lundi 8 mai 2017

Editorial des bulletins Lutte ouvrière de ce lundi 8 mai 2017


Macron président : les travailleurs devront se défendre par eux-mêmes ! 

Si l’échec de Le Pen dans la course à la présidence est un soulagement pour beaucoup, avec Macron à l’Élysée les travailleurs ont un adversaire déclaré de leurs intérêts.
Certes, Le Pen ne disposera pas des moyens de l’État pour distiller le poison de la division au sein du monde du travail. Mais, avec plus de 10 millions de voix, le Front national a obtenu plus de suffrages que jamais. Fillon et Dupont-Aignan ayant été éliminés, une partie de l’électorat de droite a logiquement voté Le Pen. Mais celle-ci a aussi bénéficié des voix de nombreux électeurs des classes populaires, écœurés par la politique menée au gouvernement par des partis qui prétendaient les représenter.
C’est un piège mortel. Le vote pour le Front national consacre l’abandon de toutes les valeurs du mouvement ouvrier, de la solidarité entre travailleurs, de l’internationalisme et du drapeau rouge, au profit d’idées chauvines et xénophobes. Une fraction importante du monde du travail a choisi d’exprimer sa colère en se subordonnant à une extrême droite dont la nature profonde est anti-ouvrière.
Le FN va chercher à bénéficier des déceptions qui seront inévitablement suscitées par Macron. Le parti d’extrême droite dresse les travailleurs les uns contre les autres, selon leurs origines, leur nationalité ou leur religion. Il les désarme ainsi dans le combat contre le grand capital. Ses succès électoraux encourageront les individus et les groupes fascisants contre les travailleurs immigrés et les étrangers. Et des hommes de main ainsi dressés constituent une menace pour l’ensemble des travailleurs, leurs syndicats, leurs associations et leurs libertés élémentaires. Ils sont une arme supplémentaire à la disposition du grand patronat.
Les 12 millions d’abstentionnistes, le chiffre record de 4 millions de votes blancs et nuls, en particulier dans les quartiers populaires, montrent qu’une partie importante des électeurs ont refusé le choix entre la millionnaire d’extrême droite et le représentant des banquiers.
La quasi-totalité des politiciens, de la droite filloniste à la gauche du PS, considèrent la victoire de Macron comme celle de la République et de la démocratie. Les milieux d’affaires jubilent.
Avec Macron, c’est un ennemi du monde du travail qui accède à l’Élysée ! Cet ancien banquier exécutera toutes les exigences du grand capital et de la haute finance.
Macron est l’auteur d’une loi qui étend le travail du dimanche, réduit les possibilités de recours aux prud’hommes et facilite les licenciements économiques. Il a inspiré la loi El Khomri, entièrement favorable au grand patronat.
Dès cet été, par ordonnances, il veut poursuivre la démolition du Code du travail. Il veut faciliter les licenciements, plafonner les indemnités prud’homales, augmenter la flexibilité et la précarité, supprimer les 35 heures. Les accords d’entreprise qu’il veut favoriser sont pain bénit pour le patronat. Macron veut supprimer 120 000 emplois de fonctionnaires et faire 60 milliards d’économies sur les services publics, la santé et les indemnités aux chômeurs. Cette politique va laisser sur le carreau des millions de travailleurs.
Engagé dans une guerre sociale féroce, le grand patronat continuera à licencier et à supprimer des emplois, comme il le fait à Whirlpool, Mim, Vivarte, Tati et bien d’autres dont les médias ne parlent pas. Il va continuer à aggraver la précarité et à peser sur les salaires afin d’augmenter la richesse des capitalistes.
Alors, comme ils ont dû le faire contre Sarkozy puis contre Hollande, les travailleurs devront se défendre sur le terrain de la lutte de classe : les grèves et les manifestations de masse.
L’avidité du grand patronat finira par déclencher des explosions sociales, nécessaires pour empêcher que le monde du travail s’enfonce dans la misère. Mais elles ne seront pas suffisantes. Il faut que les travailleurs aient une claire conscience de leurs intérêts de classe : leur ennemi, c’est la grande bourgeoisie, qui exerce une dictature absolue sur les entreprises et sur l’économie.
Bien des menaces matérielles et politiques pèsent sur les travailleurs. La seule voie pour y faire face, pour s’opposer à l’aggravation de l’exploitation et au pourrissement de toute la vie sociale, c’est de renouer avec le combat. Le mouvement ouvrier dispose de toutes ses armes pour défendre ses intérêts contre le patronat et le gouvernement, et pour mettre fin au capitalisme et au pouvoir de la bourgeoisie

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