mercredi 3 août 2016

CIO, Agence antidopage, Russie, dopage : du calme sur les sujets qui fâchent


Les jeux olympiques de Rio au Brésil vont s’ouvrir dans quelques jours. Nous sommes bien contraints d’en parler quelque peu. Ci-dessous un article de notre hebdomadaire sur la Russie, le dopage et le CIO. Pour mémoire, il y a quelques jours, dans la plus grande discrétion, la presse évoquait en passant qu’une centaine de cas de dopage venaient d’être mis sur la place publique concernant les jeux olympiques de Pékin (2008) et de Londres (2016), dont plus d’une trentaine de médaillés…
 

Jeux olympiques : plus vite, plus haut, plus chargés

Suite aux révélations d’une athlète russe en 2014, un rapport commandé par l’Agence mondiale antidopage vient confirmer l’existence en Russie d’un système de dopage d’État qui concerne tous les sports.

La réaction, très mesurée, du Comité international olympique (CIO) en dit long sur son absence de volonté de lutter contre une pratique qui ne touche certainement pas que la Russie. Publié quelques jours après l’exclusion des athlètes russes, ce rapport aurait dû en toute logique entraîner l’exclusion de l’ensemble de la délégation russe. Le CIO a refusé de prendre cette décision, laissant aux différentes fédérations internationales le soin de décider de la présence ou non des sportifs russes dans les disciplines qu’elles organisent.

Certes, les dirigeants russes auraient eu beau jeu de dénoncer une décision politique, tant il est patent que le dopage touche tous les pays. D’ailleurs, on ne voit pas comment il pourrait en être autrement, car il n’y a pas de cloison entre le sport et le reste de la vie sociale.

Les Jeux olympiques sont d’abord une histoire de gros sous. Les JO sont suivis par des centaines de millions de téléspectateurs. Pour les Coca-Cola, ­Samsung, ­McDonald’s, Nissan, et autres sponsors, il s’agit de profiter pleinement d’un formidable espace publicitaire planétaire dont ils ont l’exclusivité. Pour accrocher les téléspectateurs, les records doivent tomber. Les athlètes doivent toujours courir plus vite, sauter plus haut. Et les primes sont à la hauteur des performances réalisées.

À côté des enjeux financiers, les JO, comme toutes les grandes compétitions sportives, sont l’occasion pour les gouvernements de cultiver le nationalisme. On voit l’intérêt pour les États de ne pas être trop regardants sur les performances de leurs champions, voire d’encourager certaines pratiques illicites.

Dans ce contexte, les contrôles antidopage n’ont pas d’autre objet que de maintenir un semblant de crédibilité aux performances des athlètes, en excluant de temps à autre quelques tricheurs trop voyants ou trop maladroits. Face à l’émotion provoquée par les révélations de l’athlète russe Yulia Stepanova en 2014, les autorités ne pouvaient rester sans réagir. Les athlètes russes en ont fait les frais.

Mais il n’est pas question pour le CIO d’aller plus loin, en laissant espérer aux lanceurs d’alerte un soutien de sa part. Stepanova, qui avait dénoncé le système de dopage en Russie, n’a pas été autorisée à concourir. Le CIO s’appuie sur sa suspension pour dopage en 2013 pour justifier sa décision.

Le show doit continuer, avec les dopeurs, sans les gêneurs, pour les annonceurs.
 
 

                                               Denis Aller (Lutte ouvrière n°2504)

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire