Une
gauche de gouvernement qui ne sait que servir le patronat
Dans leur acharnement à plaire au
patronat, ministres et dirigeants du Parti socialiste se marchent sur les
pieds. Après Hollande, Valls et bien d’autres, le ministre de l’Économie
Emmanuel Macron est allé déclarer son amour aux patrons, profitant de l’université
d’été du Medef. Il y a ajouté sa pincée de critiques à la gauche dont il est
pourtant un ministre. D’après lui, celle-ci aurait eu le tort de croire en une
politique dirigée « contre les entreprises » et de penser que « la
France pourrait aller mieux en travaillant moins ».
Au moins
c’est clair. Si Sarkozy n’est plus au gouvernement avec son « travailler
plus pour gagner plus », on y trouve sa copie conforme et même son
style. Et si Valls, en tant que chef du gouvernement, et Cambadélis, en tant
que secrétaire du Parti socialiste, ont cherché à corriger les propos du
ministre, c’est d’abord parce qu’ils sont vexés que Macron leur ait volé la
vedette.
Au fond,
ce petit jeu consistant à chercher l’approbation des patrons n’est pas si
difficile quand on est au gouvernement et que l’on peut leur accorder des
subventions sur le budget de l’État. N’importe quel petit Macron de la dernière
averse, encore frétillant de sa carrière dans la banque, peut alors venir les
voir. S’il ajoute qu’à son avis, la bataille pour la réduction du temps de
travail a été une erreur historique, les patrons veulent bien l’applaudir.
Le
prétexte de cette politique est de faire repartir l’économie. Mais entre se
tailler un succès à une réunion de patrons et convaincre ces mêmes patrons
d’investir et d’embaucher, il y a une marge. Leur problème n’est pas de sortir
le pays de la crise, mais de sauvegarder et augmenter leurs profits. Ils
encaissent donc les aides mais n’en font rien, si ce n’est les placer dans des
banques, spéculer ou racheter une entreprise à un autre patron. Non seulement
cela ne crée pas un seul emploi, mais même cela en supprime par milliers.
Bien sûr,
tout cela fait grogner quelques députés dits « frondeurs » inquiets
pour leur réélection mais qui, après quelques protestations, s’alignent
invariablement sur la politique gouvernementale. Les dirigeants écologistes, de
leur côté, ne cessent de se demander de quel côté ils ont le plus à perdre,
entre l’appui ou la participation au gouvernement et un simulacre d’opposition.
De toute façon, cela n’a aucune influence sur un gouvernement décidé à
poursuivre la même politique avec ses prétendues « réformes »
consistant à s’attaquer aux droits des travailleurs.
Là
encore, il répond aux demandes des patrons qui pensent que, avec un
gouvernement aussi bien disposé à leur égard, il ne faut pas laisser passer
l’occasion de reprendre des concessions faites dans le passé. Et de s’en
prendre aux salaires, aux horaires de travail, à la représentation des
travailleurs dans les entreprises, à leurs protections contre les
licenciements, à tout le Code du travail. Pourquoi s’arrêter sur ce chemin,
tant qu’il semble grand ouvert ?
Aucune
véritable reprise économique ne sortira de là, car consacrer les finances de
l’État à nourrir les profits patronaux ne fait qu’enrichir une minorité en
appauvrissant toute la société. Menée dans tous les pays, elle fait même peser
la menace d’une crise financière pire que celle de 2008, comme le montrent les
soubresauts des Bourses.
La
tragédie des réfugiés, qui ne cesse de prendre de l’ampleur, n’est pas sans
rapport avec tout cela. Leur afflux en Europe, quand ils n’ont pas laissé leur
vie dans la traversée de la Méditerranée ou asphyxiés dans un camion, est
témoin du désordre politique et économique planétaire. Dans bien des pays, à la
misère générale s’ajoutent les guerres, les déplacements de populations, les
massacres. Et face à ce drame dont ils sont en grande partie responsables, les
gouvernements européens affichent la même impuissance criminelle, agrémentée de
discours hypocrites.
Alors que
la situation s’aggrave pour les travailleurs et même pour les peuples en
général, la politique de ce gouvernement dit de gauche se réduit à lécher les
bottes d’un patronat cynique et triomphant. C’est lamentable et dérisoire. Il
fut un temps où les partis de gauche, ou pour mieux dire les partis du
mouvement ouvrier, avaient l’ambition de changer le monde. C’est bien loin des
idées d’un Hollande ou d’un Macron, tout occupés à tenter de sauver un ordre
existant qui part en lambeaux.
Mais la
nécessité de changer le monde, c’est-à-dire d’abattre ce système capitaliste,
elle, est plus impérieuse que jamais.
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