jeudi 4 août 2016

Mort d'Adama Traoré : violences volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner ? Mais pourquoi les autorités ne le reconnaissent-elles pas d'elles-mêmes ?

Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine. A paraître.
 
La vérité sur la mort d’Adama Traoré : ce que les autorités ont masqué
 
La mort d’Adama Traoré le 19 juillet, alors qu’il était entre les mains de la gendarmerie après son interpellation, avait soulevé la colère de ses proches et causé plusieurs jours d’affrontement à Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d’Oise. Le procureur de la République de Pontoise avait alors, à plusieurs reprises, déclaré que le jeune homme de 24 ans souffrait d’infections graves, suggérant également que la mort était le résultat d’un malaise cardiaque.
Les détails des deux autopsies réalisées n’étaient alors pas connus du public, mais aujourd’hui, ils ont été divulgués par la presse. Les autopsies ont bien mis en évidence diverses infections et lésions qui pouvaient exister avant l’interpellation, mais elles ont aussi mis en évidence les traces de l’intervention des gendarmes. Et surtout, elles ont révélé qu’Adama Traoré était mort par asphyxie.
Cela rejoint le témoignage des gendarmes eux-mêmes, qui ont reconnu s’être mis à trois pour le plaquer au sol, sur le ventre. Une méthode d’immobilisation dénoncée de longues date car, comme le rappelle un rapport d’une ONG française, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, elle « entrave fortement les mouvements respiratoires et peut provoquer une asphyxie ». Le procureur avait accès à ces informations, il a joué sur les mots, comme l’a dit l’avocat de Traoré, pour tenter de désamorcer la colère des proches de la victime.
La mobilisation se poursuit pour savoir la vérité sur la mort d’Adama Traoré et pour que justice soit faite. Samedi 30 juillet, la marche organisée à Paris a regroupé plusieurs centaines de personnes. Elle avait pourtant été bloquée par la police dès le rassemblement à la Gare du Nord, sous le prétexte que la demande avait été déposée trop tard. La préfecture de police prétendait ainsi protéger les institutions, l’ordre public et la sécurité des manifestants.
Mais cela n’a pas suffi à faire taire la colère. La famille, de son côté, a annoncé son intention de porter plainte pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner.
                           Serge FAUVEAU (Lutte ouvrière n°2505)
 

 

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