jeudi 26 septembre 2013

Roms : un article de l'hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine (en vente au Presse-Papier, 1 euro)

La propagande xénophobe contre les Roms : c'est aussi une campagne antipauvres 
Les élections municipales approchant, on ne compte plus le nombre de politiciens à droite, à l'extrême droite, mais aussi à gauche avec Valls en chef d'orchestre, qui y vont de leurs propos contre les Roms.
Entre le Front national et la droite dite républicaine, il est bien difficile de dire qui va le plus loin. Le maire UMP d'une petite ville du Nord a quasiment lancé un appel au lynchage en déclarant : « Les Roms n'ont rien à faire à Croix. » Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à la mairie de Paris, a, elle, tenu à dire : « J'ai l'impression que les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens. »
D'autres politiciens, « de gauche », ne sont pas en reste. Anne Hidalgo, candidate du PS à la mairie de Paris, a déclaré : « Paris ne peut pas être un campement géant, je soutiens [...] la politique de Manuel Valls. » En effet, en matière de démagogie anti-Roms, le ministre de l'Intérieur est une référence.
« À Lille, nous menons des opérations déterminées avec Martine Aubry contre les camps illégaux », vient de déclarer Valls. « En venant se greffer près des quartiers populaires, ils viennent rajouter de la misère à la misère. L'insalubrité, la violence et l'insécurité s'installent. » Nul ne peut nier que l'installation d'un bidonville de plusieurs centaines de personnes dans des villes populaires crée des problèmes de salubrité et de relations de voisinage. Mais où sont les aires aménagées pour les gens du voyage que les communes de plus de 5 000 habitants sont obligées de construire ? Où sont les moyens que l'État devrait mettre pour loger convenablement ces familles et se charger d'éduquer les enfants ? Cela ne représenterait pas grand-chose quand on sait que la population Rom en France est estimée à moins de 20 000 personnes. Critiquant Valls, la vice-présidente de la Commission européenne a rappelé qu'il y avait 50 milliards d'euros inutilisés à la disposions des États pour l'insertion des Roms. Les États, dont la France, se préoccupent encore moins des Roms qu'ils ne se préoccupent des milieux populaires en général.
« Les Roms ne souhaitent pas s'intégrer pour des raisons culturelles », a encore dit Manuel Valls. Mais pour « s'intégrer », il faudrait déjà qu'il y ait des logements sociaux et du travail. Et, bien que les Roms, d'origine roumaine ou bulgare pour la plupart, soient des citoyens européens, ils n'ont pas les mêmes droits que les autres, l'accès à l'emploi par exemple leur étant limité à quelques métiers.
Reste le prétendu argument de la sécurité. Mais, s'il est coutumier depuis le Moyen Âge d'accuser les Roms chaque fois qu'une poule disparaît, ce n'est pas plus vrai aujourd'hui qu'hier. Quant aux enfants réduits à mendier ou à faire les poches des gens, l'État y a sa part de responsabilité. En obligeant les Roms à quitter un campement pour s'installer ailleurs, Valls détruit les efforts des associations, des services sociaux et des enseignants pour scolariser les enfants, leur assurer un suivi sanitaire et leur offrir un autre avenir que de tendre la main.
Les politiciens usent de la carte du bouc émissaire et en espèrent des retombées électorales. Mais à ce petit jeu, ce sont les plus réactionnaires, y compris vis-à-vis des classes populaires, qui profitent et qui gagnent.

                                                                                      Marianne LAMIRAL

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