vendredi 5 août 2016

Argenteul, emprunts toxiques : petit retour en arrière


Des emprunts « toxiques » qui continuent à empoisonner les finances locales

 

Les emprunts dits « toxiques » sont des emprunts d’un type particulier qui ont été souscrits pour l’essentiel par des collectivités locales, communes en particulier, il y a une dizaine d’années. Ils ont été souscrits dans les années précédant les élections municipales de 2008, et ce n’est pas un hasard.

Sur le principe, ces emprunts n’avaient trop rien d’original. Ils se présentaient comme des emprunts comprenant deux sortes de taux pour deux périodes bien distinctes, à l’image de ce qui se passe pour certains emprunts immobiliers et que de nombreux habitants connaissent bien : une première période, courte, avec un taux fixe très avantageux, puis une longue période avec un taux variable. Pour chacun des emprunts contractés, ce taux variable d’intérêt était indexé sur la base de la variabilité des taux de change entre deux monnaies, euro-yen ou euro-franc suisse par exemple, mais aussi sur la variabilité des cours de matières premières.

Il ne fallait pas à l’époque être très malin pour savoir que le système présentait d’énormes risques, qui ont été multipliés dans le cadre des turbulences liées à la crise financière de 2008.

Nous ne reviendrons pas ici sur le fait que le système bancaire capitaliste est un chancre qui ronge la société, et sur le fait que dans d’autres temps futurs, les besoins d’équipement et de fonctionnement seront abondés par la société toute entière par bien d’autres moyens.

En tout cas, les banquiers savaient qu’à la veille des élections municipales de mars 2008, ils avaient des clients « captifs » que pouvaient être assurément les notables locaux dont la devise en la matière est : « les élections d’abord ! Après celles-ci, s’il y a le déluge, nous aviserons ! »

Les finances d’Argenteuil sont fragiles depuis des décennies, et elles l’étaient à la veille des élections municipales de 2008.

Les notables municipaux, de droite comme de gauche ne remettent pas en cause l’austérité de l’Etat à l’égard des communes populaires. Ils dénoncent du bout des lèvres, à la rigueur, la faiblesse ou la diminution des dotations, mais il n’est pas question pour eux de mettre vraiment les pieds dans le plat. En conséquence, il leur faut donc trouver de petits arrangements qui sont de trois sortes : la réduction des dépenses, l’augmentation des impôts locaux, et l’augmentation de l’endettement.

Dans les années précédant 2008, l’augmentation des impôts faisant tâche à la veille des élections ou dans un programme électoral, la municipalité de droite d’alors a choisi de s’en remettre dans les mains de banques aux aguets pour contracter ces emprunts dit alors « structurés » et que nous appelons « toxiques ».

Oh cela ne se fait pas au grand jour, ne figure pas dans l’ordre du jour des conseils municipaux. Cela se décide, loin des habitants, entre le maire, le directeur financier des services de la Ville, l’adjoint aux finances s'il s’intéresse à ce genre de chose, et les banquiers toujours à l’affût. C'est vrai à Argenteuil comme ailleurs.

Cette opacité est un fléau social, que les notables assument et encouragent.

Mais que l’on ne vienne pas nous dire qu’il n’y a pas eu de problèmes et qu’ils n’étaient pas au courant.

Les quelques-uns qui ont contracté ces emprunts étaient totalement au courant des conséquences que ce type d’emprunts risquaient d’avoir… et qu’ils ont eus.

Les fonctionnaires dirigeant les services financiers ne sont plus là pour rendre des comptes. Quant au maire d’alors et son adjoint aux finances, ils sont revenus à la tête de la municipalité en 2014. Mais sur le sujet, ils n’ont jamais admis leur errance qui ont coûté et qui continue à coûter des dizaines et des dizaines de millions d’euros à la commune, ce qui se traduit par autant moins de services publics utiles à la population, et par autant moins d’embauches de chômeurs et de demandeurs d’emplois.

Ils n’ont jamais reconnu ce qu’ils avaient fait, et il est bon aujourd’hui de rappeler leur responsabilité d'alors qu'ils continuent à ne pas vouloir assumer.
 
Cela impose à la population la nécessité de son contrôle sur la marche de la société, à toutes les échelles de l'organisation sociale, et la perspective d'agir pour la liquidation de la dictature du système financier sur la société.

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