme de sa campagne n’avait rien à envier à celle de Marine Le Pen.
         Les militants du PCF qui l’ont rallié n’ont pas eu à rompre avec leur propre tradition, celle que leur parti a entretenue depuis 1935, lorsque le PCF rompit avec le drapeau rouge pour le drapeau tricolore, avec l’Internationale pour la Marseillaise, tout cela sur l’ordre de Staline.
         Mais ces idées-là sont aux antipodes des intérêts du mouvement ouvrier. Et elles le sont d’autant plus depuis que l’impasse et la crise du capitalisme s’élargit.
         En tout cas, nous à Lutte ouvrière, nous militons pour le vieux programme internationaliste de Marx, Engels, Rosa Luxembourg, Lenine et Trotsky : « Prolétaires de tous les pays unisssons-nous », avec comme en emblème le drapeau rouge et comme hymne, l’Internationale.
         Voter pour Lutte ouvrière, ce sera affirmer sa solidarité avec des militants qui militent pour reconstruire un parti des travailleur internationaliste.
         Ce sera également voter pour des communistes. Non seulement les candidats de Lutte ouvrière s’affirment comme tels, mais ils indiquent que l’Humanité ne sortira de l’impasse du capitalisme dans lequel il est définitivement embourbé, qu’en renouant avec la perspective des Etats-Unis socialistes du monde. Etre communiste, c’est la volonté de se débarrasser de la propriété des moyens de production, base de la propriété capitaliste, avec les conséquences de l’exploitation, des inégalités de tous niveaux, de l’anarchie économique, de la crise et de l’impasse permanente du système.
         Il y eut un parti qui, à partir de 1920, porta ce projet, ce fut en France le parti communiste fondé au congrès de Tours, dans le prolongement de la Révolution russe et de la vague révolutionnaire qui suivit la première guerre mondiale. Mais ce parti devint stalinien, et se perdit comme je l’ai dit, dans le nationalisme et l’électoralisme. Son déclin commença quand en 1981 Mitterrand se joua de lui en siphonnant ses voix. Il se poursuivit sous la direction de Hue qui vient de passer chez Macron et qui liquida son organisation. Il est ces dernières années victime je dirais « consentante » de la politique de Mélenchon qui achève ce que le maître de ce dernier, Mitterrand, avait commencé. Nous aimerions discuter avec les militants qui restent néanmoins attachés à leur parti, mais localement, sur Argenteuil-Bezons, ce n’est pas facile.
         Voter Lutte ouvrière, ce sera voter pour des communistes.
         Mais ce sera également voter pour des révolutionnaires. Etre pour la lutte de classe et pour le changement fondamental de la société implique que l’affrontement entre le monde du travail et la bourgeoisie pour l’avenir du monde s’achèvera par la solution à la question : « qui possède le pouvoir pour décider des orientations de la société, de cette bourgeoisie et du monde du travail ? ». Cette année, le centenaire de la Révolution russe nous donne une petite idée de la réponse à cette question.
         Voter pour les candidats de Lutte ouvrière, ce sera voter pour des candidats qui affirment leur identité, mais ce sera aussi voter pour des militants, et sur Argenteuil-Bezons, des militants dont on peut largement mesure leur engagement en faveur du monde du travail et des perspectives de transformation de la société.
         Mais avant d’aller plus loin, je voudrais m’arrêter sur les différents candidats de la circonscription.
         Nous n’avons guère de chose à dire du candidat du FN, au-delà de tout le mal de la politique de son parti que j’ai déjà évoquée. C’est un inconnu, dont on ne connaît pas l’itinéraire. Le FN n’a pas fait localement campagne. Il considère sans doute que son matelas de voix réactionnaires lui suffit sur les deux localités, et qu’il a mieux à faire ailleurs.
         Il y a le candidat des Républicains, un juppéiste discret, par ailleurs adjoint au maire d’Argenteuil, qui a sans doute été choisi par les instances de son parti pour ne pas mettre en avant le premier adjoint, responsable des finances, un fillonniste notoire. Ce candidat Les républicains s’intitule « Majorité présidentielle », il se revendique donc, mais sans le dire explicitement, « pour Macron ».
         Mais il y a la candidate macronnienne estampillée « En marche ». Chaque fois que je la rencontre, je la salue comme il se doit, mais elle doit s’étonner que je n’ai pas envie d’engager la conversation. Elle sort de nulle part. Très exactement, non, elle sort de l’Essec de Cergy, la grande école pro-patronale, ce qui n’est pas une tare, mais ce qui mène tout de même à toutes les suspicions lorsque l’on sait que le nouveau ministre de l’Education dite nationale n’est autre que l’ancien directeur de cette Essec de Cergy, et qu’auparavant, le monsieur a été un de ceux qui ont mis en place le plan de Sarkozy de liquidation de dizaines de milliers et de dizaines de postes d’enseignants entre 2007 et 2012 !
         Et puis, il y a celui qui aurait bien voulu être investi pas Macron, le vallsien Philippe Doucet, qui n’a pas soutenu Hamon, ne lui a pas donné son parrainage, a voté Macron, et qui, devant le refus de ce dernier, a opéré un tournant en se raccrochant aux branches élimées et chancelante du PS.
        Incontestablement, l’encore-député concentre localement contre lui-même un certain nombre de rancœurs voire de franches colères.
         Ces rancœurs justifiées se focalisent justement sur son attitude de député hollandiste, puis hollandiste-vallsiste de 2012 à 2017. On comprend qu’il tente de faire de cette campagne pour être réélu le remake de la dernière campagne municipale. Mais, comme député, soignant sa carrière personnelle et ses grandes espérances ministérielle, il a non seulement soutenu toutes les mesures anti-ouvrières du quinquennat, mais il s’en ait fait le héraut médiatique au profit de Valls. Son nom restera en particulier lié au tryptique « 49-3/ Loi travail/ déchéance de la nationalité ».
         P. Doucet compte sur l’amnésie des électeurs. Il compte aussi sur la force du clientélisme. Nous comptons, quant à nous, sur la mémoire qui est un des fondements de la conscience. Voter Lutte ouvrière ce sera voter contre le député PS sortant.
         Je parlerai également des Insoumis.
      J’ai déjà indiqué ce que nous pensions de leur mentor, Jean-Luc Mélenchon, et des dangers que les idées que ce dernier défend justement pour la conscience du monde du travail.
         Nous connaissons nombre de militants locaux de ce courant, très actif depuis des mois. Nous avons des rapports cordiaux avec nombre d’entre eux. Nous les avions invités à venir débattre avec nous ce soir. Ce sont d’anciens adhérents du PCF, des Verts, du PS, du NPA. Leur engagement, neuf pour certains, ne mènera pas à une impasse personnelle rapide, s’ils réfléchissent à toutes les questions que nous posons. Ils ne sont certes ni communistes, ni révolutionnaires, ni internationalistes. Certains sont tout de même gênés par le nationalisme et le populisme de Mélenchon, mais indiquent que n’est pas grave, et que la dynamique du mélenchonisme est plus importante que le contenu de ce que dit Mélenchon. Cette façon de voir, nous la contestons fermement. Cela n’est pas acceptable au niveau d’une élection présidentielle où ce que disent les candidats peut s’imprimer dans la conscience de la population, pour le meilleur certes comme l’a fait Nathalie ARTHAUD, mais aussi pour le pire dans le cas de Jean-Luc Mélenchon.
         Les mélenchoniens ont de grandes espérances, au vu des résultats obtenus lors du premier tour des élections présidentielles par leur poulain, plus de 30% sur la circonscription, je crois. Nous pensons qu’ils se racontent aujourd’hui des histoires. En tout cas, qu’ils gardent en mémoire pour la suite ce que nous leur disons.
         Et il y a donc nos candidatures, celles de deux militants de longue date.
     Celle de Michel, le candidat suppléant, 46 ans, professeur d’histoire-géographie, qui milite chez les personnels de l’Education nationale, qui est membre de l’Union locale des syndicats CGT de Bezons, qui a été élu conseiller municipal de cette Ville en 2014 à la tête d’une liste Lutte ouvrière « Pour faire entendre le camp des travailleurs ». Michel, un militant ouvrier, communiste, révolutionnaire et internationaliste.
         Et donc la candidature de moi-même, Dominique, 65 ans, aujourd’hui à la retraite, mais encore jusqu’à présent bon pied bon œil. Vous me connaissez, mais pour résumer, je ne peux que répéter ce que je disais à propos de Michel. Un militant ouvrier, communiste, révolutionnaire et internationaliste.
         Alors, oui, pour des travailleurs et des électeurs conscients, il y a de très nombreuses raisons de voter pour nos deux candidatures.
         Nos résultats demeureront certes des résultats minoritaires, voire très minoritaires. Il y a de très nombreuses raisons qui l’expliquent, nos moyens encore limités, le silence de nos adversaires de la bourgeoisie à notre encontre, mais bien plus profondément, le niveau de conscience limité actuellement au sein de notre classe, la désorientation, la désorganisation, la démoralisation.
         Mais ces résultats peuvent augmenter. 
         Dans ces élections, dans le cadre de leur configuration générale et celui de la configuration locale avec la multiplicité de candidats qui « se tiennent » et dont a du mal à distinguer justement ce qui les distingue, le «  vote utile » ne joue plus. Ainsi, si nous appelons les électeurs de Nathalie ARTHAUD à renouveler leur vote du 23 avril dernier, nous appelons aussi tous ceux qui ont apprécié ce que disait notre camarade sans voter finalement pour elle à le faire ce coup-là dimanche.
         En tout cas, les électeurs qui se prononceront pour nos candidatures sauront pour qui ils votent.
         Leurs votes permettront qu’apparaissent un courant militant qui n’a pas baissé les bras, et qui, à contre-courant aujourd’hui maintient les éléments pour les combats et les espérances de demain.
         Voter pour Lutte ouvrière, ce sera aider au renforcement de ce courant militant. Ce sera d’autant plus important si les votes qui se porteront sur notre candidature seront ceux d’un nombre croissant d’électeurs.
         Alors votez, et faites voter pour Lutte ouvrière « Pour faire entendre le camp des travailleurs » !
         Votez et faites voter Dominique MARIETTE et Michel CAMPAGNAC !

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