vendredi 29 juin 2012

Tahiti : une lettre de lecteur dans l'hebdomadaire Lutte Ouvrière du 29.06.12 (en vente à la Librairie des Ecoles, boulevard Léon Feix à Argenteuil, et à notre permanence du vendredi soir : 17 heures 15-18 heures 15 au carrefour "Babou"


Nos lecteurs écrivent : Tahiti, la misère au soleil

Étant à Papeete pour des raisons professionnelles, je tenais à vous transmettre mon témoignage, très éloigné des images paradisiaques qui sont généralement transmises en métropole de Tahiti et de ses îles.
La réalité de la carte postale est tout autre : 55 000 Polynésiens, sur une population totale d'environ 130 000 habitants, vivent sous le seuil de pauvreté. Des milliers de Polynésiens habitent dans des bidonvilles, maisons de tôle, sans eau (l'eau n'est potable que dans deux des sept communes que compte Papeete) et sans électricité, qui est de toute façon hors de prix. Quant aux denrées nécessaires à la vie quotidienne, elles sont de 1,5 à 2 fois plus chères qu'en métropole. Beaucoup de familles survivent en vendant des fruits ou du poisson sur les bords des routes. Si vous avez la chance d'avoir un travail, attention ! Car si vous le perdez, il n'existe pas de caisse de chômage, sauf pour les membres du gouvernement local.
Les conditions de travail sont particulièrement dures. En mai dernier, la mort d'un docker de 44 ans ayant fait une chute de six mètres, lors du déchargement d'un conteneur, a été l'occasion pour les syndicats de pointer du doigt le rythme de travail imposé par les compagnies maritimes. Celles-ci exercent un véritable chantage à la rapidité des déchargements.
L'illettrisme, la déscolarisation dès 12 ans, sont très importants.
La grande majorité des Polynésiens ne profitent jamais des hôtels de luxe construits au bord de magnifiques lagons, réservés aux touristes et aux possédants. Et ce n'est certainement pas avec les nouveaux députés qui siègent à 18 000 kilomètres d'ici que les choses changeront. Je suis moi aussi convaincu que seule la mobilisation des travailleurs polynésiens sera en mesure de garantir des conditions d'existence dignes pour toute la population.
R. M. Tahiti

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