mercredi 15 mars 2017

Hôpitaux publics : à Argenteuil comme ailleurs, la catastrophe. Un article du journal Le Parisien


Hôpital, il y a urgence !

 

Nous publions in extenso cet article du Parisien-95 qui est extrêmement révélateur de la situation dramatique des hôpitaux publics. Une situation catastrophique autant pour les agents hospitaliers que pour les malades

 


Argenteuil : une infirmière tente de se suicider devant son service à l’hôpital

Marjorie Lenhardt|14 mars 2017, 16h40

Une infirmière d’une cinquantaine d’années a tenté de mettre fin à ses jours devant son service à l’hôpital Victor-Dupouy d’Argenteuil en prenant une forte dose de médicaments. La CGT a immédiatement mis ce passage à l’acte sur les mauvaises conditions de travail et la gestion du personnel. Jeudi 2 mars, l’infirmière s’apprête à démarrer son travail. Mais avant d’enfiler sa blouse, elle se rend à une convocation disciplinaire avec un directeur des soins. Car trois mois plus tôt, elle s’était violemment disputée avec une collègue alors qu’elle entamait sa troisième nuit de travail.

Selon la CGT qui a écrit une lettre ouverte au personnel à la suite du drame, ce « pétage de plomb » aurait été provoqué par un changement de secteur de dernière minute couplé à la fatigue cumulée. « Lorsqu’elle s’est fâchée, quand on lui a demandé de changer de secteur, son quota d’heures supplémentaires était largement dépassé et ce n’était pas la première fois », écrit le syndicat dans cette lettre ajoutant « qu’il n’y a jamais eu autant d’entretiens disciplinaires qu’en ce moment à l’hôpital ».

C’est en sortant de cette convocation que l’infirmière a décidé de mettre fin à ses jours, dans sa voiture, stationnée à proximité de son service de médecine. Ce sont ses enfants - qui avaient reçu un message d’adieu de la part de leur mère - qui ont donné l’alerte. Ses collègues se sont alors mis à sa recherche et l’ont finalement trouvé sans connaissance dans sa voiture.

« Elle a été rapidement prise en charge par l’hôpital et elle est sortie dans les deux jours », assure la direction de l’établissement qui n’a pas souhaité réagir sur le contexte de ce geste dans l’attente des conclusions d’une enquête interne diligentée par la directrice des soins. Enquête ouverte dans le but d’analyser « les circonstances des conditions de travail de cet agent ». La CGT comme le syndicat autonome dénoncent une gestion de l’hôpital public « comme une entreprise privée avec d’un côté une direction qui ne parle que coût, rentabilité et mutualisation du personnel et de l’autre le personnel soignant face aux patients ». « Notre collègue fait cela en sortant d’un rendez-vous avec la direction, elle ne sort pas du cadre de l’établissement, elle veut dire quelque chose, elle lance un appel aux collègues, à l’hôpital et la direction », remarque un syndicaliste CGT qui note qu’un certain nombre d’infirmières sont en arrêt pour dépression et d’autres sous anxiolytiques. « Cette fois, c’est une fille qui paie le prix, la prochaine fois, ce sera peut-être une erreur de dosage de médicaments », ajoute-t-il.

Dès le lendemain du drame, un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail extraordinaire s’est réuni et une cellule d’écoute psychologique a été mise en place. « Nous allons certainement développer une réflexion au sein de l’établissement sur le repérage des personnes fragiles », conclut la direction.

                                                   leparisien.fr

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