mercredi 10 mai 2017

Argenteuil : hôpital : une situation inacceptable


Un bon article du Parisien sur un sujet que nous avions abordé dernièrement

 

Pénurie de pneumologues à l’hôpital d’Argenteuil : les médecins de ville s’inquiètent

                                                 Marjorie Lenhardt|09 mai 2017
Argenteuil, ce vendredi 5 mai 2017. Service de pneumologie à l’hôpital Victor Dupouy LP/Marjorie Lenhardt

Marjorie Lenhardt

Le service de pneumologie a adressé un courrier à tous les généralistes du secteur leur expliquant qu’il n’accueille plus que les pathologies très lourdes.

Si vous souffrez d’asthme, par exemple, sachez désormais que les délais de consultation au service de pneumologie de l’hôpital d’Argenteuil s’élèvent à six mois.

La pénurie de médecins touche désormais aussi les hôpitaux qui peinent pour certains à recruter (voir encadré). Au service de pneumologie de l’hôpital d’Argenteuil, seulement trois praticiens hospitaliers à temps plein assurent l’ensemble des activités du service depuis avril dernier suite au départ d’un médecin. Ainsi, les délais de consultation ont été drastiquement rallongés. Les activités du service ont dû être entièrement réorganisées et le nombre de lits est passé de 24 à 16. Mais les conséquences ne s’arrêtent pas aux murs de l’hôpital.

Les trois médecins - pneumologues du service ont adressé un courrier à leurs confrères, médecins généralistes et spécialistes du secteur, leur demandant de ne plus leur adresser que les patients aux « pathologies pulmonaires obligatoirement hospitalières », soit des maladies lourdes comme la tuberculose, l’insuffisance respiratoire sévère… « Une procédure habituelle qui n’est pas un sujet de préoccupation majeure », selon Bertrand Martin, le directeur de l’hôpital. Pourtant pour les généralistes en ville, quelques inquiétudes émergent.

Des patients réorientés vers les spécialistes en ville

« Quand nous estimons que le cas est urgent mais pas assez pour qu’on l’envoie à l’hôpital, il faut passer des coups de téléphone, voir quel autre pneumologue libéral pourrait le prendre en charge », explique une généraliste du centre-ville déjà submergée par des tâches administratives de plus en plus lourdes. D’ailleurs, cette dernière revient tout juste d’un arrêt maladie à la suite d’un épuisement généralisé. « Le risque aussi c’est que cela déplace le problème et allonge les délais de consultation ailleurs », poursuit-elle.

Car les médecins devront alors orienter vers les hôpitaux d’Eaubonne et Colombes. Pour sa consœur du Val-Nord il y a le risque de recourir à des « traitements d’épreuve », c’est-à-dire de donner des médicaments à des patients selon leurs symptômes sans leur faire faire un diagnostic initial nécessitant du matériel très coûteux ; ce qui fait prendre le risque au patient de prendre un traitement inadapté. « Il y a des examens spécifiques nécessitant un matériel coûteux que tous les cabinets de ville ne disposent pas forcément », ajoute cette généraliste qui craint que « toute une patientèle se retrouve dans le flou ».

Depuis plusieurs semaines maintenant, l’hôpital réoriente systématiquement les patients vers le seul pneumologue libéral d’Argenteuil. Au point que ce dernier, présent seulement deux jours par semaine à son cabinet situé près de la gare du Val d’Argenteuil, pense augmenter ses créneaux horaires.

Ce dernier qui ne pratique pas de dépassement d’honoraire commence déjà à rallonger sa présence à Argenteuil.

« Nous avons un gros souci de recrutement dans le département »

Pour la présidente du conseil de l’Ordre des médecins du Val-d’Oise, le Dr. Patricia Escobedo, le fait qu’un hôpital envoie un courrier de ce type aux médecins de ville est une première. Mais c’est avant tout par mesure de sécurité, selon elle, que l’hôpital ait pris une telle décision.

« C’est du bon sens, on ne peut que constater le départ d’un praticien, c’est une façon d’adapter la prise en charge ». Une situation qu’elle déplore : « Nous avons un gros souci de recrutement dans notre département au-delà de notre démographie médicale, nous sommes beaucoup moins attractifs car nous n’avons pas de faculté de médecine sur le territoire », explique-t-elle.

Les jeunes médecins préférant les centres hospitaliers universitaires où ils ont déjà pratiqué durant leurs études. 

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