En France
comme en Grèce, les fausses promesses ne remplaceront pas les vraies luttes
Élu il y a sept mois sur un
programme anti-austérité, le premier ministre grec Alexis Tsipras a démissionné
pour provoquer de nouvelles élections. Désavoué par une fraction de son parti,
Syriza, il veut trouver une nouvelle majorité pour appliquer le programme
d’austérité dicté par les dirigeants européens.
Pourtant
début juillet, et à la demande même de Tsipras, la population grecque avait
rejeté par référendum ce programme d’austérité qui comporte le report de l’âge
de la retraite à 67 ans, l’augmentation de la TVA, des privatisations et la
mise sous tutelle financière du pays. Mais les dirigeants européens, Hollande
et Merkel en tête, n’en ont tenu aucun compte. Ils ont imposé la loi des
banques, qui veut que, quoi qu’il arrive, les intérêts de la dette grecque leur
soient payés.
Tsipras
s’est donc incliné et c’est maintenant lui qui va présenter l’addition à la
population pauvre de son pays. Faut-il s’en étonner ? En France en 2012,
on a bien vu le candidat du PS François Hollande se présenter en déclarant
« mon ennemi c’est la finance ». Et si Tsipras a au moins essayé de
résister, Hollande, lui, a fait immédiatement les volontés du capital.
Et c’est
ce même Hollande qui aujourd’hui aide le patronat en lui versant des dizaines
de milliards d’argent public, au détriment des écoles, des hôpitaux et de tous
les services essentiels utiles à la population. C’est même lui qui, face aux
exigences des éleveurs de porcs de pouvoir au moins vivre de leur travail,
refuse d’imposer quoi que ce soit aux capitalistes de la distribution. Et c’est
encore lui qui, en tant que dirigeant européen, impose à ses homologues
d’Athènes une politique d’austérité encore pire que la sienne.
De la
France à la Grèce, il y a là plus qu’une ressemblance. Si des dirigeants
politiques qui se présentent en adversaires de l’austérité s’inclinent dès
qu’ils sont au gouvernement, c’est que le véritable pouvoir est ailleurs. Il
est entre les mains des capitalistes et des banquiers. Ce sont eux qui tiennent
dans leurs mains les rênes de l’économie et qui la dirigent en fonction d’un
seul impératif, qui est d’assurer leurs profits.
La seule
loi que connaissent ces gens-là, c’est celle qui veut que le capital rapporte,
qu’il soit investi dans des banques, dans la production d’armes ou dans la
dette des États, qu’il soit utile à quelque chose ou non. Peu leur importe s’il
faut pour cela saigner à blanc une population et appauvrir dramatiquement un
pays comme c’est le cas de la Grèce.
Même si
c’est absurde, même si l’austérité imposée aujourd’hui non seulement à la Grèce
mais à tous les pays européens ne fait que les enfoncer un peu plus dans la
crise et conduit le monde entier à l’abîme, l’important pour ces gens-là est
qu’ils encaissent leurs dividendes. Et ils savent faire comprendre à des
Hollande et même à des Tsipras que, quelles que soient leurs promesses
électorales, ils devront s’asseoir dessus pour appliquer la seule loi de
l’économie capitaliste qui est la loi du profit.
Cela
n’empêchera certainement pas que d’autres se présentent en faisant des
promesses qu’ils ne pourront pas ou ne voudront pas tenir. En France, on voit
même un Montebourg, ex-ministre de Hollande, s’afficher avec Varoufakis,
l’ex-ministre des Finances de Tsipras, pour prétendre représenter une
alternative, alors qu’au gouvernement Montebourg n’avait fait que s’aligner sur
la politique de Hollande en y ajoutant sa pincée d’esbroufe.
Les
travailleurs ne peuvent continuer à se laisser ainsi ballotter de promesses en
promesses, alors que leur situation s’aggrave et que les attaques du patronat
se multiplient. Ils ne peuvent faire confiance à des politiciens qui promettent
que tout ira mieux à condition de les porter au pouvoir et ensuite de les
laisser faire. Ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes.
La force
des travailleurs est dans leur nombre, mais aussi et surtout dans le fait
qu’ils produisent toutes les richesses de cette société. Ils doivent se servir
de cette force pour imposer quoi qu’il arrive leur droit à une vie décente.
Mais ils doivent aussi se donner les moyens d’imposer que la société soit
organisée en fonction non pas du profit, mais des besoins de tous.
Une telle
société ne sera possible qu’à condition de mettre fin à la dictature que les
capitalistes et les banquiers parasites font peser sur la majorité de la
population. Et cela ne pourra résulter que de l’action de la classe ouvrière,
de sa capacité à s’organiser et à se servir de sa force en ne faisant confiance
qu’à elle-même pour changer cette société.